Commerce international : Des experts reflechissent à Abidjan sur les opportunités de chaînes de valeurs régionales dans le cadre de la Zlecaf

Les chaînes de valeurs constituent aujourd’hui un nouveau visage du commerce international. C’est d’ailleurs ce qui explique la tenue, à Abidjan du 7 au 8 décembre 2022, de l’atelier de consultations des experts sur les opportunités des chaînes de valeurs régionales en Afrique de l’Ouest. Et ce, dans le cadre la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).

Ces chaînes de valeurs qui sont en plein essor représentent, selon les experts, près de la moitié du commerce mondial total. « Une augmentation de 1% du commerce par le biais des chaînes de valeurs entraine une augmentation de plus de 1% du revenu par habitant d’un pays », révèle le Rapport sur le développement dans le monde 2020, de la Banque mondiale.

Ce fut l’occasion pour Mamoudou Sebego de l’Eca d’indiquer qu’en terme de variation du commerce intra africain, l’on doit avoir au niveau de la branche agroalimentaire un accroissement des échanges de 41%, au niveau des services 40%…. « Tout cela va permettre d’augmenter les échanges. Au niveau des échanges d’exportation, on était autour de 18 à 20%. Cependant avec le Zlecaf le volume des échanges intra africain va aller au-delà des 30% », a soutenu Mamoudou Sebego de l’Eca.

Avec l’avènement de la Zlecaf, il faut s’attendre dira M. Sebego, à ce que le commerce intra régional augmente de manière significative. Pour ce faire, les pays africains doivent se concentrer sur la mise en relation des unités de production et de transformation dans des chaines de valeur régionales cohérentes et efficaces.

Il s’est agi au cours de cet atelier d’identifier et de discuter les Cvr existantes et potentiel au fur et à mesure de la libéralisation du marché continental, ainsi que leur portée, leurs défis et leurs contraintes. L’atelier a permis de fournir aux Etats de la Cedeao des informations et des outils pertinents dans la priorisation des Cvr qui contribueront mieux à la génération de valeur ajoutée. Au cours de l’atelier les experts ont été informés de la mise en oeuvre des stratégies nationales de la Zlecaf et particulièrement le développement des secteurs stratégiques du point de vue des Cvr.

Au cours de l’atelier, les experts ont proposé des orientations politiques et fait des recommandations de portée nationale et régionale pour la promotion des Cvr à travers une stratégie nationale.

Pour l’industrie agro-alimentaire, dira-t-il, l’on a des produits comme, les céréales, le lait, le sucre… des aliments transformés qui peuvent être ciblés comme des chaines de valeurs assez importantes. Au niveau des services, le tourisme et le transport viennent en pole position. Concernant l’industrie, l’on a le papier, les produits chimiques, le caoutchouc, les produits pharmaceutiques qui sont identifiés comme des produits sur lesquels on aura plus d’accroissement et de valeur ajoutée. Au niveau du pétrole, l’on a des produits sur lesquels on peut potentiellement faire des gains. Dans les échanges, des experts ont signal » que l’augmentation des échanges intra africain va se réaliser lorsque tout ce qui a été identifié comme barrière non tarifaire va trouver une solution.

Pour M. Sebego, il faut que les pays qui n’ont pas encore ratifié le traité de la Zlecaf puissent le faire et déposent les instruments au secrétariat du projet Zlecaf pour qu’il puisse dérouler son appui. Les négociations a-t-il précisé doivent être finalisées en intégralité sur les sept (7) protocoles.

« L’accord de la zone de libre échange continentale africaine signé le 1^er janvier 2021 représente un marché unique fort de près de 1,2 milliard de consommateurs. Il constitue de ce point de vue un espace important susceptible de dynamiser la production et les échanges commerciaux », a déclaré le Directeur de la promotion du commerce extérieur et de l’assistance à l’exportation au Ministère du Commerce de l’Industrie et de la Promotion des Pme qui représentait le ministre Souleymane Diarrassouba.

Cet espace, a-t-il fait remarquer, constitue une opportunité pour faire progresser l’intégration économique au niveau continental et développer les niveau d’échange intra africain qui demeure très faible car estimé à 16%. Cette initiative de l’Union Africaine est porteuse d’espoir pour les économies locales de la Zlecaf.

A l’en croire, la Zlecaf donnera l’avantage aux pays africains et favorisera la mise à niveau des compétences locales en vue de l’industrialisation. Elle peut contribuer à l’essor des chaines de valeur en s’attaquant au coût des échanges intra africains, aux obstacles non tarifaires, aux contraintes liés au développement des chaines de valeur ainsi qu’aux autres difficultés bloquant le développement de l’industrie au niveau des Pme

En Côte d’Ivoire, le gouvernement ivoirien a engagé d’importantes réformes structurelles et sectorielles pour améliorer son positionnement dans les chaines de valeur tout en renforçant son industrie de transformation et en diversifiant son offre de produits prioritaires. C’est ainsi que des initiatives remarquables ont été mises en place, à savoir le projet de chaine de valeur compétitive pour l’emploi et la transformation économique dont l’objectif est d’améliorer la compétitivité des chaines de valeur du palmier à huile, de l’hévéa, de l’ananas, de la mangue et du plastique.

A noter que c’est dans la perspective d’informer sur la mise en œuvre de la stratégie nationale et de la stratégie de la Cedeao, la Cea, le Pnud et la Commission de la Cedeao qu’est organisée cette consultation des experts pour développer une sur les opportunités des Cvr en Afrique de l’Ouest.