Multiple champion du monde des poids lourds au sein de l’UFC, l’organisation reine du MMA, et superstar de la discipline, Francis Ngannou a claqué la porte de l’institution avec fracas en janvier dernier. Il s’est engagé il y a quelques jours au PFL, une organisation américaine concurrente de l’UFC, au sein de laquelle le Camerounais de 36 ans entend valoriser le continent africain, qu’il estimait jusqu’ici délaissé.
RFI : Francis Ngannou, vous avez claqué la porte de la toute-puissante UFC en janvier dernier, et venez de signer pour la PFL, la petite ligue du MMA qui monte. Que représente ce nouveau contrat pour vous ?
Francis Ngannou : Cela représente tout ce pourquoi je me suis battu ces dernières années. Et cela efface un peu toute cette mauvaise expérience. Après l’UFC, il était question de retrouver quelque chose de mieux. C’est chose faite chez PFL. Le plus gros facteur qui m’a convaincu dans mon nouveau contrat, c’est PFL Afrique. Ça fait des années que je me bats, que je demande à l’UFC d’organiser un combat en Afrique. Mais j’ai compris que ça ne se ferait jamais. On va juste dire que l’UFC n’était pas assez engagée, et n’avait pas très envie. Mais moi, c’était quelque chose qui me tenait à cœur ! On a lancé PFL Afrique, qui sera une plateforme entièrement basée en Afrique. Le but, c’est déjà d’aider les combattants à se développer, à avoir accès à des entraînements de qualité. On fournira quand on le peut des coachs, des salles, du matériel, des équipements… Et dans un deuxième temps, on va essayer de mettre en place des combats.
Est-ce que le manque d’ambitions de l’UFC en Afrique est la raison de votre départ ?
Cela faisait partie de la raison globale de mon départ, qui était ce manque de considération. Je me suis senti… pas indésiré, mais déconsidéré à l’UFC. Il n’y avait plus cette connexion. Par contre, PFL m’a donné de la considération. Pour moi, c’était très important.
Justement, vous allez être le patron de cette branche Afrique de la PFL. Est-ce qu’on peut espérer bientôt un combat au Cameroun ou ailleurs sur le continent ?
Oui effectivement ! Mais le premier volet de mon travail, c’est de permettre aux combattants de se développer. Entretemps, on va aussi mettre en place notre structure en Afrique parce que là, il faut tout faire ! On envisage un combat d’ici début 2025. Mais je suis en train de pousser pour que le premier événement PFL Afrique soit lancé fin 2024.
Concrètement, vous allez être amené à vous déplacer sur le continent ?
Pas du tout… Même si c’est l’un de mes grands projets. Mais avec ce nouveau départ pour moi, ce n’est plus un projet, ce n’est plus une envie, c’est un devoir.
Avec vos amis, les Nigérians Israel Adesanya et Kamaru Usman, vous êtes les trois grandes stars du continent africain dans votre discipline. L’Afrique se passionne pour le MMA, est-ce que vous ressentez cet engouement ?
Tout d’abord, pour en arriver là, ça a pris du temps. Cela prend des années pour que le résultat apparaisse au grand public. Ça fait cinq ans que j’ai une fondation, j’essaye de donner des structures d’entraînement aux enfants au Cameroun. Au mois de juin, on va inaugurer la deuxième salle de la fondation Francis Ngannou à Douala. C’est une grande salle, avec un premier niveau pour les entraînements et un deuxième pour des combats de gala. Kamaru Usman a aussi son organisation au Nigéria, qui s’appelle Africa KnockOut. C’est un travail de longue haleine, ce n’est pas facile, mais on arrive à quelque chose de concret. Et le plus fascinant, c’est l’engouement ! C’est motivant. On espère que ce n’est que le début, et que ça continuera même quand Israël, Kamaru et moi ne combattrons plus, car nous ne sommes pas éternels. Cependant, il ne faudrait pas l’engouement retombe, il faudrait même qu’il grandisse.
Vous n’arrivez pas seul au sein de la PFL. D’autres combattants arrivent, à l’image de Cédric Doumbé, Franco-Camerounais star du kick-boxing. Cette ligue est en train de changer de dimension ?
Bien sûr ! La vision du sport de PFL me passionne. Certains ont minimisé le continent africain, mais pas eux. C’est le premier point qui m’a fasciné. Ensuite, ils font un excellent travail en interne pour développer la ligue. Il y a eu beaucoup de signatures ces derniers temps. Cédric ? Il a du potentiel. Sa maîtrise du kick-boxing, c’est un atout très intéressant. Il suit l’exemple d’Israel Adesanya, qui vient de la même discipline et qui a su se frayer un chemin à l’UFC pour s’asseoir sur le trône. Je pense que si Cédric travaille sur certains aspects, il aura également ces capacités-là.
Votre nouveau contrat avec la PFL vous autorise à faire de la boxe. Est-ce que vous avez entamé des négociations pour un futur combat dans cette discipline ?
Il n’y a rien de concret pour l’instant. Juste des négociations.
Des négociations avec un certain Tyson Fury (ndlr : champion du monde britannique, invaincu chez les professionnels) ? C’est un éventuel combat qui fait beaucoup parler, ça serait l’idéal pour vous de l’affronter ?
Ah oui, ça serait l’idéal ! Mais ce n’est pas fait. On y travaille, mais comme on dit ici, c’est le « Wild West » (l’ouest sauvage). Ce qui est sûr, c’est que j’aimerais faire un combat de boxe cette année. Que ça soit avec une grande star ou juste un simple combat. Et j’aimerais entrer à nouveau dans la cage en début d’année prochaine. Dans l’octogone début 2024 !
Source – RFI
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