Tech- En Afrique, les outils numériques pour une agriculture intelligente gagnent du terrain

Partager Sur

Alors que le Salon de l’agriculture 2023 a ouvert ses portes à Paris le 25 février, la tech est au cœur de la transformation du secteur agricole. Fin février, le directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture a souligné la nécessité d’adopter des outils numériques pour stimuler une agriculture intelligente en Afrique. Et l’idée gagne du terrain.

Depuis six mois, Denis Okello, jeune agriculteur dans le nord de l’Ouganda, attend l’arrivée de la pluie. Cette longue période de sécheresse lui a fait perdre plus de 1 000 euros de récolte de blé et de maïs. Une perte qu’il espère voir atténuée grâce au numérique : « Actuellement, pour prévoir la tombée de la pluie, nous nous basons sur les saisons : la saison sèche et celle des pluies. Nous faisons nous-même nos prévisions. Mais lorsque la sécheresse arrive, nous sommes pris au dépourvu et toutes nos cultures sont décimées. Avec des outils numériques, nous serions en mesure de mieux anticiper le climat. »

Avec le manque de pluie, économiser l’eau est devenu fondamental. L’une des pistes est de favoriser l’irrigation. Un concept que Serge Zaongo, jeune ingénieur du Burkina Faso, a fait sien grâce à un système d’irrigation intelligente : « Nous avons des sondes au niveau du terreau. Et ces sondes nous renseignent constamment sur le niveau d’humidité. Donc, ça veut dire qu’on ne déclenche l’irrigation que lorsque la plante a besoin d’être arrosée. Ça évite le gaspillage d’eau. Ça permet de faire des prédictions sur la quantité qu’il lui faudra pour la saison prochaine. »

Une solution qui fait écho aux besoins de Denis Okello, le jeune agriculteur ougandais : « Ce système d’irrigation m’aiderait à mesurer la quantité d’eau nécessaire pour mes cultures, car lorsque je les fais pousser, je voudrais pouvoir calculer et donc connaître le délai de leur rendement. »

Une solution qui pourrait trouver tout son sens, car d’après l’Organisation mondiale de la santé, plus de la moitié de la population dans le nord de l’Ouganda est touchée par l’insécurité alimentaire.

« On peut utiliser le digital pour aller beaucoup plus vite »

De manière plus générale, le numérique pourrait être un allié précieux pour les agriculteurs du continent, selon Sylvère Boussamba, fondateur de l’ONG Ogooué Labs au Gabon. « Nous n’avons pas encore exploité la totalité de ce que la nature est capable de nous donner comme information, explique-t-il. Mais en utilisant le digital et tout le savoir ancestral qu’ont les Africains, on est capable avec la technologie d’avoir un avantage sur d’autres zones où on n’est pas vraiment informé sur l’état des sols ».

Il poursuit : « Je prends un exemple : on a découvert une sorte de champignon en Afrique centrale qui pousse dans les zones agricoles lorsque la terre est prête à être cultivée. Et on voit qu’aujourd’hui, avec l’intelligence artificielle, on peut exploiter les photos de ce champignon, faire passer des drones et identifier très rapidement les zones cultivables. On comprend bien que c’est un moyen de détection naturelle. Mais on peut utiliser le digital pour aller beaucoup plus vite sans nécessairement nourrir la terre d’énormément de produits chimiques qui ont une répercussion sur l’être humain. »

Source: rfi

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *