CTRL+V, ou mieux CTRL+F. Beaucoup ont déjà ressenti ce petit sentiment de jubilation à la découverte d’un raccourci clavier qui simplifie grandement la vie. Dans des milieux professionnels souvent (très) exigeants, le raccourci est devenu la règle et les salariés ont (presque) dit “adieu” à la souris.
“Un jour, mon manager qui me voyait envoyer un mail est passé au-dessus de mon épaule, a pris le contrôle de mon ordinateur et a effacé mon dernier paragraphe”, nous raconte Sophie (le prénom a été modifié). Quelle est la cause de ce comportement si peu courtois ? “J’avais utilisé la souris pour ajouter un lien hypertexte dans le texte, au lieu d’utiliser un CTRL+K”, précise cette ancienne analyste du secteur immobilier. Une manageuse était bien venue à sa rescousse, lançant à l’adresse de son impétueux collègue : “Euh ça va, c’est pas Excel, même moi j’utilise la souris sur Outlook !”
Sophie avait alors très vite compris que l’utilisation de la souris lui ferait courir le risque de la relégation. Dès ses débuts dans cette entreprise (un des fleurons du CAC 40), elle avait remarqué les petites tapes sur la main d’un junior quand cet insolent osait bouger l’objet maudit afin de montrer à son manager un chiffre sur son écran.
“Au début, tu perds du temps”
Aujourd’hui, elle rit bien volontiers de ces pratiques qui ne semblent pas l’avoir traumatisée. Si elle admet qu’elles relèvent un peu du ridicule, elle reconnaît qu’une fois la souris abandonnée, les raccourcis clavier maîtrisés optimisent vraiment beaucoup le temps de travail. Et la jeune femme d’ajouter : “Pour moi, ce sont des choses qu’il faudrait apprendre en école”.
Ce sont en particulier dans les métiers de la finance, de la modélisation ou du développement web, largement dépendants d’Excel ou d’autres outils de gestion de bases de données, que les raccourcis clavier sont indispensables. En banque d’investissement, la pratique est institutionnalisée. Chez Rothschild ou Bank of America Merrill Lynch, les stagiaires et jeunes analystes s’impriment des listes avec des raccourcis Excel, qu’ils laissent sur le côté de l’ordinateur. Ils s’entraînent à ne quasi plus utiliser la souris. “Au début, tu perds du temps et ensuite tu deviens une machine”, nous confie une ancienne analyste.
Pour être le roi de l’open space, il ne suffit pas de connaître ces raccourcis par coeur, mais d’arriver à se créer ses propres raccourcis pour effectuer des actions Excel, qui n’en ont pas. Pour faire ce tour de passe-passe, il faut établir ce qu’on appelle une “macro”, un paramétrage d’une action non standard, ici créer ses propres raccourcis. Sophie avait crée les siens. “L’un des plus simples est par exemple de créer le raccourci CTRL+J pour colorier une case. La première fois, ça la colore en jaune, puis à la seconde fois en vert, puis en rouge, etc.”, se rappelle-t-elle.
Une discipline de travail qui peut amuser, voire challenger. C’est avec surprise que nous découvrons qu’elle peut offusquer. Charles a toujours refusé de faire partie de la team “no-souris”. “C’est la dictature du toujours plus vite”, précise ce salarié d’un GAFA, habitant en région parisienne. Le trentenaire dit entretenir un rapport affectif avec la souris. “Chacun peut avoir la sienne, chacun peut avoir son propre tapis de souris. Garder la souris, c’est un peu lutter contre l’uniformisation des open spaces”, ajoute celui qui craint de ne plus pouvoir coller un post-it sur le capteur de la souris du stagiaire.
Maxime n’est pas, non plus, un forcené du “no-souris”. Dans son ancien cabinet d’audit, un peu partout le son du clavier raisonnait. “C’était un concerto de touches de claviers d’ordi”, témoigne-t-il. “Disons qu’on se voyait encore plus dans la matrice, avec la machine de guerre qui abattait le travail le plus rapidement.”
La souris n’a pas dit son dernier mot
Le clavier est-il en train de supplanter la souris ? Pas si sûr. La saisie du CTRL représente lui aussi une perte de temps. Selon trois chercheurs français, elle correspondrait même à 12% du temps d’exécution de la commande. Eh bien analystes financiers et autres auditeurs peuvent garder le sourire, ce temps pourrait être diminué grâce à l’insertion du bouton CTRL sur le côté de la souris. La personne pourrait donc appuyer avec son pouce droit, puis taper la lettre du raccourci avec sa main gauche.
Cela évitera les hyper-extensions, ces écartements des doigts d’une même main, difficiles à réaliser entre un CTRL et une lettre éloignée qui provoquent “une charge musculaire statique inconfortable”, peut-on lire dans leur étude. Qui a dit que le match souris vs. clavier était de la rigolade ?
Source – start.lesechos
Articles Connexes
La Société pour l'Habitat et le Logement en Afriqu...13th Juin 2022
Marcel Ondele, vice-président de la Banque de déve...11th Juil 2022
Le site spécialisé en études comparatives Cable.co...30th Nov 2022
Kalizio est une société à responsabilité limité, s...29th Déc 2020