CAMEROUN – Finances : La dette des entreprises camerounaises inquiète, mais crée aussi des opportunités pour le secteur financier

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 Dans son rapport sur la situation économique et financière des entreprises en 2021, publié le 7 juillet dernier, l’Institut national des statistiques (INS) du Cameroun affirme qu’il y a un risque d’insolvabilité des sociétés dont elle a examiné les déclarations fiscales. L’INS justifie son hypothèse par le fait que l’endettement global des entreprises camerounaises représente désormais 6,77 fois leurs fonds propres, alors que la norme de soutenabilité est 4 fois.

 Cette situation « est inquiétante du fait qu’elle traduit leur incapacité à financer leurs dépenses d’investissement uniquement à partir de leurs ressources financières propres ainsi qu’à l’emprunt à moyen et long terme. Pour combler ces déficits, elles font recours non seulement au financement bancaire de court terme, dont le paiement des frais financiers y afférent diminue leurs résultats nets, mais également aux crédits fournisseurs afin de rentabiliser leur cycle d’exploitation », soutient l’INS.

Dans le détail, la dette strictement financière ne représente que 1,37 fois les fonds propres. Même si le ratio est déjà suffisamment élevé en comparaison à la norme de seulement une fois, elle traduit surtout le fait que la croissance des bénéfices des entreprises au Cameroun a été soutenue majoritairement par le non-paiement des factures à leurs fournisseurs, dont des petites et moyennes entreprises.

Le recours à l’endettement pour financer l’exploitation est une pratique des entreprises dans le monde. Mais elle n’est cohérente que si le levier qu’apporte la dette permet de créer bien plus de marge. En 2021, la valeur ajoutée des entreprises camerounaises a connu un bon de près de 10% pour se rapprocher du niveau record de 4000 milliards de FCFA. 38,7% de cette richesse créée ont été affectés à la rémunération du travail et 61,2% ont rémunéré le capital (fonds propres et endettement).

Opportunités

Toutefois, la rémunération de l’endettement semble avoir été plus importante, car même si le bénéfice net des sociétés camerounaises a bondi de 271%, cela est surtout le fait de la Société nationale de raffinage (Sonara), dont l’activité est soutenue par une structure des prix qui lui fixe des marges prédéterminées. Aussi, malgré ce rebond, le bénéfice net consolidé des entités qui ont été analysées a été d’un peu moins de 380 milliards de FCFA.

À la fin du mois d’octobre 2021, la dette bancaire des entreprises publiques et privées avait atteint l’équivalent de 2 642 milliards de FCFA, soit 63,17% de l’encours total des crédits bancaires. Lorsqu’on sait que 15,8% du total des crédits bancaires à cette date au Cameroun était des créances en souffrance, la solvabilité des entreprises modernes dans le pays doit faire l’objet d’un suivi rigoureux, en l’absence d’agence de notation locale et d’un système d’information sur le crédit, peu ouvert et peu accessible au plus grand nombre d’agents économiques.

Mais la situation peut aussi rapidement devenir une opportunité pour le développement d’activités de banque d’investissement. À mesure que se construit le marché de la dette au Cameroun, cela donne des possibilités de créer des actifs financiers adossés sur cette dette, via le processus de titrisation. La possibilité d’effectuer des affacturages et des mécanismes qui en sont proches ouvre la voie à une nouvelle ère pour la finance dans ce pays. Mais il faudrait pour cela une plus grande transparence des sociétés sur leurs comptes financiers.

Source : InvestirAuCameroun

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