Lomé (© 2023 Afriquinfos)- La première édition du «Forum Infra for Africa bankable, scalable & replicable» organisée par l’Africa50 (plateforme d’investissement lancée par des Etats africains et la BAD -Banque africaine de développement-) s’est tenue à Lomé (Togo) ces 3 et 4 juillet. Ex Directeur général du Crédit Suisse et de Prudential PLC, le Franco-Ivoirien Tidjane Thiam y a livré des propositions originales du financement durable des infrastructures en Afrique. Des propositions qui cassent les codes des habituelles orthodoxies dans lesquelles est enfermée la gestion des budgets étatiques en Afrique.
C’est l’une des interventions qui ont marqué la tenue à Lomé de la 1ère édition du «Forum Infra d’Africa50 ». Devant un large parterre de financiers, d’investisseurs et de décideurs politiques de différentes régions du continent, Tidjane Thiam a relevé que le financement des infrastructures «demeure une étape-clef dans la modernisation des États africains, car ce financement renferme un important potentiel de création d’emplois».
«Le financement de l’économie moderne provient essentiellement des marchés de capitaux ou compagnies d’assurances-vie, de fonds de pension, etc., en gros de la private equity. Les fonds de retraite et de pension sont incontournables aujourd’hui et à l’avenir», a encore insisté l’ex-ministre du Plan et du Développement en Côte d’Ivoire. «L’Afrique a une opportunité historique sur ces types de financement, d’autant plus qu’elle jouit d’une population essentiellement jeune. C’est une fenêtre d’opportunités que l’Afrique doit saisir. Je salue les efforts déployés par l’Africa50 pour le financement endogène des infrastructures en Afrique», a encouragé en outre le premier Noir dirigeant d’une entreprise cotée à la Bourse de Londres.
De la private equity au financement innovant du solaire en Afrique
«L’innovation est incontournable en matière de financement des infrastructures. Nous avons besoin d’adapter nos besoins à nos réalités directes. Nous avons surtout besoin des investisseurs sur le long terme. Des capitaux provenant de la ‘private equity’ sont des démarches à encourager. Nous devons aussi développer notre habileté à mobiliser de l’épargne locale», a expliqué et défendu T. Thiam (responsable de Freedom Acquisition 1 Corp) durant un panel qui a particulièrement retenu l’attention du Président togolais, Faure Gnassingbé.
«Les IDE (Investissements directs étrangers) sont mieux attirés quand l’épargne locale est mobilisée à côté pour lancer des Champions locaux. Nous devons être les premiers à croire en nos économies en Afrique. Nous devons surmonter le scepticisme, compter densément sur nos ressources humaines», a par ailleurs étayé T. Thiam, sur la base de son parcours professionnel dans la haute finance internationale.
«Le leadership est également important pour susciter la résilience dans tout processus de développement. Ce trait de caractère est autant valable pour les jeunes entrepreneurs que pour les États. Les énergies renouvelables comme le solaire sont dorénavant incontournables. La production d’énergie doit être davantage décentralisée. C’est la moins chère des énergies renouvelables à exploiter de nos jours sur le continent africain. Son exploitation sera une révolution en Afrique. Nous pouvons mieux faire en la matière, c’est une conviction profonde que je porte. A l’image de Marcus Garvey ou de Bob Marley, ‘We need to free our minds’», a enfin martelé celui qui est membre du Conseil d’administration de Kering (conglomérat français dans le luxe), et fin connaisseur du monde financier rwandais.
Africa50 est né en 2017 pour muscler le financement des infrastructures en Afrique. Ses financements de l’ordre de 6,6 milliards de dollars à ce jour couvrent plusieurs pays et domaines d’activités. « Notre vision est d’avoir de l’impact sur le développement de l’Afrique« , rappelle à ce titre Alain Ebobissé (Directeur général d’Africa50).
Source – Afriquinfos