Le déficit en infrastructures du continent africain reste criant. Selon les estimations des institutions, il faut quelque 100 milliards de dollars d’investissements par an, d’ici 2030, afin que l’Afrique résorbe son gap en infrastructures indispensables pour son développement. Certains organismes panafricains comme la Banque africaine de développement (BAD) et le fonds Africa50 apportent une forte contribution à la mise en place d’infrastructures de base au niveau du continent. Mais cela semble insuffisant.
Le déficit en infrastructures de base (routes, autoroutes, barrages, centrales électriques, ponts, aéroports, barrages hydroélectriques…) au niveau du continent est abyssal. L’Afrique est le continent le plus faiblement doté en infrastructures, et cette tare constitue l’un des principaux écueils à son développement. Le fait que presque la moitié des Africains n’a pas accès à l’électricité est une illustration parfaite de ce déficit.
Même si tous les pays africains ne sont pas logés à la même enseigne, ceux de l’Afrique subsaharienne étant largement les moins lotis en infrastructures, les carences infrastructurelles touchent tous les pays du continent et constituent l’un des principaux handicaps au développement et à l’intégration des économies africaines.
C’est pour cette raison que l’Agenda 2063 de l’Union africaine met l’accent sur la nécessité pour l’Afrique de se doter d’infrastructures traversant toute l’Afrique, en vue d’améliorer sa connectivité. De nouvelles initiatives plus audacieuses permettront ainsi de relier le continent par les voies ferrée, routières, maritimes et aériennes, et de mettre en place des pools énergétiques régionaux et continentaux, ainsi que des technologies de l’information et de la communication (TIC).
Seulement, en dépit de ces bonnes intentions, le déficit en infrastructures est énormes et handicapant, comme cela est rappelé lors des grandes rencontres, dont les dernières en date furent le Forum Infra For Africa et l’assemblé générale des actionnaires du fonds Africa50.
Il est généralement admis du côté des institutions financières et de développement que les besoins de financement pour résorber le déficit infrastructurel du continent sont estimés à plus de 100 milliards de dollars par an sur la période 2020-2030. Un montant colossal, surtout dans le contexte actuel de crise que traverse le monde. Une situation qui risque encore d’aggraver le déficit en infrastructures du continent qui fait face à une croissance démographique relativement élevée, la dégradation des infrastructures existantes à cause des problèmes d’entretien, les problèmes de financement liés à la hausse des taux dans le sillage de la crise actuelle générée par le conflit Russie-Ukraine, l’aggravation des déficits budgétaires des pays africains dont pâtissent les dépenses affectées aux investissements en infrastructures…
C’est pour toutes ces raisons que la Banque africaine de développement (BAD) et le Fonds Africa50, dont l’institution panafricaine est l’initiatrice, œuvrent pour réduire le déficit infrastructurel des pays africains, tout en privilégiant les infrastructures à forte valeur intégrationniste.
Ainsi, le fonds Africa50, une plateforme d’investissement destinée au financement de projets d’infrastructures nationaux et régionaux visant à la transformation des économies africaines créée il y a 6 ans et logée à Casa Finance City, à Casablanca, vient de donner un aperçu sur son bilan. Privilégiant les projets de moyenne et grande envergure ayant un fort impact sur le développement du continent, tout en proposant aux investisseurs des rendements attractifs, le fonds a participé au financement de 21 projets à travers 22 pays africains, pour un montant de 6,6 milliards de dollars, selon les données annoncées lors du Forum Infra For Africa et l’assemblé générale des actionnaires du fonds qui s’est tenue le lundi 3 juillet à Lomé. «Nous n’attendons pas que tout soit parfait pour aller de l’avant sur un projet. Nous sommes conscients des énormes besoins de notre continent (…) C’est pourquoi nous nous devons d’agir avec un véritable sens de l’urgence», a souligné le directeur général du fonds, Alain Ebobissé, pour illustrer l’engagement du fonds Africa50 à accompagner le développement des infrastructures en Afrique.
Le fonds vient apporter son soutien à l’un des secteurs où intervient le plus la Banque africaine de développement qui l’a initié. En effet, la banque panafricaine a investi, pour sa part, 44 milliards de dollars dans les infrastructures -routes, aéroports, ports, infrastructures numériques, eau et assainissement, infrastructures énergétiques…- au cours des 6 dernières années. Ainsi, les deux institutions panafricaines ont investi un total de plus de 50 milliards de dollars pour contribuer à réduire le gap en infrastructures du continent durant les 6 dernières années.
Parmi les projets phares dans lesquels ont investi ces deux acteurs figurent, entre autres, le corridor autoroutier Mombasa-Nairobi-Addis Abeba, long de 1000 km, et qui va désenclaver l’Ethiopie en lui permettant de réaliser 20% de ses exportations via le port kenyan. Il en est de même pour le corridor de Nacala en Afrique du Sud-Est, long de 1.700 km en routes et rails, qui relie le Mozambique au Malawi et à la Zambie. Il permettra de réduire les coûts liés au commerce de 25 à 20%. Il y a aussi le pont Kazungula qui relie le Botswana et la Zambie sur le fleuve Zambèze permettant de réduire la durée du trajet de 14 jours à seulement 1 heure. Le pont entre le Sénégal et la Gambie et celui en cours de réalisation entre la Mauritanie et le Sénégal figurent aussi parmi les projets structurants auxquels la BAD et le fonds AFrica50 participent.
Parmi les projets phares qui sont portés par ces institutions figurent également le pont devant relier les deux Congo -RDC et république du Congo. De même, Africa50 contribue à la réalisation de Kigali Innovation City (KIC), en cours de développement, une cité de l’innovation multidimensionnelle. Construite sur un terrain de 60 hectares à Kigali, celle comprendra 4 universités, des pépinières d’entreprises, des hôtels, des logements…, pour un coût d’environ 300 millions de dollars, en co-financement avec Rwanda Development Board.
Malgré ces importantes réalisations, le gap en infrastructures du continent reste encore colossal. Cette situation freine fortement les échanges commerciaux et le développement des économies africaines.
Une chose est sûre, sans le développement des infrastructures structurantes au niveau du continent, il sera impossible d’intégrer les économies africaines. La Zone de libre-échange continentale ne pourra être, elle, efficiente, en dépit de la baisse et même de la disparition, à terme, des barrières tarifaires. L’absence de routes, de ports, de chemins de fer… rendent le coût des échanges commerciaux élevé et vont annihiler les impacts attendus de la mise en place du marché commun africain pour certains pays.
En attendant, c’est la Chine qui rythme le train des investissements en infrastructures au niveau du continent. Entre 2006 et 2020, les investissements chinois en Afrique ont dépassé les 300 milliards de dollars, selon un rapport du think tank américain Atlantic Council. Au total, selon ce document, 611 investissements d’une valeur de 303 milliards de dollars ont été réalisés par la Chine en Afrique. Presque les deux-tiers de ces investissements ont concerné deux secteurs essentiels : énergie et transport. Les Chinois apportent les capitaux grâce aux prêts émis par des banques chinoises, tout en bénéficiant des contrats de construction. Une situation qui continue à créer une certaine dépendance africaine vis-à-vis de la Chine pour la mise en place des infrastructures de base.
Source – Afrique.le360
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