Il faut dire que quelques heures avant cette rencontre, il y a eu la signature, en présence du vice-président de la BEI, Thomas Östros, en visite au Cameroun, de deux accords relatifs à l’ouverture de deux lignes de crédits au bénéfice de la Commercial Bank Cameroon (CBC) et de CCA Bank, respectivement de 12 et 15 millions d’euros (7,9 et 9,4 milliards de FCFA).
« Quand je vois que la CCA a des dépôts de 378 milliards de FCFA, 12 millions d’euros c’est 2% des ressources de la CCA. Quel est l’impact d’un financement de 12 millions d’euros à la CCA. Parce que dans les six mois, la CCA est capable de mobiliser les mêmes ressources », a déclaré Alphonse Nafack.
Et d’ajouter : « Vous allez me dire que ces ressources [celles de la BEI] sont plus longues et qu’elles peuvent financer le haut du bilan. Mais je trouve quand même que les montants pour ces banques sont tellement réduits que je me demande à quoi cela sert. Moi je suis à Afriland First Bank. J’ai des ressources de 1400 milliards de FCFA. Si la BEI vient demain et me propose des financements de 12 millions, 20 millions d’euros, ça ne peut jamais m’intéresser parce que c’est tellement petit ».
Toujours selon le président de l’Apeccam, la loi de finances 2022 de la République du Cameroun a prévu une garantie de 170 milliards de FCFA destinés aux petites et moyennes entreprises (PME). Cette garantie va couvrir les risques à hauteur de 50%. Si les banques jouent le jeu, s’est-il interrogé, quelle pourrait être la place de la BEI dans un environnement où l’État apporte déjà une garantie de près de 170 milliards ? Dans ce contexte, a-t-il souligné, les guichets de la BEI ne pourraient même pas être sollicités compte tenu des possibilités qui sont ouvertes pour accompagner les PME.
« Franchement, je voudrais comprendre pourquoi ces montants sont si petits. Est-ce que ce sont les Banques qui présentent à vos yeux un risque majeur pour ne pas bénéficier de montants plus importants ou alors c’est le volume d’activités qui restent faibles pour que vous ne puissiez pas intervenir plus longuement ? », s’est interrogé le banquier.
En guise de réponse, le représentant régional de la BEI, Nikolaos Milianitis, a indiqué que, contrairement aux banques locales, l’institution financière européenne permet de prolonger les maturités. En plus, a-t-il indiqué, la Banque européenne d’investissement reste confrontée à la structure de l’économie du Cameroun qui serait à 90% dans l’informel. Ce qui limite l’accès des PME aux financements. Cependant, le responsable a indiqué que la BEI est intéressée par les secteurs du numérique, la chaîne de valeur de l’agriculture, etc.
En février dernier, Afriland First Bank a pourtant accepté une ligne de garantie d’un montant de 15 millions d’euros, soit environ 10 milliards de FCFA, ouverte par Proparco, filiale de l’Agence française de développement (AFD) dédiée au financement du secteur privé. Certes cette ligne vise à garantir les opérations de commerce extérieur, mais elle est tout aussi insignifiante que les lignes ouvertes par la BEI.
Source : Investir au Cameroun
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