C’était en novembre dernier, un coup de tonnerre retentissait dans le ciel du e-commerce africain. Les deux fondateurs de Jumia, les Français Sacha Poignonnec et Jeremy Hodara, fondateurs de l’entreprise, étaient débarqués de la direction par les actionnaires, mécontents du manque de résultats. Depuis, le Franco-Ivoirien Francis Dufay a peaufiné un plan de relance destiné à assurer la rentabilité de Jumia, l’Amazon africain.
Dix ans après ses débuts, Jumia, pionnier du e-commerce en Afrique, traverse sa crise la plus grave. Après avoir perdu des centaines de millions de dollars ces dernières années, on parle de près d’un demi-milliard, les actionnaires ont remercié les fondateurs. Une sanction inhérente au modèle capitalistique de Jumia, selon Jean-Michel Huet, spécialiste du e-commerce au cabinet de conseil Bearing Point.
« La situation actuelle est aussi la conséquence – avantages et inconvénients –, d’avoir décidé de coter cette entreprise en Bourse », explique le spécialiste. « À partir du moment où l’on va en Bourse, c’est formidable, car on peut lever des fonds, et donc avoir des moyens. L’inconvénient, c’est que l’on a de nouveaux actionnaires qui sont aussi décisionnaires et qui, s’ils considèrent que cela ne va pas dans le bon chemin, peuvent très bien mettre dehors la direction. Et parfois, dans la direction, il y a aussi les fondateurs », ajoute-t-il.
Exit donc Sacha Poignonnec et Jeremy Hodara, le conseil de surveillance a nommé en novembre dernier, Francis Dufay, entré chez Jumia en 2014. Il a peaufiné durant de longues semaines un plan de redressement. « On a construit une marque, on a construit une pertinence pour nos fournisseurs, nos vendeurs et nos partenaires logistiques, mais à côté de cela, on ne gagne toujours pas d’argent », dit-il. « Donc, nous sommes à une période charnière où nous avons décidé de nous recentrer très fortement sur notre rentabilité, la préservation du cash et la reconstruction de fondamentaux sains pour le business. »
Chasse aux coûts
Le redressement passe par une chasse aux coûts d’autant plus complexe qu’elle ne doit pas nuire au cœur de métier. « On a arrêté, stoppé ou mis en pause un certain nombre de projets sur lesquels on ne voyait pas de rentabilité. Par exemple, Jumia Prime qui était notre programme d’abonnement de livraisons gratuites », poursuit Francis Dufay. « Notre service de prestations logistiques pour des tiers qui a été recentré sur trois pays sur les onze que compte le groupe. Le but est vraiment de mener un nombre plus réduit de projets et de pouvoir les réussir sur un périmètre plus resserré et plus en lien avec les ressources dont nous disposons. »
Pour Jean-Michel Huet, Jumia ne sera pas seulement jugé sur ses résultats financiers. « Les résultats, ce n’est pas juste d’avoir de la rentabilité, c’est aussi de savoir si dans la dizaine de pays où Jumia est présent, est-ce qu’elle va réussir à gagner des parts de marchés, va réussir à développer en profondeur certains business, et à lutter face à une concurrence. On entend parler de l’arrivée d’Amazon au Nigeria. »
Une concurrence qui n’effraye pas Francis Dufay. Amazon est déjà présente en Égypte, deuxième pays pour Jumia en terme d’activité.
Source: rfi
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