Moody’s estime que la rentabilité des banques opérant en Afrique sera mise sous pression en 2021. « Les conditions d’exploitation vont demeurer difficiles, car l’activité économique, la consommation des ménages et la confiance des investisseurs resteront fragilisées par la pandémie », a fait savoir l’agence américaine de notation dans une note lue par l’Agence Ecofin.
L’institution estime aussi que « les Etats africains lourdement endettés ont une capacité limitée à absorber les chocs ». De ce point de vue, il leur serait difficile de venir au secours d’une banque commerciale, si celle-ci se trouvait face à d’importantes difficultés.
Ainsi, 63% des banques de la région qui sont notées par Moody’s se retrouvent avec une perspective négative contre 37% pour des perspectives stables et aucune dans la perspective positive.
Les résultats financiers des banques de la région cotées sur les marchés financiers locaux ont donné un premier aperçu des conséquences de la pandémie sur les activités des banques commerciales. Ces dernières ont dû effectuer plus de provisions pour les risques sur les remboursements de crédit que l’année précédente.
Cela s’est traduit par une baisse de leurs marges nettes. Moody’s pense que ce problème se poursuivra en 2021 et même, s’amplifiera, car les suspensions de remboursement d’intérêts accordées exceptionnellement aux clients, arriveront à leur terme.
Un autre canal de transmission des conséquences de la covid-19 aux banques commerciales en Afrique est celui des titres d’emprunts émis par les Etats de la région. Pour certaines banques comme en Angola, cela représente jusqu’à 6 fois la valeur de leurs fonds propres. Ce niveau de risque est jugé élevé.
Pour beaucoup de pays du continent noir, la capacité à rembourser les dettes financières devient complexe, et l’accès aux marchés des capitaux reste contraignant.
La situation ne devrait pas être uniforme dans tous les pays de la région, et pour toutes les banques. On a pu noter une solide résilience des grandes banques nigérianes, au terme des 9 premiers mois de l’année 2020.
Les volumes de créances douteuses sont attendus en hausse, mais les banques de ce pays ont l’expérience des refinancements de crédit et pourraient limiter l’impact des cas litigieux.
Au Ghana, la situation est plus complexe. Bien que les banques qui y opèrent viennent d’achever un cycle de renforcement de leurs fonds propres, l’encours des créances douteuses est remonté à 15%, à la fin du mois d’août 2020.
Les analystes et observateurs s’attendent cependant à ce que la rentabilité et la faculté à régler des engagements de court terme puissent rester assez confortables.
Rappelons que Moody’s note une cinquantaine de banques et groupes bancaires en Afrique. On retrouve parmi elles, les cinq plus importantes en termes de valeurs boursières. Il s’agit de Firstrand Limited, Standard Bank Group, Capitec Holdings, Attijariwafa Bank et Absa Group, selon des données de la plateforme Capital IQ, de S&P Global Ratings.
Seul le marocain Attijariwafa a une perspective stable. Les autres sont dans le négatif.
Idriss Linge
Source: Agence EcoFin
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