Farine de blé et fer à béton : la guerre en Ukraine menace de faire exploser les coûts de production au Cameroun

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Par exemple, pour l’année 2020, le Cameroun a importé une cargaison totale de 860 000 tonnes de blé, pour un montant total de 150 milliards de FCFA. Selon l’étude sur le positionnement stratégique de la filière fabrication des produits à base de céréales, rendue publique le 25 août 2021 à Douala par le Bureau de mise à niveau des entreprises (BMN) camerounaises, près de 300 000 tonnes ont été importées de la Russie (soit 35% du volume global), qui est jusqu’ici le premier fournisseur de cette céréale au Cameroun. D’où les inquiétudes des meuniers, depuis la récente montée en puissance de la crise russo-ukrainienne.

« La réaction est la même dans tous les pays. Ça va dépendre de la manière dont la situation va évoluer en Russie. Pour le moment, on ne peut encore rien dire. On ne peut que craindre le pire. Est-ce qu’on arrivera à charger les navires ? Est-ce qu’on arrivera à les décharger ? Ce sont des questions que tout le monde se pose », a indiqué au journal Ecomatin Alfred Momo Ebongue, le secrétaire général du Groupement des industries meunières du Cameroun (Gimc). En effet, au-delà des difficultés d’approvisionnement auxquelles ils pourraient être confrontés du fait de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, respectivement 1er et 5e  producteur mondial du blé, les meuniers du Cameroun voient déjà poindre à l’horizon des surcoûts dans la production de la farine.

Ces coûts supplémentaires devraient être encore plus importants si la crise actuelle entre la Russie et l’Ukraine débouche sur une nouvelle augmentation des coûts du fret, dans un contexte où le gouvernement freine des quatre fers l’augmentation aussi bien du prix du sac de farine que de la baguette de pain, qui est l’un des produits les plus consommés au Cameroun.

Les métallurgistes aussi…

Ces inquiétudes des meuniers, qu’il faut étendre aux boulangers qui ont déjà subrepticement réduit le poids de la baguette de pain pour atténuer les surcoûts induits par le Covid-19, sont également perceptibles dans la filière sidérurgie-métallurgie. En effet, apprend-on de sources internes à la filière, depuis la décision prise par la Chine de réduire certaines de ses exportations pour garantir l’approvisionnement de son marché intérieur après la pandémie du Covid-19, les métallurgistes camerounais dépendent à environ 70% des importations de billettes (déchets de fer fondus sous forme de lingots et servant à la production du fer à béton, NDLR) en provenance de la Russie et de l’Ukraine.

« En l’absence d’un gisement de fer exploité dans le pays, qui permettrait de pallier l’insuffisance de la ferraille locale, les producteurs de fer à béton importent environ 50% de billettes transformées localement de la Russie et de l’Ukraine, pour satisfaire une demande de plus en plus croissante. Depuis le déclenchement des bombardements russes en Ukraine, le cours de cette matière première a augmenté d’environ 10% sur le marché. Ce qui va induire une augmentation des coûts de production des industriels de la transformation. Le pire est à craindre si le fret en provenance de la Russie et d’Ukraine augmente également comme cela se profile à l’horizon, en cas d’’intensification du conflit », confie un fin connaisseur de la filière locale.

Pour rappel, selon l’Institut national de la statistique (INS), qui a publié le 12 novembre 2021 son « Indice des prix à la production industrielle » (IPPI), avec une augmentation des prix sortie-usine de 11,3%, en raison de la hausse des prix des matières premières et l’explosion du fret à l’international, le secteur de la métallurgie est celui qui a le plus contribué à la hausse des prix à la production industrielle au Cameroun au cours du 2e trimestre 2021 (+3,8% en glissement annuel, soit le niveau le plus élevé depuis 2019, NDLR). Le même scénario semble se profiler à l’horizon en ce début d’année 2022, à la faveur du durcissement de la crise russo-ukrainienne.

Par ailleurs, cette crise pourrait déboucher sur l’exclusion de la Russie de l’écosystème du Swift (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication), qui est le plus grand réseau numérique sécurisé permettant d’effectuer les transactions bancaires à l’international. Si cette menace brandie par l’Union européenne vis-à-vis de la Russie devient effective, en représailles à l’invasion de l’Ukraine, il deviendrait extrêmement difficile pour les opérateurs économiques camerounais de poursuivre leur commerce avec la Russie.

 

SOURCE : INVESTIR AU CAMEROUN

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