Des herbes et fleurs séchées, quelques cristaux translucides, des bocaux à sorts (sic), des sels de bain, de l’encens, des huiles d’onction, un morceau de ficelle et un cube de charbon : le tout est joliment présenté et envoyé dans une starter box (comprendre une « boîte de démarrage »), accompagné de fiches explicatives. Son prix : 86 euros. Etsy, la plate-forme de vente en ligne pour créateurs indépendants, regorge de ce type de witch box, littéralement, « boîtes de sorcière ». Longtemps cantonnés aux boutiques ésotériques, les objets de sorcellerie investissent massivement les sites de commerce en ligne. De véritables marques, lancées avec des packagings et un marketing qui n’a rien à envier aux grandes, ont même vu le jour. Ainsi, version chic et glamour, le site Womoon se flatte d’entretenir une communauté de « sorcières » bienveillantes. Il propose « de beaux outils dédiés à la spiritualité moderne et au féminin sacré », en l’occurrence des rites autour de la lune et du cycle menstruel joliment imprimés. Tout aussi soignée, la boutique de Flos et Luna et ses produits « inspirés par les magies blanche et verte » (entendre « les plantes »).
Cet engouement n’étonne pas Agnès Blain, une professeure de yoga qui se qualifie également de witch, « le terme anglais étant moins connoté que celui de sorcière ». Sur Instagram, elle partage des rituels, des photos accompagnées de citations inspirantes. La jeune femme, qui a grandi en Bretagne, terre fertile du merveilleux, et a été baignée de pop culture dans les années 2000, vient de publier Être sorcière aujourd’hui. Rituels et outils magiques pour transformer sa vie et créer le monde de demain. Et n’a eu aucune difficulté pour convaincre la maison d’édition généraliste First de lui faire confiance. L’éditeur n’est d’ailleurs pas le seul sur le créneau. Marabout, Hachette ou Larousse par exemple ont succombé aux sortilèges, et impriment à la pelle grimoires, livres de recettes… Et, si les éditeurs spécialisés, comme Arnaud Thuly, fondateur d’Alliance magique, se plaignent d’une « concurrence croissante sur un sujet qui reste de niche », ils reconnaissent que les grandes maisons d’édition ont contribué à élargir le rayon ésotérisme. Le succès est au rendez-vous : La Cuisine wiccane , Herbier des sorcières ou Magie verte, parus chez Danaé entre 2017 et 2018, se sont écoulés entre 10000 et 20 000 exemplaires.
Dans ce fourre-tout, certains produits sont parfois douteux
Gare cependant à ces nouveaux marchands du temple. Ni écolo ni spirituel, le commerce en ligne attire de nouveaux adeptes à qui l’on vend un fourre-tout de produits parfois douteux. « Depuis peu, les sorcières occidentales se passionnent pour la sauge blanche. Or, celle-ci provient d’Amérique latine et y a été interdite précisément parce qu’elle était associée à des pratiques de sorcellerie. Aujourd’hui en l’important, nous faisons monter les prix, au risque de voir cette plante disparaître », constate Agnès Blain. Elle a aussi interpellé sa communauté sur le sujet de la lithothérapie : les pierres telles que le quartz rose ou l’améthyste, très à la mode, seraient extraites sans respecter la nature. Plus grave, la jeune femme estime que le milieu est gangrené par « des dérives sectaires et de l’antiscience ». Un cocktail explosif pour soutirer de l’argent à des personnes vulnérables.
Les Français y croient
58% des Français ont déclaré croire à au moins une discipline de parascience : l’astrologie (41%), les lignes de la main (29%), la sorcellerie (28%), la voyance (26%), la numérologie (26%) et la cartomancie (23%). Ifop Fondation Jean-Jaurès 2020
SOURCE : CA M’INTERESSE.FR
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