Si Huawei a toujours eu des ambitions mondiales, aujourd’hui, l’entreprise se contente de tout faire pour survivre dans cet environnement défavorable et se replie sur le marché chinois.
Ce n’est pas une manœuvre commerciale que le géant chinois Huawei a décidé d’opérer mais bien politique. En effet, Huawei a pris la décision de se débarrasser de ses lobbyistes occidentaux, de réduire ses activités en Europe et de mettre en veilleuse ses ambitions de leadership mondial.
Huawei se replie vers la Chine
Oppressé par les États-Unis et boudé sur le continent européen que l’entreprise chinoise considérait autrefois comme son « marché étranger le plus stratégique », Huawei se réoriente massivement son propre marché : la Chine. Le géant chinois décide tout de même de maintenir des relations avec quelques derniers pays européens : l’Allemagne, l’Espagne, mais aussi la Hongrie. Des États, membres de l’Union européenne, encore disposés à travailler avec une entreprise largement considérée en Occident comme représentant « un risque pour la sécurité nationale».
De manière anonyme, un responsable de Huawei a déclaré que « notre entreprise met de côté ses ambitions mondiales et tente de sauver sa peau sur le marché chinois ». La plupart des employés de Huawei interrogés par Politico ont le même avis. Cette situation compliquée a même été résumée par le fondateur de la société, Ren Zhengfei, dans un discours prononcé devant les cadres du siège social de la société à Shenzhen en juillet 2022. Il a exposé la montagne de défis auxquels l’entreprise a été confrontée au cours des trois dernières années.
Il y a évidemment l’hostilité de Washington, les perturbations dues à la pandémie de Covid-19 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a bouleversé les chaînes d’approvisionnement mondiales et a renforcé les inquiétudes de l’Europe quant à sa trop grande dépendance vis-à-vis de pays comme la Chine. Huawei a toujours eu des ambitions mondiales. Aujourd’hui, l’entreprise se contente donc de tout faire pour survivre dans cet environnement défavorable. Dans cette dynamique de repli, Huawei met sur la touche ou pousse vers la sortie les cadres supérieurs occidentaux, embauchés il y a seulement quelques années.
Selon un témoignage d’un cadre chez Huawei, « aujourd’hui les occidentaux ne sont plus écoutés chez nous ». Le bureau de l’entreprise chinoise à Bruxelles était autrefois une véritable plaque tournante permettant à l’entreprise de faire pression contre les restrictions européennes. Le bureau belge a fermé et les collaborateurs ont été basculés sur le site de Düsseldorf. Voici quelques cadres européens qui ont récemment été écartés : Phil Herd, directeur de la communication pour la Belgique et ancien journaliste de la BBC. À Londres, Paul Harrison, directeur de la communication de Huawei au Royaume-Uni, a quitté ses fonctions en octobre. Même chose à Paris avec le départ de Stéphane Curtelin.
Source: siecledigital
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