Amazon profite de la période noire que connaît l’industrie aéronautique pour étendre sa flotte de transport Amazon Air. Le mastodonte de l’e-commerce a annoncé jeudi 5 janvier 2021 son intention de racheter 11 Boeing 767-300 aux compagnies Delta et WestJet, sept auprès du premier et quatre du second. Les appareils seront réaménagés en cargos avant de rejoindre la flotte d’Amazon Air, cette année pour ceux issus de WestJet et en 2022 pour Delta. La firme de Seattle, qui louait jusqu’ici les avions chargés de ses livraisons, signale ainsi clairement son intention de disposer de son propre réseau de transport de marchandises. Ceci étant, on ne devrait pas voir de pilotes Amazon dans un futur proche, l’entreprise s’appuyant pour cela sur des parties tierces.
Acheter ses propres appareils constitue une “prochaine étape naturelle” pour Amazon, explique Sarah Rhoads, vice-présidente d’Amazon Global Air. “Avoir à la fois des appareils en location et en propre dans notre flotte de plus en plus étendue nous permet de mieux gérer nos opérations, et donc de garder le rythme”, a-t-elle souligné dans un communiqué.
Amazon gère désormais en interne au moins deux tiers de ses livraisons
Si l’on ne connaît pas encore le nombre de livraisons effectuées par Amazon en 2020, la firme de Jeff Bezos livrait en moyenne 2,5 milliards de marchandises par an avant cette année marquée par une crise sanitaire historique et une demande hors norme (pas moins de 4130 milliards de dollars de ventes en ligne en 2020, selon le cabinet 99firms). À noter que mi-2020, Amazon gérait près des deux tiers de ses livraisons en interne. La même année, ses effectifs totaux dépassaient le million d’employés, alors que l’entreprise s’engageait dans une frénésie d’embauches (1400 par jour en moyenne entre janvier et octobre) pour alimenter ses opérations, notamment dans les entrepôts.
Mais Amazon n’est pas le seul acteur de l’e-commerce à repenser sa chaîne logistique. En Chine, par exemple, des plateformes telles qu’AliExpress ou Wish (basée à San Francisco, mais dont la majeure partie des marchandises provient de Chine) ont récemment appuyé leurs efforts pour gérer eux-mêmes leurs flux. En cause notamment, des frais d’expédition croissants dus à la réforme en 2019 de l’Union postale universelle (UPU), institution de l’ONU dont le but est de favoriser le développement et la coopération des différents systèmes postaux mondiaux. Réclamée en 2018 par les États-Unis qui menaçaient de se retirer de l’accord, cette réforme a marqué la fin des tarifs extrêmement bas dont les vendeurs chinois ont pu profiter pour acheminer leurs marchandises partout dans le monde.
Wish et Alibaba s’organisent
Dans un pays encore considéré par l’UPU comme en développement, et grâce aux subventions des pays développés, les vendeurs pouvaient par exemple expédier leurs marchandises à des clients situés à des milliers de kilomètres pour un coût moins élevé qu’un envoi domestique, cela en passant par les services postaux publics des pays de réception. Le nouvel accord est entré en vigueur à l’été 2020 et a provoqué une augmentation des prix à l’international de l’ordre de 50 %, par exemple pour les vendeurs passant par l’United States Postal Service.
En conséquence, une entreprise comme Wish s’est mise à gérer près de la moitié de l’expédition de ses commandes à travers son propre système logistique, contre 0 % il y a quatre ans. Alibaba, maison mère d’AliExpress, a également ouvert des entrepôts à l’étranger, réservés avant tout au stockage de marchandises volumineuses telles que les meubles ou appareils électroménagers, et commencé à mettre en place son système logistique en suivant le modèle d’Amazon. Alibaba dispose désormais d’une flotte de 40 à 50 avions cargos qui acheminent les marchandises d’AliExpress à travers le monde chaque semaine, selon le Financial Times. La firme de Jack Ma envoie également ses marchandises en fret longue distance vers l’Europe, une solution pratique pour des produits tels que les parfums, interdits à bord des avions.
Si l’augmentation des tarifs d’expédition s’est répercutée sur les consommateurs, l’impact de l’explosion de l’e-commerce observée en 2020 devrait être durable : le marché global pourrait encore connaître une croissance de presque 12 % en 2021, selon Statista.
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