Eco Numérique -6 faits qui ont marqué l’actualité du numérique en 2022

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L’année 2022 a été riche en événements, et cela vaut aussi pour le secteur du numérique. Retour sur les événements majeurs de ces derniers mois.

À quelques encablures de 2023, L’Éclaireur fait le bilan des sujets et défis auxquels a été confronté le numérique cette année. Ce secteur bouillonnant et prolifique continue de vivre au rythme de ses espoirs, mais aussi de ses désillusions. En proie ces derniers mois à de nombreuses déconvenues (crypto, cybersécurité…), plusieurs marchés sont dans le collimateur des gouvernements qui appellent de leurs souhaits à plus de régulation et de mise en conformité.

L’Union européenne s’attaque aux géants du numérique

La régulation européenne du numérique est un sujet qui est souvent revenue sur le tapis en 2022. En novembre, sont entrés en vigueur le Digital Services Act (DSA) et le Digital Markets Act (DMA), deux lois visant notamment à mettre fin à l’irresponsabilité des géants du numérique. Le premier impose de nouvelles règles aux plateformes pour protéger les utilisateurs contre les contenus illicites et d’autres obligations plus strictes aux très grandes plateformes, soit celles comptant plus de 45 millions d’utilisateurs.

Si le DSA ne sera applicable qu’à partir de février 2024, les très grandes plateformes seront tenues de se mettre en conformité dès l’année prochaine. Twitter, comme Facebook et d’autres réseaux sociaux, fera partie de cette catégorie. L’entreprise qui fait beaucoup parler d’elle depuis son rachat par Elon Musk cette année devrait permettre à l’UE de tester l’application de cette loi pour la première fois. Ardent défenseur de la « liberté d’expression », l’entrepreneur a en effet apporté plusieurs changements au réseau social en termes de modération. Il a par exemple rétabli les comptes de personnalités bannies, comme Donald Trump, et accordé une « amnistie générale » aux comptes suspendus.

Lors d’un échange en visioconférence la semaine dernière, le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, a prévenu le milliardaire qu’il devrait « significativement augmenter les efforts » pour se conformer à ces règles. Il prévoit de se rendre au siège social de la société à San Francisco début 2023 pour effectuer un « test de résistance » concernant sa capacité à modérer les contenus et à lutter contre la désinformation.

Le DMA, lui, a pour objectif de lutter contre les pratiques anticoncurrentielles des géants de la tech en leur imposant des obligations et des interdictions qu’ils devront respecter sous peine d’amende. Il sera applicable dès mai 2023.

Les cryptomonnaies : enthousiasme, désillusion, régulation

Ayant suscité un certain engouement dès 2021, les cryptomonnaies ont aussi été une source d’inquiétudes en raison de leur volatilité ou de transactions illégales (vols, arnaques…). Ces actifs numériques seront bientôt, eux aussi, soumis à des réglementations. Le règlement MiCA adopté cet été pour mettre fin au « Far West » des cryptomonnaies devrait être publié au Journal officiel de l’UE l’année prochaine et mis en application dès 2024. Visant entre autres à protéger les investisseurs et à préserver la stabilité financière, il obligera les entreprises crypto à obtenir une autorisation pour exercer leurs activités au sein du bloc. Les États-Unis cherchent aussi à réguler ce secteur.

Des réglementations bienvenues, d’autant plus depuis le scandale FTX. Deuxième plateforme à l’échelle mondiale derrière le géant Binance, elle a récemment fait faillite après des révélations sur la mauvaise gestion des fonds des clients. Pour rassurer utilisateurs et investisseurs, plusieurs plateformes, telles que Binance ou Crypto.com, se sont engagées à fournir des preuves de réserves. Comme le nom l’indique, il s’agit de prouver qu’une entreprise possède bien les actifs de chaque client. Une manière pour ces sociétés de faire preuve de transparence.

Le métavers, une révolution qui n’arrive pas

Fin 2021, le groupe Facebook s’est rebaptisé Meta pour refléter son projet de métavers. Plusieurs entreprises et marques se sont depuis lancées dans l’aventure, alors que ce concept à la définition encore floue aujourd’hui ne sera pas prêt avant plusieurs années – voire peut-être jamais ? Cet engouement n’a pas duré au vu des chiffres de fréquentation des mondes virtuels comme Decentraland, The Sandbox ou Horizon Worlds. Meta pensait atteindre les 500 000 utilisateurs mensuels d’ici la fin de l’année pour sa plateforme sociale en réalité virtuelle, mais celle-ci en compte à peine 200 000.

D’un autre côté, le métavers continue d’être une source de préoccupations en raison des crimes (harcèlement sexuel…) qui y sont commis et cela ne devrait pas s’arrêter en 2023. Le besoin de régulation se fait de plus en plus ressentir pour ces actes criminalisés dans le monde réel, mais pas dans le métavers. Cela a d’ailleurs poussé les agences de police comme Interpol à agir. Une future réglementation qui commence à faire peur à certains.

