Taïg Khris, 44 ans, fondateur de OnOff : un autodidacte qui n’est pas -du tout- allé à l’école
Taïg Khris est un profil des plus atypiques. Il n’a jamais été scolarisé. Ses parents se sont occupés de son éducation, et lui inculquent très tôt des valeurs qui lui serviront toute la vie. Il s’est d’abord orienté vers une carrière sportive dans le roller, discipline dans laquelle il a remporté de nombreux titres.
Très tôt, il sait que sa carrière sportive n’est pas éternelle. Il faut se réinventer. Mais en bon sportif, il a le goût du challenge. Il veut travailler dans une industrie avec du potentiel, peu importe laquelle. Il pense alors aux télécommunications. En 2014, il se lance. Son idée : une application mobile qui permet de switcher d’un numéro à l’autre dans son téléphone, sans changer de carte sim. Nul besoin, non plus, d’avoir un deuxième portable. “Je me suis dit qu’il fallait que j’invente quelque chose qui n’existait pas et j’ai pensé au cloud. Tout est sur le cloud de nos jours. Tout, sauf les numéros de portables”, explique-t-il.
Même s’il voit son parcours hors-normes comme un atout incontestable, l’ex-sportif reconverti a rencontré des difficultés et il ne s‘en cache pas. Bien au contraire, c’est à tâtons qu’il a pu se construire. “N’étant pas issu du milieu de la tech, j’ai dû tout apprendre sur le terrain, de l’ingénierie au management d’équipes en passant par le métier d’entrepreneur,” note-t-il. Mais le plus difficile pour lui, ce fut de “gagner la confiance des investisseurs” pour obtenir des fonds. Et pourtant, il a réussi : en juin 2018, il lève 10 millions d’euros.
Son conseil : “Ne jamais trop réfléchir car sinon on n’agit pas.” Selon lui, il ne faut pas s’enfermer dans une vision trop étroite, il faut savoir s’adapter aux imprévus qui adviennent et surtout ne pas rester figer au point de départ. En bref, se lancer, essayer et pratiquer tous les jours.
Marie Vorgan Le Barzic, 45 ans, fondatrice de Numa : l’ancienne barmaid
A l’école, Marie-Vorgan Le Barzic l’avoue elle-même, c’est une élève désastreuse. Elle redouble et peine à décrocher son bac. Après un semestre de philosophie à la fac, elle arrête et devient serveuse dans un bar. Elle reprend brièvement ses études et intègre une prépa d’orthophonie mais rate le concours. Le bar, lui, est toujours là.
Et puis un jour, par le biais d’un ami, elle se retrouve à travailler au service des ressources humaines d’une startup. C’est là où elle élabore l’idée de Silicon Sentier (devenu Numa), une association de startups, qui pour la plupart sont en faillite, et qu’elle compte bien redresser.
Le timing est aussi de son côté. Nous sommes au début des années 2000, la bulle internet vient d’éclater et plus personne ne semble croire au numérique. Mais elle est intimement convaincue que l’avenir est là. “J’étais à contre-courant à ce moment là et il n’y avait donc pas forcément de compétition”, relève-t-elle. Et d’ajouter : “l’environnement sans codes des startups et la diversité des profils cumulé à ma propre intuition m’ont permis de me lancer.”
Son parcours fait sa force. Ce qu’elle a appris et développé au cours des années, elle n’aurait pas pu l’apprendre en école. “L’humilité, l’entraide mais aussi la liberté et la convivialité sont des valeurs essentielles. Dans le passé, j’ai pu être impressionnée par des profils “grande école” mais je sais aujourd’hui que c’est en étant honnête, sincère et consciente que l’on devient une bonne manageuse”, confie-t-elle.
Nicolas Chaput, 57 ans, CEO de Oddo BHF Asset Management : du droit à la finance
Nicolas Chaput a grandi à Strasbourg. Bac en poche, il cherche une formation qui va pouvoir lui donner une compréhension complète du monde qui l’entoure et se tourne ainsi vers les sciences politiques à l’IEP de Strasbourg. “En tant que provincial, ça ne m’est même pas venu à l’idée d’aller à Paris” plaisante-t-il.
