Une loi votée en 2020 au Congrès américain, oblige toute société cotée aux États-Unis à faire certifier ses comptes par un cabinet agréé. En cas de non-respect, les entreprises en infraction risquent à partir de 2024 une radiation de la Bourse américaine. Les sociétés de Chine continentale et de Hong Kong sont connues pour ne pas se soumettre à cette procédure.
Dans ce contexte, les mastodontes du pétrole Sinopec et PetroChina ont indiqué vendredi dans des communiqués séparés un “retrait volontaire” de la Bourse de New York, où ils sont cotés. Le poids lourd de l’assurance China Life Insurance, le géant chinois de l’aluminium Chalco, ainsi qu’une filiale de Sinopec basée à Shanghai ont annoncé des démarches similaires. Tous justifient cette décision par les coûts liés au maintien des cotations aux États-Unis, ainsi que la charge que représente le respect des obligations en matière d’audit.
Les cinq groupes figurent sur une liste d’entreprises mises en demeure par l’autorité américaine de régulation des marchés (SEC) de se conformer à des obligations comptables. Leur décision se base sur des “considérations commerciales”, a justifié dans un communiqué le régulateur chinois des marchés financiers.
Les entreprises chinoises ont longtemps été encouragées à se financer via des entrées en Bourse aux États-Unis. En 2014, le pionnier en Chine du e-commerce Alibaba avait ainsi levé à Wall Street 25 milliards de dollars, la plus grosse introduction en Bourse de tous les temps.
Mais dans un contexte d’affrontement croissant avec Washington, en particulier dans le domaine technologique, la Chine incite désormais ses pépites à chercher des financements sur ses places boursières (Hong Kong, Shanghai, Shenzhen ou encore Pékin). Soumises à une surveillance et des restrictions plus strictes aux États-Unis, nombre d’entreprises chinoises optent également pour une seconde cotation en Bourse à domicile, à l’image du moteur de recherche Baidu, ou d’Alibaba cotés à Hong Kong.
A rebours de bon nombre de ses compatriotes, Didi avait malgré tout maintenu en juin 2021 une levée de fonds aux États-Unis. Ce champion en Chine de la réservation de voitures avec chauffeur (VTC), avait alors récolté quelque 4,4 milliards dollars (3,7 milliards d’euros). Mais l’opération avait provoqué le mécontentement de Pékin qui craignait un transfert de données sensibles aux États-Unis. Les autorités chinoises avaient déclenché dans la foulée une enquête administrative contre Didi en lien avec sa collecte de données privées. Didi a finalement écopé le mois dernier d’une amende de quelque 1,2 milliard d’euros.
L’entreprise a subi la reprise en main par les autorités chinoises du secteur de la tech entamée en 2020, après une période de laisser-faire en matière de données.
Chasse au sorcières
Le 11 janvier 2021, 35 sociétés chinoises accusées de travailler avec l’armée ou les renseignements chinois avaient déjà été bannies de la bourse de New-York. De grandes sociétés des télécoms, de l’aérospatiale, de la construction navale, de la construction, de la technologie ou des semi-conducteurs avaient alors pris la porte de Wall Street.
Initié sous l’ère Donald Trump, la méfiance des américains envers les entreprises chinoises continue toujours sous l’administration de Joe Biden. Les sociétés originaires de l’Empire du milieu sont accusées, par les Etats-Unis, de ne pas être indépendantes du parti communiste chinois et de menacer la sécurité des occidentaux. Les Européens aussi se méfient des entreprises chinoises et estiment à leur tour que le gouvernement de Xi Jinping puisse utiliser ces entreprises pour espionner les pays du vieux continent.
Des mastodontes chinois tels que le fournisseurs de services numériques Tencent et le Amazon chinois Alibaba sont menacés d’exclusion de la bourse new-yorkaise. Problème, leur titre a été privilégié par un certain nombre de fonds communs de placements américains, ou d’investisseurs. Bannir ces sociétés pourrait créer une véritable cacophonie dans les portefeuilles des épargnants américains. Si leur sort est en sursis, celui des plus petites sociétés chinoises devient de plus en plus clair.
Source: Challenge.fr
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