SECONDE MAIN Choix économique, écologique ou éthique, l’achat de vêtements d’occasion est devenu très populaire chez les jeunes générations
- Jugée polluante, l’industrie de la mode est critiquée par une partie de la jeune génération qui s’en détourne.
- La friperie et la seconde main sont devenues un réflexe notamment chez les étudiants, qui y trouvent des prix adaptés à leur budget.
- « 20 Minutes » s’est rendu dans un vide-dressing étudiant sur le campus de Beaulieu, à Rennes, pour rencontrer des adeptes du vêtement d’occasion.
Ils étaient débordés. Pendant les premières heures du vide-dressing qu’ils organisaient, les étudiants de l’ESIR ont vu déferler des centaines de personnes dans le hall de l’université Rennes-1. Proposés gratuitement à tous les étudiants, ces vêtements de seconde main ont rapidement trouvé preneur. Beaucoup plus que lors du premier événement organisé par cette poignée d’étudiants inscrits en école d’ingénieurs. Un effet de l’inflation et des fins de mois difficiles subies par la jeune génération ? C’est probable. Mais ce n’est pas la seule raison. Alors que l’urgence climatique inquiète fortement la « génération Z », une partie de la jeunesse abandonne l’industrie de la mode, jugée trop polluante. « Nous sommes de plus en plus nombreux à nous détacher de la fast-fashion, pour tout un tas de raisons. L’industrie textile a un impact très négatif sur l’environnement et de plus en plus de gens en ont conscience », explique Enéa, l’une des étudiantes à l’origine de ce vide-dressing.
Les étudiants de l’université Rennes-1 ne sont pas les seuls à en pincer pour la seconde main. Partout dans ce pays, les friperies voient de plus en plus de gens débarquer pour se fringuer. Moins chère, l’occasion est plébiscitée par une génération qui semble s’écarter de la consommation de masse. « Quand j’étais au lycée et que je disais que j’allais à Emmaüs pour m’acheter des fringues, on me traitait de pouilleuse. Et maintenant, la friperie est devenue à la mode », poursuit Enéa. L’étudiante s’offre parfois du neuf mais c’est devenu très rare. « Si je décide d’acheter neuf, je veux que ce soit éthique, fait en France. Mais je n’ai pas l’argent pour le faire très souvent. »
« Certains pensent encore que la friperie c’est sale »
Son ami Théo est dans le même cas. Tee-shirt blanc, gilet bleu marine et jean, l’étudiant ingénieur ne s’habille « qu’en seconde main » depuis qu’il a quitté le lycée. « La première raison était financière. Quand j’avais 18 ans, je cherchais un peu mon style et je suis parti en friperie parce que c’était moins cher. Avant, j’étais comme tout le monde, je voulais absolument des Vans et surtout pas abîmées. La dimension écologique n’est venue que plus tard. Mais aujourd’hui, je ne m’habille qu’en seconde main. Et ça me fait ch… de mettre 50 balles dans un vêtement. » C’est pour cela que ces étudiants ont décidé d’organiser ce vide-dressing dans les murs du campus Beaulieu. Pour rendre service, bien sûr, mais aussi imprimer l’idée du seconde main dans l’esprit de leurs camarades pas encore « convertis ». « Certaines personnes pensent encore que la friperie c’est sale », précise Théo.
Ce n’est pas le cas d’Anne-Laure. Etudiante en sciences de l’environnement, elle est une « fripeuse » convaincue. Repartie avec un petit sweat « Hell was boring », la jeune femme estime que son rapport à la consommation « a beaucoup changé » depuis qu’elle a quitté le collège et le lycée. « Avant, je faisais des sorties shopping avec ma mère et ma sœur et j’adorais ça. Je ne le fais plus. Zara, H & M, j’ai un réel dégoût pour ces magasins-là. Je me limite aujourd’hui à ce qui est nécessaire et c’est toujours d’occasion ». Adepte de la friperie, la jeune femme regrette cependant que la seconde main soit victime de son succès, faisant grimper les prix. « Pour l’environnement, c’est bien, mais ça crée des problèmes pour ceux qui n’ont pas les moyens. Même chez Emmaüs, les prix ont augmenté donc ça rend l’occasion moins accessible. »
La solution Vinted plébiscitée mais…
L’autre solution plébiscitée par la jeune génération s’appelle Vinted. Cette version vêtement du Bon Coin est devenue une référence pour bon nombre de moins de 30 ans, qui peuvent y acheter et revendre leurs fringues à petits prix. « Je suis une grosse consommatrice de Vinted », reconnaît Noa. Selon elle, « le choix est plus large qu’en friperie. Quand tu cherches quelque chose de bien particulier, tu peux le trouver et les prix sont très attractifs. La dernière fois, j’ai acheté trois pantalons et trois t-shirts pour 10 euros ! ». Clairement imbattable. Du haut de ses 23 ans, elle précise qu’elle n’abuse pas de la plate-forme basée en Lituanie et ne se concentre « que sur l’essentiel ». A ses côtés, son amie Alice est moins fan du site de vente d’occasion. « Vinted, j’y vais un peu mais je fais attention. Si tu achètes un truc qui arrive de l’autre bout de la France, ça limite l’intérêt écologique. »
Chez les moins de 30 ans, certains continuent de ne jurer que par le neuf mais la fast-fashion semble avoir de moins en moins la cote. Il reste cependant des pièces compliquées à acheter en seconde main. « Les maillots de bain, les chaussettes, les sous-vêtements et même les chaussures ce n’est pas évident et ça se comprend », explique Enéa. L’occasion oui, mais pas à tout prix.
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