People- Ce que la décision de Jack Ma dit des coulisses du capitalisme “à la chinoise”

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Le plus célèbre milliardaire chinois a choisi de céder le contrôle de son entreprise Ant Group, sur fond de disgrâce auprès du régime communiste chinois.

C’est une décision hautement symbolique, qui éclaire les coulisses du capitalisme “à la chinoise”. Le fondateur et ancien patron du géant chinois du e-commerce Alibaba, Jack Ma, va céder le contrôle de l’entreprise fintech Ant Group dans le cadre d’une restructuration, a annoncé samedi la société, alors que le régime communiste a multiplié les coups contre de grandes firmes du secteur. M. Ma, l’un des hommes d’affaires les plus célèbres de Chine, a été le symbole du “self-made man” pour une génération de magnats chinois de la technologie, avec son parcours personnel atypique et son sens du spectacle. Mais l’ancien professeur d’anglais s’est retiré de la scène publique après que Pékin a fait barrage au projet d’introduction à la bourse de Hong Kong de Ant Group en 2020, suite à ses commentaires acerbes sur les régulateurs gouvernementaux.

L’entreprise a annoncé samedi dans un communiqué qu’elle ajustait sa structure de propriété afin qu'”aucun actionnaire, seul ou conjointement avec d’autres parties, n’ait le contrôle de Ant Group”. Le communiqué dévoilait la structure complexe antérieure de la société, qui montrait que M. Ma contrôlait “indirectement” 53,46% des actions. Il ne détiendra plus que 6,2% des droits de vote après l’ajustement, selon les informations contenues dans la déclaration. “Cet ajustement est mis en oeuvre pour renforcer encore la stabilité de notre structure d’entreprise et la durabilité de notre développement à long terme.” Dix personnes – dont le fondateur, la direction et le personnel – “exerceront leurs droits de vote de manière indépendante”, a précisé la société. L’ajustement ne modifiera pas les intérêts économiques des actionnaires.

Un discrète vie d’expatriée au Japon

Excursion ou transfuge? Fin novembre, le Financial Times avait révélé que Jack Ma, le fondateur du géant du commerce électronique Alibaba, vivait depuis six mois à Tokyo avec son épouse. Le quotidien britannique des affaires décrivait un homme menant un train de vie opulent mais très discret, entre clubs d’affaires et villégiatures en province. Selon les informations de Challenges, Jack Ma vit juste derrière le complexe de shopping Roppongi Hills, dans le quartier de Hiro-o, à cinq minutes à pied de l’ambassade de Chine. Un voisin le décrit entouré de cinq gardes du corps dès qu’il sort de chez lui. Il a notamment rendu visite au directeur général de Laox, une chaîne de distribution de matériel électronique rachetée par un fonds chinois.

Cette villégiature n’est en soi pas étonnante. Au-delà des sempiternelles querelles historico-diplomatiques (sur la colonisation japonaise, sur la souveraineté de certaines îles et leur espace) entre les deux voisins, le Japon conserve un formidable pouvoir d’attraction sur les classes supérieures chinoises, aussi visibles comme touristes (en 2019, dernière année avant le Covid-19, ils avaient représenté un tiers des arrivées et des dépenses) que discrets comme investisseurs, du ménage de Shanghai achetant un pied-à-terre à Tokyo au fonds participant dans un énorme projet immobilier sur un domaine skiable d’Hokkaido. Selon les chiffres du ministère des Finances, la Chine représente environ 15% du total du stock d’investissement étranger au Japon. Elle est le deuxième investisseur dans l’Archipel, derrière les États-Unis.

Source: challenges

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