En Côte d’Ivoire, près de 80% du couvert végétal a disparu ces dernières années. La culture du cacao est souvent indexée. Et pourtant, il existe des initiatives durables, qui associent agroforesterie et culture du cacao. En témoigne l’expérience menée par Ambroise N’Koh, qui cultive du cacao de manière biologique. Ce planteur ivoirien a été primé en 2019 d’un International Cacao Awards. Un prix qui récompense les meilleurs cacaos du monde au salon du chocolat de Paris.
Tous les matins, Ambroise N’Koh observe et parle à ses cacaoyers. « Ici, c’est Capitaine, mon arbre fétiche. Il est le seul cacaoyer qui, à ma connaissance, produit jusqu’à 450 cabosses par an. Il était stérile. Il m’a fallu passer seulement trois mois à ses pieds pour lui demander de ne pas être le dernier de la classe. Et aujourd’hui, il me le rend bien. ».
Ambroise N’Koh, installé près d’Azaguié à 40 km au nord d’Abidjan, utilise des outils et des techniques traditionnels pour entretenir sa plantation de quinze hectares. Des plans de caféiers ceinturent la plantation de cacao. Ce producteur cultive aussi des agrumes et des légumes. Selon lui, l’agroforesterie crée un microclimat et un écosystème qui permet d’éviter d’utiliser des pesticides.
« Un des fléaux qui frappent le cacaoyer, c’est une maladie considérée comme le sida du cacaoyer. Elle est transmise par le virus contenu dans la salive de la cochenille farineuse. Or quand une cochenille farineuse passe par une caféière, elle est dévitalisée. C’est la raison pour laquelle nous mettons la caféière autour du cacaoyer. De plus, dans la caféière, nous élevons ce que l’on appelle des fourmis rouges. Donc tous les insectes qui viennent de la forêt seront détruits à 80 – 90% par ces fourmis. ».
Emprisonner le carbone
Cette plantation fait aussi l’objet d’une analyse régulière : Mafoudia Soumah, une étudiante, calcule chaque jour, le carbone séquestré par chaque arbre de la plantation. « Je dois d’abord mesurer la hauteur de tous les arbres, y compris les cacaoyers ainsi que la circonférence, et je dois aussi analyser le sol. Les producteurs attendent le retour du calcul carbone. Car quand ils plantent des arbres, ils sont payés en fonction du carbone séquestré par arbre. »
Des recherches ont démontré que le rendement était plus important grâce à l’agroforesterie. Dr Athanaze Yaou Bi, enseignant-chercheur à l’université de Bouaké : « Quand les feuillages tombent, les animaux viennent loger là, car il y a une forêt… ça améliore le rendement du cacao. »
Ici, rien ne se perd. Les résidus issus du cacao sont transformés en beurre de cacao ou encore en jus. Des produits valorisés par un groupement de femmes, qui trouvent preneurs à l’étranger.
Source: rfi
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