Ghana : la Banque centrale opte pour la réduction de liquidité dans le secteur bancaire

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A l’issue de son Comité de politique monétaire qui s’est tenu le lundi 21 mars, la Banque centrale du Ghana (BoG) a décidé d’augmenter de 2,5 points de pourcentage le principal taux auquel les banques commerciales viennent se refinancer auprès d’elle, la fixant désormais à 17%. Elle a aussi décidé d’accroître le niveau des fonds propres que les banques doivent déposer dans ses coffres à 12% du total des encours de crédit pondéré par le risque.

Elle a par ailleurs supprimé toutes les mesures d’assouplissement prises dans le but d’injecter de la liquidité au sein de l’économie, et de soutenir la résilience face à la covid-19. Les dirigeants de cette institution ont évoqué plusieurs raisons pour justifier cette décision qui reste inédite au sein de toutes les banques centrales africaines. Ils expliquent que le principal motif est l’évolution rapide qui marque la hausse du niveau général des prix.

A fin février 2022, elle était de 15,7% contre 13% au mois de janvier. La BoG évoque aussi la dépréciation du cedi (monnaie nationale) qui a perdu près de 20% face au dollar américain. Avec ses différentes interventions, elle espère ainsi réduire la quantité d’argent en circulation au sein de l’économie, et espère ainsi que la progression reviendra à son rythme cible de seulement 8%.

Il n’est pourtant pas certain que cette décision produise en elle-même les effets recherchés. Même si le secteur bancaire dans son ensemble dispose de réserves excédentaires largement au-dessus des fonds propres imposés par la réglementation, ce n’est pas cela qui crée de l’inflation. La hausse des prix au Ghana est la conséquence d’une part des ruptures d’approvisionnement de certains produits au niveau mondial, depuis le début de la covid-19, et d’autre part, en raison de la dépréciation du cedi qui est plus la victime d’une hausse du dollar avec la crise en Ukraine.

Eponger de la liquidité au sein de l’économie risquerait de réduire les opportunités d’accès au crédit pour des petits et moyens investisseurs, dans un pays où la rémunération des prêts bancaires effectués sur un an à l’emprunteur le plus sûr qu’est le gouvernement est de 16,97%. Ce risque vient s’ajouter à la décision prise par le gouvernement de supprimer jusqu’à 20% de dépenses publiques, avec pour implication la réduction des activités pour les entreprises qui en seront les victimes.

Parmi les autres pays africains, seule l’Egypte a pris des mesures exceptionnelles, du fait de la conjoncture actuelle. Le Nigeria qui fait face à une inflation à plus de 15%, des rendements faibles sur les bons et obligations du trésor et une dévaluation du naira n’a toujours pas pris la décision très attendue des investisseurs de relever le niveau des taux directeurs.

 

SOURCE : AGENCE ECOFIN

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