Finance – Incendie à la Sonara : Activa soupçonnée de détournements de deniers publics et de négligence

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Le directeur général de la compagnie d’assurances Activa-Cameroun, Richard Lowé (photo), est attendu le 28 juillet 2022 dans les locaux du Tribunal criminel spécial (TCS), juridiction d’exception mise en place par l’Etat du Cameroun pour traquer les prévaricateurs de la fortune publique. Celui qui est par ailleurs PDG du groupe Activa sera entendu « comme suspect » dans « l’affaire ministère public et Sonara, pour soupçons de détournement de deniers publics et négligence systématique ayant entraîné l’incident du 31 mai 2019 à la Sonara », peut-on lire dans une convocation signée le 20 juillet 2022 par le commissaire divisionnaire William Oko Petis, chef de la division des enquêtes du Corps spécialisé des officiers de police judiciaire du TCS.

On ignore pour l’instant pourquoi les soupçons du TCS sont orientés vers Activa. Mais des informations, qui ont circulé après l’incendie survenu le 31 mai 2019 à la Sonara, font état du non-paiement par la Sonara de la prime d’assurances au moment de l’incendie. La même information transparaît dans le communiqué signé en août 2019 par le directeur général de la Sonara, Jean Paul Njonou, portant « annulation de l’appel d’offres n° 011.19/Aono/Sonara/Cipm/2019 du 1er avril 2019 relatif au programme triennal (2019-2021) d’assurances » de la Sonara.

En effet, s’il explique l’annulation de cet appel d’offres d’assurances couvrant trois exercices par « la modification de la configuration des risques suite à l’incendie du 31 mai 2019 », le DG de la Sonara évoque aussi, comme justification, le conflit qui oppose la raffinerie publique à la compagnie d’assurances Activa, membre d’un groupement d’assureurs soumissionnaires à cet appel d’offres, relativement au règlement du sinistre consécutif à l’incendie du 31 mai 2019.

Enquête de flagrance 

Les raisons du conflit entre la compagnie Activa et la Sonara au sujet de l’incendie du 31 mai 2019 ne sont pas officiellement connues. A ce jour, ni la Sonara, ni l’Etat du Cameroun, principal actionnaire de cette raffinerie, encore moins Activa ne se sont jamais prononcés sur cette question. Mais, diverses sources autorisées affirment que le conflit tient de ce que l’assureur refuse de diligenter toute procédure d’indemnisation, en raison de ce qu’au moment du sinistre, la prime d’assurances requise n’avait pas encore été payée par le sinistré, ceci pour des motifs encore obscurs.

Le directeur général d’Activa Cameroun avait déjà été convoqué en juillet 2019 dans le cadre d’une « enquête de flagrance » conjointement menée par les services de la police et de la gendarmerie de la région du Sud-ouest, siège de la Sonara. Au centre des préoccupations des enquêteurs, selon le magazine Jeune Afrique, les raisons du non-renouvellement de la police d’assurance de la raffinerie. A l’occasion, à en croire la même source, Activa a présenté, pour sa défense, deux lettres de relance envoyées à la Sonara, la prévenant que, si le paiement n’était pas effectué, elle ne serait plus assurée à compter du 30 mai.

Pour rappel, l’enquête administrative instruite par le gouvernement suite à l’incendie à la Sonara avaient conclu à des flammes d’origine accidentelle, ce qui avait permis d’exclure l’hypothèse d’un acte de sabotage perpétré par des séparatistes anglophones. Mais, ces flammes ont totalement endommagé 4 des 13 unités de production de la raffinerie, soufflé partiellement trois unités et consumé 10 millions de litres de pétrole brut. Mieux, cet incendie a réduit l’unique raffinerie de pétrole du Cameroun en simple importateur de produits pétroliers finis (80%), pour assurer l’approvisionnement du pays.

Source : Investir Au Cameroun

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