Pourtant, une fois l’IEP et son service militaire terminés, il part pour la capitale où il se lance dans un master en droit des affaires à l’Université Paris 2 Assas pour diversifier sa formation. Là, il écrit une thèse sur un tout autre sujet : les introductions en bourse, thème qui le passionne et lui permet de décrocher un poste au Crédit Lyonnais, un premier emploi qu’il obtient “relativement facilement de part la réforme des marchés en cours ce qui élargit la demande de profil généraliste” précise-t-il. Après sept années dans la même entreprise, il rejoint Oddo BHF, un groupe financier franco-allemand dont il deviendra CEO de l’Asset Management et du capital-investissement en 2015.
Pour lui, à aucun moment son parcours académique n’a constitué un frein. Bien au contraire, c’est une force. “La diversité est porteuse de valeur” affirme-t-il. Et d’ajouter : “C’est l’ouverture d’esprit, la curiosité, la flexibilité et la détermination qui drive la carrière. Il faut aussi avoir confiance en soi et surtout ne pas s’autolimiter.” Prendre des risques pour Nicolas Chaput, c’est la clé ! Il faut saisir les opportunités quand elles se présentent. “J’ai pu partir à l’étranger, à New York, à Londres et en Asie, découvrir d’autres cultures et m’ouvrir encore plus. Je n’ai pas hésité non plus à prendre des nouvelles missions, dans des secteurs différents, comme lorsque je suis passé chez BNP en asset management alors que j’étais dans le financement et capital market auparavant”, raconte-t-il.
Philippe Petitcolin, 67 ans, DG de Safran : un professeur de mathématiques devenu patron du Cac40
Voilà un parcours bien atypique pour un patron du Cac40. Philippe Petitcolin commence sa carrière en tant que prof de maths dans une petite ville de la Meuse. Très vite, il se rend compte que le métier est trop répétitif et ne s’imagine pas faire carrière.
Avec un peu de chance et de réseau, il se fait recruter dans une entreprise à la recherche de profils scientifiques pour vendre des machines de laboratoire. Il est ensuite repéré par un chasseur de têtes et intègre Filotex (une filière d’Alcatel-Alsthom) puis Labinal dont il deviendra directeur général en 2001. Entre temps, en 1994, il intègre un MBA au centre de perfectionnement aux affaires (aujourd’hui intégré à HEC) afin d’ “étoffer mon CV avec une formation complémentaire et plus généraliste, qui m’a beaucoup appris. J’ai découvert divers sujets, de l’économie à la philosophie en passant par le marketing”, précise-t-il.
Pour devenir patron, Philippe Petitcolin sent qu’il doit travailler deux fois plus dur que les autres. L’absence de grande école sur son CV fait mouche auprès de ses équipes. “On m’a longtemps fait ressentir ma différence, particulièrement lorsque j’ai pris la direction du groupe Snecma où je dirigeais, entre autres, de nombreux polytechniciens. Leurs appréhensions se sont vite estompées lorsqu’ils ont vu que les résultats étaient là”, confie-t-il. Après avoir navigué au sein de plusieurs entités du groupe Safran, ses brillantes expériences atteignent leur apogée quand il prend la tête du groupe entier, en 2015.
Même si, avec les années, il assure de ne pas avoir rencontré d’obstacles, il ne conseille pas forcément son parcours. “Les parcours atypiques sont plus risqués”, indique-t-il. Et d’ajouter : “Ce n’est pas la grande école qui fait la réussite. Vous pouvez atteindre des postes équivalents voire meilleurs que ceux qui en ont fait une, même dans des industries plus traditionalistes telle que l’aéronautique. J’en suis la preuve. Simplement, il faudra travailler encore plus dur car on part de plus loin.” Pour lui, “il ne faut pas surinterpréter le passage en grande école. C’est une des briques pour réussir mais ce n’est pas la seule. Il faut travailler dur, avoir les bonnes intuitions, avoir de l’autorité et un certain charisme mais aussi de la chance.”
Source: start.lesechos.fr
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