En effet, depuis le 14 mai dernier, les habitants de Dikolo-Bali, dans la capitale économique du Cameroun, refusent de quitter les lieux. Les engins venus les déguerpir de force, sur instructions du préfet du Wouri, Benjamin Mboutou, ont dû stopper leurs manœuvres à cause de l’opposition rencontrée sur le terrain. Les chefs traditionnels de ces communautés ont également saisi les services du Premier ministre pour contester cette procédure.
Comme griefs, les populations accusent le promoteur hôtelier d’avoir, au moins, dépassé les limites du terrain qui avait fait l’objet d’une déclaration d’utilité publique (DUP), signée le 9 janvier 2020 par le Premier ministre. En effet, la DUP parle d’un terrain d’une superficie d’un peu plus de 2ha au lieudit « Esseké », au quartier Bali, dans le premier arrondissement de Douala, mais les déguerpissements actuels concerneraient une superficie de 4ha. Le décret d’expropriation pour cause d’utilité publique, signé par le Premier ministre, concerne 63 titres fonciers dont les propriétaires doivent être indemnisés à hauteur de 322,5 millions de FCFA. Mais certains expropriés affirment n’avoir toujours pas perçu ces frais d’indemnisations.
De gros intérêts financiers en péril
Ce litige foncier menace plusieurs intérêts financiers. À commencer par ceux de l’État. « Aux fins de l’inscription du présent bail, à la conservation foncière du lieu de la situation du terrain, les parties déclarent que le montant total du loyer pour la détermination des droits à percevoir est de six milliards cinq cent quatre-vingt-deux millions cinq cent mille (6 582 500 000) francs CFA correspondant au loyer annuel initial sur la durée du bail », peut-on en effet lire dans le bail emphytéotique.
Ce qui signifie que l’État doit percevoir un loyer de 131 millions de FCFA chaque année. Au bout de 50 ans de bail, et si le contrat n’est pas révisé, le trésor public attend plus de 6,5 milliards de FCFA. Avec les perturbations actuelles autour des travaux, ces droits sur le bail deviennent problématiques. Même ceux attendus en cas de révision quinquennale de l’accord avec l’entreprise, comme le stipule le contrat signé entre les parties.
Par ailleurs, l’investissement de la société Immigration et Business Canada est aussi en péril à cause du retard pris dans l’exécution des travaux. Le contrat stipule qu’en cas de non-réalisation du projet, dans un délai de trois ans, « l’assiette foncière mise à la disposition est reprise par l’État du Cameroun ». Le compte à rebours est donc lancé pour la société Immigration et Business Canada.
Le coût du projet est estimé à 100 millions de dollars (environ 60,4 milliards de FCFA). L’établissement doit être déployé sur un édifice de 15 étages, comprenant entre autres, 280 chambres y compris des duites présidentielles, une salle de conférence d’une capacité de 1000 places, des appartements, un business Center, un centre commercial, ainsi que des infrastructures de restaurations, de loisirs et de divertissements.
Source: Investir Au Cameroun
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