Il ne manquait certainement plus que la Côte d’Ivoire pour confirmer si besoin en était encore de la grande ambition de Koné DOSSONGUI de reconstituer son empire bancaire. D’après les informations exclusives de Sika Finance, le magnat ivoirien vient de décrocher, en milieu de cette semaine dernière, son agrément pour ouvrir une filiale bancaire sur le marché ivoirien. Un retour au bercail, là où tout avait commencé au milieu des années 1990 quand il reprenait (en 1997) la filiale locale du britannique Barclays pour bâtir le groupe Banque Atlantique cédé au groupe marocain Banque Centrale Populaire (BCP) en 2012.
Après Banque Atlantique Cameroun, seul établissement bancaire resté dans son giron, Altlantic Financial Group (AFG), la holding Koné DOSSONGUI, avait renforcé son portefeuille avec l’acquisition, fin 2020, des filiales de BNP Paribas au Gabon, aux Comores puis au Mali. Et dernièrement intéressée par la filiale du groupe français en Côte d’Ivoire, la holding s’était finalement retirée pour monter de toute pièce une nouvelle banque. Il en est de même à Madagascar où le groupe a également obtenu il y a quelques semaines son agrément bancaire.
AFG, un empire financier qui se consolide
Signe de la vision de Koné DOSSONGUI de construire un groupe panafricain, les filiales bancaires seront identifiées sous une même dénomination : AFG Bank. Un rebranding général qui sera entamé dès 2023 avec l’ouverture de la filiale à Madagascar dans le courant du premier trimestre. Et selon nos informations, devrait suivre AFG Bank Côte d’Ivoire dont le lancement est prévu d’ici juin 2023 au plus tard, avant que la nouvelle signature visuelle soit déployée dans l’ensemble des autres filiales.
Pour le groupe, il s’agit d’une mission de la première importance pour laquelle l’on n’a pas hésité à débaucher Yannick TIENTCHEU, le patron de la communication et du marketing du groupe UBA en Afrique centrale, passé par Orange et MTN au Cameroun.
Le rebranding va également s’étendre aux filiales assurances de la holding implantées au Bénin, au Cameroun et au Mali qui seront présentées sous le nom de marque AFG Assur (une dénomination déjà adoptée aux Comores).
Côte d’Ivoire, Madagascar, Maurice, les nouveaux challenges
Cet activisme observé au niveau de la holding a cours alors que AFG a achevé la prise en main de ses nouvelles filiales pour lesquelles la feuille de route est claire : viser le peloton de tête sur chaque marché. Et pour ce faire, la holding mise sur ses fidèles lieutenants, des anciens du réseau Banque Atlantique.
Au Mali, la nouvelle filiale (BICIM) a été confiée à Daniel TOURE, l’ex-patron de Banque Atlantique du Cameroun qu’il a réussi à placer dans le top 5 du marché local, avec pour mandat de renforcer le réseau et en faire l’un des piliers du financement de l’économie nationale. Il a été suppléé par son adjoint Eric ZOA qui aura la charge de conforter le statut acquis sur le marché camerounais et titiller les leaders du secteur. Au Gabon, Béné Samarie, le directeur général de la BICIG hérite de la même mission et devra challenger BGFIBank.
Aux Comores, Gervais ATTA, a été chargé de la restructuration de BIC Comores dès son acquisition auprès de BNP Paribas. Une banque qui est bien partie pour dégager ses premiers bénéfices cette année après plusieurs exercices dans le rouge, et ainsi consolider sa place de numéro deux du marché. Le ‘’Banquier des îles” est d’ailleurs pressenti pour diriger la filiale malgache selon plusieurs sources concordantes.
Koné DOSSONGUI qui s’est de tout temps appuyé sur son fidèle homme de main et stratège Léon Konan KOFFI, a également étoffé sa garde rapprochée avec un nouvel arrivant, Sionlé YEO, le nouveau directeur général de AFG qu’il a réussi à débaucher dans le courant de la première moitié de 2021 alors qu’il assumait les fonctions de directeur régional pour l’Afrique du Centre et de l’Est de Société Générale. Ce vétéran du marché bancaire africain y joue le rôle de maître d’orchestre et devra réussir la nouvelle approche qui passe, non pas par des acquisitions, mais la création de nouvelles entités qu’il faudra faire grandir rapidement sur de nouveaux marchés.
” AFG est clairement en train de passer à l’échelle. Le groupe a achevé avec succès le changement de la gouvernance numérique et monétique de ses nouvelles filiales au Gabon et au Mali et il accumule de remarquables résultats depuis des années ; en deux ans, il est parvenu à remettre en selle et à renforcer la rentabilité des établissements qui a repris ” résume pour Sika Finance un analyste bien au fait des dossiers de la holding. Quid de l’affaire de la COBAC, le régulateur du marché bancaire de la CEMAC qui avait lourdement sanctionné Banque Atlantique du Cameroun l’année dernière ? ” Le groupe a su réagir et est parvenu à débouter le régulateur devant les juridictions. Une affaire qui a été bien menée et qui n’a manifestement eu aucun impact sur la banque et les ambitions du groupe AFG “, ajoute notre interlocuteur.
Un embonpoint financier qui est d’ailleurs perceptible à travers les projets d’expansion. L’on apprend en effet de sources bien introduites le projet bien avancé d’implanter AFG Bank à Maurice, un hub financier majeur qui charrie d’importants investissements sur le continent.
Rupture du cordon avec Banque Atlantique
Ces nouveaux développements interviennent alors que AFG a fini par rompre depuis un an environ ‘’le cordon” avec le marocain BCP avec qui il était lié dans ABI, Atlantic Business International, la holding qui contrôle le réseau Banque Atlantique dans l’UEMOA. D’une participation de 20% au capital d’ABI en 2015, AFG a cédé toutes ses parts selon nos sources, confortant sa liberté d’action, même si Koné DOSSONGUI y a conservé une petite participation à titre personnel.
Un conglomérat en construction
Mais au-delà des finances, Koné DOSSONGUI est bien parti pour bâtir un conglomérat panafricain avec une volonté affichée de se diversifier dans l’industrie. Après le Cameroun où il a lancé en 2020 une unité de transformation de cacao, le magnat ivoirien a investi dans une cimenterie en Côte d’Ivoire (dont il a doublé la capacité à 3 millions de tonnes par an via une acquisition en début d’année) et qui, sous la houlette de Serge GBOTTA (débauché chez le concurrent LafargeHolcim), revendique aujourd’hui le leadership sur le très concurrentiel marché ivoirien du ciment. Une diversification qui s’accentue avec le démarrage de la seconde unité de transformation de cacao il y a deux mois dans la ville portuaire de San Pédro, dans le sud-ouest ivoirien.
Par ailleurs, celui qui est parfois désigné dans les milieux d’affaires sous le sobriquet du ‘’Dangote ivoirien”, a en projet une cimenterie au Cameroun et à … Madagascar.
Source: Sika finance
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