Retour à la raison sur le marché des NFT

Les jetons non fongibles, plus communément appelés les NFT, sont devenus particulièrement populaires en 2021, avec les collections de diverses marques, les ventes dans le milieu de l’art ou la mise aux enchères d’objets historiques, comme le premier SMS au monde – qui vient d’ailleurs de fêter ses 30 ans. Cet emballement paraît désormais loin, le marché, ou tout du moins une partie de ce marché étant en plein effondrement. Exemple de cette chute parmi d’autres : le NFT du premier tweet de Jack Dorsey s’est vendu à 2,9 millions de dollars l’année dernière et son propriétaire cherche à le revendre depuis avril, mais la meilleure offre dépasse à peine les 80 000 dollars à l’heure où nous écrivons ces lignes.

L’écosystème des NFT est cependant loin d’être mort. Disons qu’il a certainement déjà atteint l’âge de raison. Des ventes aux enchères sont toujours organisées, bien que les prix ne soient plus aussi délirants. Début novembre, l’AFP a par exemple vendu ses trois premiers NFT pour près de 150 000 euros. L’image de l’homme politique américain Bernie Sanders avec ses moufles – plusieurs fois détournée sur les réseaux sociaux – a eu un succès particulier, ayant été vendue pour 7 500 euros. Les partenariats pour lancer des collections continuent aussi. Cet été, Binance s’est associé à Cristiano Ronaldo pour créer des collections de NFT, la première ayant été dévoilée le mois dernier et d’autres étant prévues pour le début de l’année prochaine. Cette baisse des prix est par ailleurs bénéfique, dans le sens où les NFT deviennent ainsi plus accessibles, dans un contexte où certains veulent mieux les faire connaître au grand public, à l’image de la NFT Factory, qui a récemment ouvert ses portes à Paris.

L’IA générative impressionne autant qu’elle inquiète

L’intelligence artificielle (IA) est déjà présente dans de nombreux domaine, en particulier celui de la création. Elle est par exemple capable, grâce à l’AI Writing, de rédiger des textes dont la qualité se rapproche fortement de celle des textes écrits par des humains. Même si elle est encore imparfaite, la nouvelle version du chat GPT-3 d’Open AI est quant à elle capable de converser avec un humain, de répondre à toutes sortes de questions, de résoudre des problèmes complexes et ce, à un niveau de rapidité jamais atteint. Ces systèmes peuvent aussi générer des images ou des vidéos, comme on a pu le voir ces derniers temps avec DALL-E, Midjourney, Meta ou encore Google. À partir d’une simple description textuelle, elles sont capables de créer une image ou une vidéo, pouvant ainsi être utiles aux créateurs et aux artistes.

Ces IA posent cependant problème, notamment à cause d’utilisations abusives. Certaines, accessibles à tous, peuvent en effet être exploitées pour générer des contenus violents ou sexuels. Le système Stable Diffusion a ainsi été utilisé pour créer des deepfakes pornographiques et non consentis de célébrités. C’est l’une des raisons pour lesquelles les IA génératrices de vidéos de Google ne sont pas accessibles au public pour le moment. La société veut d’abord « minimiser ces préoccupations ». Peut-être le seront-elles l’année prochaine.

Ces IA ont aussi provoqué la colère des artistes qui ne veulent pas que leurs créations soient utilisées pour entraîner ces systèmes. S’il n’existe pas encore de législation claire sur la propriété intellectuelle, des entreprises commencent à s’attaquer au problème de violation des droits d’auteur. À la suite d’une récente mise à jour de l’IA Stable Diffusion, certains utilisateurs se sont plaints sur Reddit, car les changements apportés rendent plus difficile la génération d’images copiant le style d’autres artistes, comme le rapporte The Verge. 2023 sera peut-être l’occasion de voir naître une loi à ce sujet, d’autant plus que ces contenus sont aussi accessibles sur des banques d’images comme Adobe ou Shutterstock, tandis que d’autres, telles que Getty Images, ont préféré les interdire à cause des préoccupations concernant leur légalité.

La cybersécurité : les attaques d’ampleur se multiplient

Comme l’année dernière, plusieurs hôpitaux, entreprises ou collectivités ont été la cible de hackers, avec des attaques par rançongiciel. Ces logiciels malveillants bloquant l’accès aux systèmes informatiques de la victime jusqu’au paiement d’une rançon sont très utilisés par les cybercriminels. En France, par exemple, l’hôpital de Versailles a été visé par ce type d’attaque début décembre, ce qui a perturbé son activité. Cet été, le centre hospitalier Sud Francilien a été touché par une cyberattaque revendiquée par Lockbit, un groupe de pirates ayant pris pour cible plusieurs entreprises cette année, comme Samsung ou Microsoft.

La France pourrait d’ailleurs devenir une cible de choix pour les hackers, le gouvernement prévoyant d’autoriser l’indemnisation des rançons à condition qu’une plainte soit déposée dans les 48 heures suivant le paiement.

Les cyberattaques ont aussi été nombreuses avec la guerre en Ukraine. Le pays en a subi plusieurs qui ont touché des sites de ministères, de banques ou encore de l’opérateur public des centrales nucléaires. La Russie n’a pas été épargnée non plus. En mai, Rutube – le « YouTube russe » – a été paralysé à la suite d’un piratage d’ampleur le jour de la commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale dans le pays. Plus récemment, le collectif hacktiviste Anonymous, qui a déclaré la cyberguerre à la Russie, a revendiqué la cyberattaque ayant provoqué un embouteillage avec des taxis à Moscou.

Source: leclaireur. fnac

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