Près de 25 millions de Nigérians dont 6 millions d’enfants de moins de 5 ans risquent d’être confrontés à la faim entre juin et août 2023 (période de soudure) si des mesures urgentes ne sont pas prises, ont alerté mardi les Nations Unies.
Selon le Cadre harmonisé d’octobre 2022, une analyse alimentaire et nutritionnelle menée deux fois par an par le gouvernement et soutenue par l’ONU, il s’agit d’une augmentation prévue par rapport aux 17 millions de personnes actuellement menacées par l’insécurité alimentaire. La poursuite des conflits, le changement climatique, l’inflation et la hausse des prix des denrées alimentaires sont les principaux facteurs de cette tendance alarmante.
« La sécurité alimentaire et la situation nutritionnelle au Nigeria sont très préoccupantes », a déclaré dans un communiqué, Matthias Schmale, Coordinateur résident et humanitaire de l’ONU pour le Nigéria.
Sur les 17 millions de personnes qui sont actuellement en situation d’insécurité alimentaire, 3 millions se trouvent dans les États du nord-est de BAY. Selon l’ONU, ce chiffre devrait passer à 4,4 millions pendant la période de soudure sans action immédiate.
Des enfants marchent dans la boue dans un camp de personnes déplacées à Maiduguri dans le nord-est du Nigéria.
Un foyer croissant d’insécurité alimentaire et de malnutrition au nord-ouest
Il s’agit notamment de populations déplacées et de rapatriés très vulnérables qui luttent déjà pour survivre à une crise humanitaire de grande ampleur dans laquelle 8,3 millions de personnes ont besoin d’aide.
« J’ai visité des centres de stabilisation nutritionnelle remplis d’enfants qui se battent pour rester en vie. Nous devons agir maintenant pour garantir qu’eux et les autres reçoivent l’aide vitale dont ils ont besoin », a ajouté M. Schmale.
Les enfants sont d’ailleurs les plus vulnérables à l’insécurité alimentaire. Environ 6 des 17 millions de Nigérians en situation d’insécurité alimentaire aujourd’hui sont des enfants de moins de 5 ans vivant dans les États de Borno, Adamawa, Yobe, Sokoto, Katsina et Zamfara. Il existe un risque sérieux de mortalité chez les enfants, attribué à la malnutrition aiguë.
J’ai visité des centres de stabilisation nutritionnelle remplis d’enfants qui se battent pour rester en vie. Nous devons agir maintenant pour garantir qu’eux et les autres reçoivent l’aide vitale dont ils ont besoin – Matthias Schmale
Dans les seuls États de BAY, le nombre d’enfants souffrant de malnutrition aiguë devrait passer de 1,74 million en 2022 à 2 millions en 2023. De plus, la région du nord-ouest, autour des États de Katsina, de Zamfara et de Sokoto, est un foyer croissant d’insécurité alimentaire et de malnutrition.
Insécurité et inondations
L’ONU estime que 2,9 millions de personnes sont actuellement en situation d’insécurité alimentaire critique (Cadre harmonisé Phase 3 ou pire). Ce chiffre devrait passer à 4,3 millions pendant la période de soudure si des mesures urgentes ne sont pas prises.
Comme pour aggraver la situation sur le terrain, l’accès à la nourriture a été affecté par la violence persistante dans les États du nord-est de Borno, Adamawa et Yobe (BAY) et par le banditisme armé et les enlèvements dans des États tels que Katsina, Sokoto, Kaduna, Benue et Niger.
Selon l’Agence nationale de gestion des urgences, les inondations généralisées de la saison des pluies 2022 ont également endommagé plus de 676.000 hectares de terres agricoles, ce qui a diminué les récoltes et augmenté le risque d’insécurité alimentaire pour les familles à travers le pays.
« Les inondations sont l’un des effets du changement et de la variabilité climatiques sur le Nigéria », précise l’ONU, qui s’attend à ce que des phénomènes météo plus extrêmes affectant la sécurité alimentaire se produisent à l’avenir.
Un soutien « nécessaire aujourd’hui, pas demain »
Sur le terrain, l’UNICEF, en collaboration avec le gouvernement et des partenaires tels que MSF et Alima, investit dans l’intensification des interventions de nutrition préventive, tout en veillant à ce que les enfants vulnérables aient accès à des services de nutrition vitaux. En 2022, l’UNICEF et ses partenaires ont été en mesure d’offrir à environ 650.000 enfants des services de nutrition vitaux dans les six États susmentionnés.
De son côté, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a aidé le gouvernement à rétablir les moyens de subsistance dans les régions du nord-est et du nord-ouest. Cela comprend l’élevage, la production agricole, le micro-jardinage à domicile, le développement de la chaîne de valeur et l’aquaculture.
Les Nations Unies appellent le gouvernement du Nigéria et les donateurs à engager de toute urgence des ressources pour sauver des vies et empêcher « une situation potentiellement catastrophique en matière de sécurité alimentaire et de nutrition ». « Le soutien aux familles vulnérables au Nigéria est nécessaire aujourd’hui, pas demain », a conclu le Coordinateur résident et humanitaire de l’ONU pour le Nigéria.
Source: news.un
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