Un géant chinois
Il est l’homme qui fait vaciller l’ordre mondial en matière de télécommunication. Ren Zhengfei, le patron de Huawei, a su en une trentaine d’années, propulser son entreprise à des sommets encore jamais atteints pour une société chinoise. L’homme rivalise désormais avec les leaders du secteur comme Apple ou Google. Il possède même un temps d’avance sur ces dernières, à travers la maîtrise de la 5G.
Son ascension fulgurante est redoutée par les autorités américaines, qui depuis mai 2019, interdisent à leurs entreprises de s’équiper auprès du chinois. Huawei fait peur. Et son patron, âgé de 75 ans, force le respect.
Il n’était pourtant pas écrit que Ren Zhengfei finirait à la tête de l’une des entreprises de télécommunication les plus influentes du monde. Né en 1944, fils de deux instituteurs, il ne fait pas partie des grandes dynasties chinoises. Vivant dans la province rurale de Guizhou, il arpente les montagnes tous les jours pour se rendre à l’école. Pauvre, mais pas misérable, Ren parvient jusqu’à l’université de Chongqing où il décroche un diplôme d’ingénieur civil. Après une brève carrière dans le privé, il fait une rencontre fondamentale en 1974: celle de l’Armée populaire de Chine. Le jeune s’y engage pendant près de 10 ans et y travaille en qualité d’ingénieur.
Ces années formatrices se ressentent aujourd’hui encore dans son management. Il trouvera durant cette période le temps de se marier avec Meng Jun, fille d’un maoïste de la première heure, Meng Dongbo. De quoi permettre au futur géant des télécom’ de côtoyer du beau monde et de grimper dans l’échelle sociale.
La naissance de Huawei
En 1983 le département des ingénieurs militaires ferme. Ren Zhengfei se cherche. Ses expériences dans le privé ne sont pas concluantes. Il lance en 1987 Huawei avec seulement 2.700 euros en poche. Le modèle économique à l’époque est assez simple. Il achète à Hong-Kong des tableaux de distribution téléphoniques pour les revendre en Chine continentale. Puis il finit par produire lui-même lesdits tableaux, avant de passer à des réseaux plus complexes. La formule marche. Les premiers contrats d’Etat arrivent.
Il délaisse volontairement les grandes villes, où les acteurs occidentaux se font la guerre pour obtenir de nouveaux marchés, et se tourne vers les campagnes. L’idée fait son chemin et Huawei devient une référence dans le monde des télécommunications chinoises. Ren Zhengfei est partout. Travaille 16 heures par jour et en demande autant à ses employés qu’il motive à coup de notes encourageantes issues des textes de Mao, mêlées à un vocabulaire militaire.
Un modèle à part
Car Huawei n’est pas une entreprise comme les autres. Elle n’est pas détenue par l’Etat Central. Elle n’est pas non plus introduite en Bourse, mais possédée par une holding qui regroupe les plus de 190.000 employés de la société ainsi que Ren Zhengfei. Lui-même ne détient qu’à peine plus de 1% de l’entreprise, ce qui ne l’empêche pas, dans les années 2000, de devenir l’un des premiers milliardaires chinois.
En 2017, le magazine Forbes estime sa fortune personnelle à près de 1,7 milliards. Autre spécificité de Huawei, un système de rotation du personnel qui génère, tous les cinq ans, une valse des cadres dirigeants de l’entreprise. Si Ren est pour beaucoup dans la réussite de son entreprise, l’Etat chinois y collabore également. Pour preuve, les 127 hectares octroyés à des prix dix fois inférieurs aux prix du marché à l’entrepreneur pour y fonder le campus Huawei à Dongguan.
L’entreprise de tous les records
Cette proximité entre l’Etat et Huawei fait trembler le monde. La petite entreprise de Ren Zhengfei joue dans la cour des grands depuis longtemps. Près de 50.000 brevets ont été déposés par le fabricant chinois. Il est aujourd’hui le plus gros vendeur de smartphones au monde, devant Samsung, omniprésent dans l’équipement en télécommunication de nombreux pays africains et d’Amérique Latine. Ce colosse, trop longtemps sous-estimé par les occidentaux, vient de lancer son propre système d’exploitation pour définitivement s’affranchir de Google et de ses outils. Il est l’illustration de la montée en puissance à l’internationale du modèle chinois.
Les chiffres clefs de Huawei
Avec 240 millions de smartphones écoulés en 2019, soit 30 millions d’appareils en plus que l’an passé, Huawei est aujourd’hui l’entreprise qui vend le plus de portables au monde. Au total, la firme réalise en 2019 un chiffre d’affaires de 109 milliards d’euros, soit une croissance de 18% par rapport à l’an dernier. La société, incontournable, compte près de 194.000 employés, dont plus de 96.000 travaillent dans la recherche et le développement. L’entreprise investit toujours entre 1 % et 15% de son chiffre d’affaires sur ce secteur et s’avère, avec près de 6,9 millions de téléphones équipés de la 5G, leader mondial de ce secteur.
Source: boursorama.com
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