Entreprendre : 4 clés pour passer de l’idée au business rentable

S’appuyer sur les bienfaits du chanvre pour proposer des produits bien-être, tel est le mantra de Laure Bouguen, la fondatrice d’ Ho Karan . Sur le papier, l’idée a de quoi séduire puisqu’elle s’appuie sur des tendances fortes : le naturel, le local et le bien-être. Mais si, treize ans plus tard, la marque se développe, avec une nouvelle boutique parisienne, c’est parce que sa créatrice a su évoluer. C’est l’un des secrets des entrepreneurs qui réussissent .

#1. La rapidité d’exécution

« Une idée, c’est seulement 3 % de la réussite, lance Nathalie Carré, experte entrepreneuriat CCI France. Ce qui compte, c’est l’opérationnel. Pas question d’oublier l’ étude de marché , mais la phase d’exécution est capitale ! » Le principe ? Ancrer l’idée très tôt dans le concret.

« On planifie idéalement le projet, puis on met en face ses moyens, détaille Nathalie Carré. Cela permet de voir ce que l’on peut faire, ce qui est hors budget et d’identifier les éléments stratégiques. On gagne des points de rentabilité. » Le porteur de projet négocie ici entre le concept parfait, les attentes des clients et la réalité. Un pragmatisme qui permet de lancer rapidement un premier produit, le MVP (minimum viable product) . Laure Bouguen cherchait 100.000 euros pour démarrer sa production. « Les business angels voulaient un premier chiffre d’affaires pour me soutenir… », explique l’entrepreneuse qui a contracté un prêt étudiant et des prêts bancaires.

Cette stratégie permet de coconstruire le produit ou service en s’appuyant sur les retours des premiers clients et fournisseurs. Grâce à ce lancement rapide, Laure a réorienté sa gamme de produits. « Les deux points clés dans la rentabilité sont la créativité, pour faire mieux avec moins , et le marketing au service de l’écoute client », résume Nathalie Carré.

#2. L’agilité

Réorienter rapidement son business plan et «  pivoter  » permet de traverser les crises. Et cette année, les aléas seront multiples entre inflation, hausse du coût des matières premières et de l’énergie. La créatrice d’Ho Karan a également dû faire preuve d’adaptabilité pour vendre en 2017 des produits à base de chanvre, quand les moteurs de recherche bloquaient toute communication, assimilant chanvre et drogue. « Dès le début, j’ai dû travailler avec agilité, m’adapter, explique Laure Bouguen. Il a fallu 7 ans pour nous installer vraiment. »

#3. L’entourage

Pour tenir aussi longtemps, l’entourage est capital ! Laure Bouguen regrette de n’avoir pu s’appuyer sur un associé. Après avoir recruté une brand manager, elle travaille une fois par semaine avec un consultant. « Quand on est entrepreneur, on a un milliard d’idées ! Il m’aide à rester centrée sur le plus important. »

Les entrepreneurs qui réussissent à transformer l’essai sont ceux qui savent s’appuyer sur des associés, des recrutements intelligents ou des réseaux d’accompagnement . « Les investisseurs ne parient pas sur une idée mais sur sa concrétisation et la réactivité des créateurs, donc sur les hommes », note Nathalie Carré.

#4. Les valeurs

L’agilité de l’entrepreneur ne doit pas lui faire perdre de vue sa proposition de valeur. «  Ne négociez pas avec vos valeurs , lance Nathalie Carré. Sinon vous ne tiendrez pas ! Ne vous arc-boutez pas sur les moyens, cherchez plutôt la finalité. Il s’agit de définir votre facteur différenciant. Le rôle de l’accompagnement est fondamental : il fournit le recul nécessaire au chef d’entreprise. »

C’est sans nul doute cette vision qui a permis à Laure Bouguen de se tailler une jolie place dans l’univers des cosmétiques : « Je n’ai jamais voulu créer une entreprise pour réussir, mais pour apporter du bien-être grâce au chanvre. Et ne pas se sacrifier entièrement pour un projet permet de garder un équilibre de vie et de tenir sur la durée. »

Source – business.lesechos