Nigeria : pour soutenir le naira, la Banque centrale veut sanctionner le non-rapatriement des recettes d’exportation

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Au Nigeria, les exportateurs qui ne rapatrieront pas leurs recettes d’exportation dans les prochains jours se verront sanctionner par la Banque centrale (CBN). Selon les informations relayées par plusieurs médias, la mesure a été annoncée par l’institution via une circulaire datant du 13 janvier 2021.

Selon la nouvelle annonce, tous les exportateurs qui n’auront pas rapatrié leurs recettes d’exportation au Nigeria d’ici les six prochains jours seront exclus de tous les services bancaires.

Selon une lettre d’information relayée par le site d’information Nairametrics, « la Banque centrale du Nigeria (CBN), par sa circulaire TED/EXP/CON?NEX/01/001 du 13 janvier 2021 a donné l’instruction d’interdire l’accès à tous les services bancaires à tous les exportateurs dont les recettes d’exportation ne sont pas rapatriées avant le 31 janvier 2021 ».

La mesure vient en application de la législation nigériane en vigueur en la matière, et selon laquelle toutes les recettes d’exportation du Nigeria doivent être rapatriées par les entreprises dans les 90 jours qui suivent leur obtention pour le secteur pétrolier, et dans les 180 jours pour le secteur non pétrolier.

Avec la crise économique qui frappe le Nigeria depuis plusieurs années, aggravée ces derniers mois par la pandémie de covid-19, le pays a vu ses réserves en dollar diminuer suite à la perturbation des exportations de pétrole qui comptent pour au moins 90% de ses recettes d’exportation. En plus d’avoir plongé l’économie nationale dans la récession, cette situation a entraîné une dépréciation du naira au cours de l’année dernière.

Face à l’écart entre le taux de change officiel et celui du marché noir, de nombreux exportateurs nigérians avaient décidé de stocker leurs revenus en dollars sur des comptes bancaires à l’étranger, avant de l’échanger sur le marché parallèle dont les taux semblent plus avantageux. Cette nouvelle décision vise donc à renforcer les réserves en dollars du Nigeria ; ce qui aura pour effet d’améliorer la stabilité du naira.

Même si elle semble servir des intentions nobles, de nombreux analystes craignent que cette mesure ne soit contreproductive. Pour certains observateurs, ces nouvelles contraintes pourraient en effet pousser les entreprises à chercher d’autres moyens de contourner la législation en vigueur, une situation qui pourrait encore plus affecter l’économie nigériane.

Il faut rappeler que d’autres mesures avaient déjà été prises par les autorités pour améliorer les réserves en dollars du Nigeria. L’année dernière, le pays a ainsi demandé aux opérateurs internationaux de transferts d’argent de réaliser leurs opérations de transfert de fonds à destination du Nigeria, en dollars.

Notons que d’après l’agence de presse Bloomberg, les nouvelles mesurent de la CBN concernent les exportations effectuées jusqu’au mois de juin 2020.

Dans son rapport sur les perspectives économiques pour l’Afrique subsaharienne publié en octobre 2020, le Fonds monétaire international (FMI) table sur une croissance économique nigériane à -4,3% pour l’année écoulée, avant un léger rebond à 1,7% cette année.

Source: agenceecofin.com

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