Gingembre: un shoot de bien-être

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Rhizome biscornu et disgracieux au premier abord, le gingembre n’a pas l’esthétisme requis pour faire la couverture d’un magazine de mode alimentaire. Pourtant, en s’en approchant d’un peu plus près, cette plante attise les curiosités et courtise ses adeptes pour ses vertus médicinales inestimables.

Malgré son apparence, le gingembre s’est taillé une place de choix chez les consommateurs désireux de prendre soin d’eux et chez les chefs enivrés par ses parfums prononcés. En ce qui concerne le gingembre, c’est à l’intérieur que ça se passe ! On lui prêterait même des propriétés aphrodisiaques, c’est pour dire! Du shot revigorant à la cuisine thaïlandaise en passant par ses propriétés médicinales, partons à la découverte d’une plante souvent méconnue mais qui a pourtant tout pour plaire.

Cantatrice, comédien et architecte

C’est l’histoire de trois compagnons de route qui décident de rendre ses lettres de noblesse au gingembre. Amarilis, cantatrice de formation, en consomme déjà depuis plus de dix ans. Son frère Raphaël, comédien, était plus habitué à monter sur les scènes de théâtre qu’à être derrière les étalages de marché. Ce duo fonde «Dame Gingembre» en 2015 avant d’être rejoints quelques années plus tard par Amélie, architecte passionnée.

Tout commence par l’enrouement de la voix d’Amarilis suite à un refroidissement hivernal. Afin de renforcer ses cordes vocales et son système immunitaire, son professeur de chant lui recommande alors de consommer du gingembre. Elle commence tout d’abord par le mâcher comme un chewing-gum. La chanteuse est intriguée lorsqu’elle en extrait le jus pour des gargarismes et se laisse prendre au jeu: «A ce stade, nous ne savions pas de quelle manière presser des racines de gingembre pour obtenir des volumes plus importants que pour une simple consommation personnelle».

Amarilis abandonne tout pour commencer sa production artisanale. Vivant à cette époque en Allemagne, elle tisse son réseau de producteurs et de clients en commençant par faire les marchés. Imitant le changement radical de vie de sa soeur, Raphaël lui emboîte le pas et se lance également dans l’aventure du gingembre depuis Lausanne sous le nom Dame Gingembre.

Afin d’épauler le jeune entrepreneur, Amélie les rejoint en 2018 tout en continuant sa carrière d’architecte. A eux trois, ils confectionnent des concentrés de jus de gingembre pressé à froid et déclinés en trois recettes: citron, miel et gousse de vanille. «Depuis le début, nous n’avons jamais ajouté aucun additif ni conservateur. Pour faire un litre de jus de gingembre pur, il nous faut deux kilos de racines». Dans l’ère Covid, la petite entreprise ne connaît pas la crise et surfe sur la vague du bien-être et de la consommation locale.

Gingembre bien-être

Marie Moatti, bio-nutritionniste spécialisée en micro-nutrition et naturopathie, confirme l’engouement du public autour des bienfaits et des vertus du gingembre: «Quelles que soient les médecines pratiquées de par le monde, c’est une plante qui est connue pour ses propriétés depuis des siècles». Aujourd’hui, utilisé dans le domaine thérapeutique, le gingembre se décline en infusion, jus, teinture, décoction, huiles essentielles et même cataplasme. Son côté tonifiant, énergisant et réchauffant en fait un allié de l’homme pendant l’hiver.

Essentiel pour la digestion, il calme également les nausées: «Ne serait-ce que le fait de respirer des huiles essentielles de gingembre permet de réduire d’une manière significative les écœurements. Il influence également le transit, c’est un facilitant digestif». Tout ne s’arrête pas là… le gingembre a aussi des propriétés anti-inflammatoires – même si son effet est moins prononcé que celui du curcuma – et soulage les douleurs liées au rhumatisme et à l’arthrite. Marie Moatti confirme la réputation de ses propriétés aphrodisiaques reconnues par toutes les médecines traditionnelles.

Gingembre gourmand

Direction le Soï Thaï Canteen dans le quartier des Pâquis à Genève où le chef Yuttakan Pongkunsup régale ses convives avec une cuisine de rue typiquement thaïlandaise. Avec le Gaeng Hung Lay, un mijoté emblématique du nord du pays, aux influences birmanes, il rend hommage à la plante. Autour d’une poitrine de porc marinée et confite pendant des heures, accompagnée de son curry, le cuisinier rajoute au moment de servir le gingembre taillé en julienne pour donner le coup de fouet nécessaire à la bonne réalisation de la recette.

Changement de rive et direction le MAPO, où la plante se décline également dans la cuisine voyageuse du chef Paul-Etienne Cousin: «Je l’utilise comme un assaisonnement à la place du poivre pour relever certains de mes plats ou mes vinaigrettes. Le gingembre est un condiment incroyable».

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Edouard Amoiel

Chroniqueur culinaire

Petit-fils de restaurateur, fils de marchand de vins, diplômé de l’Ecole Hôtelière de Lausanne, chroniqueur culinaire pour le journal Le Temps et pour mon site Amoiel.ch, épicurien, aussi gourmand que gourmet, hédoniste, poète… l’idée d’écrire sur la gastronomie m’est apparue comme une évidence.

Ma démarche est avant tout de mettre en valeur et de faire découvrir des chefs, des restaurateurs, des producteurs et des créateurs. qui se donnent corps et âme à leur métier.

Alors, rejoignez-moi dans cette aventure culinaire truffée de gourmandises, de surprises et de plaisirs.

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Source: bilan.ch

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