Après 3 ans d’absence, le Trésor public camerounais retourne donc sur ce marché en cette année 2022, avec une innovation de taille. En effet, au lieu des maturités de 5 ans auxquelles le Cameroun avait jusqu’ici habitué les investisseurs du marché financier sous-régional, le pays tente cette fois-ci une opération à 7 ans de maturité, dont un différé de 2 ans. En clair, l’État du Cameroun débutera le remboursement de cet emprunt de 200 milliards de FCFA à partir de l’année 2024, après une période de répit de 2 ans, et achèvera de rembourser en 2029. Jusqu’ici, le taux d’intérêt de cet emprunt n’est pas connu. Mais, pour aguicher les investisseurs au regard de la maturité de l’emprunt, ce taux sera supérieur aux 5,5 à 5,6% généralement proposé par le Cameroun sur ce marché.
À travers cette nouvelle opération de levée de fonds, a récemment expliqué Samuel Tela, le directeur de la trésorerie à la direction générale du Trésor du ministère des Finances, « il est question de diversifier (les) sources de financement » de l’État. De plus, souligne-t-il, « l’emprunt obligataire offre la chance à un large public de participer au financement de l’État ». Ces précisions tiennent de ce que, pour de nombreux habitués des marchés des capitaux, le retour du Cameroun sur le marché boursier s’explique davantage par le souci du gouvernement de participer à la dynamisation de la bourse unifiée de l’Afrique centrale, que par des avantages financiers que procurerait une telle opération.
Une stratégie hybride
En effet, de l’avis de nombreux experts de la finance, y compris des responsables du ministère des Finances eux-mêmes, le marché boursier de la Cemac est plus coûteux, moins flexible et les délais des opérations y sont plus longs que sur le marché des titres publics de la Beac. C’est ce qui explique que nombre d’États de la Cemac, dont le Cameroun, se soient rabattus ces dernières années (depuis 2019 pour le Cameroun, NDLR) sur le marché des titres publics lancé en 2011 par la banque centrale, pour leurs emprunts de moyens et longs termes.
Mais, pour le ministère camerounais des Finances, en plus du dessein de dynamiser le marché financier unifié, le retour du Cameroun à la Bvmac s’explique surtout par l’obésité qui caractérise aujourd’hui le marché des titres publics de la Beac. En effet, apprend-on, en l’absence d’un dynamisme certain sur le marché secondaire des titres, les banques, qui opèrent comme intermédiaires (spécialistes en valeurs du Trésor ou SVT) sur le marché primaire, ont du mal à placer les titres détenus en propre.
À titre d’exemple, les banques détiennent environ 79% de l’ensemble des titres émis par le Cameroun sur ce marché (un encours de près de 1 200 milliards de FCFA à fin novembre 2021), contre un peu plus de 20% pour les investisseurs institutionnels. La part détenue par les particuliers, elle, est plus que dérisoire.
Du coup, avec un portefeuille titres obèse, couplé à l’Épée de Damoclès du respect des ratios prudentiels qui pèse sur leurs têtes, explique-t-on au ministère des Finances, les SVT, qui sont du reste très courtisés par d’autres États de la communauté ces dernières années, devraient difficilement pourvoir au Trésor camerounais les 350 milliards de FCFA de financements à mobiliser par émission de titres publics, tel qu’autorisé par la loi de finances 2022. D’où cette stratégie hybride, qui consiste à recourir aussi bien au marché financier (200 milliards de FCFA) qu’au marché des titres publics de la Beac (150 milliards de FCFA), pour mobiliser l’enveloppe de financements additionnels requise en 2022.
SOURCE : INVESTIR AU CAMEROUN
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