Eco Numérique -Les cryptomonnaies au Salvador et en Centrafrique : espoir ou désillusion ?

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Au Salvador, un rejet massif de la population

 

Selon la Banque centrale du Salvador, 70 % de la population n’a pas de compte bancaire. Un quart de la population vit sous le seuil de pauvreté. C’est dans ce contexte, d’autant plus incertain avec la pandémie de Covid-19, que le gouvernement a annoncé que le bitcoin allait devenir une monnaie officielle au côté du dollar américain en 2021. Il espérait ainsi augmenter la croissance du pays, attirer les entreprises du web3 et favoriser le tourisme. S’il a d’ores et déjà annoncé que le tourisme avait augmenté de 30 % dans les derniers mois de l’année dernière, la population est plus dubitative.

Pourtant, cela ressemblait d’abord à un succès retentissant : sur les 6,5 millions de personnes que compte le pays, 4 millions ont téléchargé l’application de portefeuille crypto Chivo. Sauf que 80 % d’entre elles ne l’ont utilisée que pour bénéficier du bonus de 30 dollars donné par le gouvernement. Au final, seulement deux Salvadoriens sur dix soutiennent l’adoption du bitcoin et 71 % n’y ont vu aucun bénéfice pour leur famille.

Le journaliste salvadorien Nelson Rauda Zablah affirme que le gouvernement se rend bien compte de ce désintérêt de la population pour la cryptomonnaie : « Un grand nombre de messages présidentiels à propos du bitcoin sont en anglais parce qu’ils sont faits pour les partisans du bitcoin et non pour le peuple salvadorien, alors que le projet est financé par l’argent du contribuable. Les Salvadoriens le savent aussi. », explique-t-il au New York Times.

En effet, selon un sondage national publié en décembre dernier, 80 % d’entre eux estiment que les principaux bénéficiaires de la loi sur le bitcoin sont les riches, les investisseurs étrangers, les banques ou encore le gouvernement.

 

En Centrafrique, de nombreux obstacles existent

 

En avril 2022, un deuxième pays s’est joint au Salvador pour adopter le bitcoin comme monnaie officielle : la Centrafrique. Dans ce pays en guerre civile depuis 2013, 71 % de la population vit sous le seuil de pauvreté et moins de 5 % a un compte bancaire. Le Président Faustin-Archange Touadéra avait déclaré que l’adoption du bitcoin faisait partie d’un « plan de redressement économique et de consolidation de la paix ».

Cette décision n’avait pas été bien accueillie par tout le monde. Des députés qui avaient étudié le projet de loi s’en étaient finalement désolidarisés, craignant que la cryptomonnaie favorise le blanchiment d’argent, la fraude fiscale et les escroqueries. De plus, seulement 14,3 % de la population à accès à l’électricité selon la Banque mondiale, ce qui entraîne forcément un manque de connaissances de la population générale sur les cryptomonnaies. L’effondrement récent du bitcoin ne risque pas d’inciter les Centrafricains à en acheter. Cela n’entame cependant pas l’optimisme du Président du pays, qui a annoncé il y a quelques jours la création d’une cryptomonnaie propre à la Centrafrique : le sango. Ses ambitions vont même encore plus loin avec la future création d’un « crypto-hub africain » et d’une « crypto Island » sur le metaverse pour accueillir les entreprises et passionnés de cryptos du monde entier.

 

Que ce soit au Salvador ou en Centrafrique, l’adoption du bitcoin ne semble pas signaler le début d’une ère de développement et de réduction des inégalités économiques dans la population, mais un moyen de rayonner à l’international, quitte à abandonner une grande partie des citoyens.

Source : corbeaunews-centrafrique

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