Quelles pistes pour améliorer le “soin digital” 10 ans après le lancement de la télémédecine ?

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Le secteur des soins à distance a été bouleversé par l’arrivée de la pandémie de Covid-19. Ainsi, entre janvier et juin 2020, le recours à la téléconsultation a été multiplié par plus de trois auprès des patients et par plus de cinq auprès des médecins. Cette transformation profonde pose de nouveaux défis économiques, juridiques et éthiques.

17 sociétés savantes interrogées
L’entreprise de téléconsultation Livi (groupe Kyr) et la Société française de santé digitale (SFS) viennent de publier un livre blanc pour fournir un ensemble de recommandations afin de “favoriser l’accès aux soins avec l’appui de la santé digitale”. Pour tirer ces conclusions, des interviews des membres de 17 “sociétés savantes”, telles que la société française de pédiatrie, la société française de lutte contre le SIDA…,  ont été menées entre janvier et septembre 2020.

Premier constat : “la consultation présentielle demeure irremplaçable”. Contrairement à ce que certains avancent, la télémédecine n’a pas pour vocation de réduire à néant les consultations classiques en cabinet ou à l’hôpital. Mais bien que complémentaire, la télémédecine doit être traitée comme un échelon à part entière du soin avec ses pratiques bien spécifiques, telles que l’utilisation d’objets connectés.

Encourager la recherche sur la santé digitale
La téléconsultation permettrait également de rebattre les cartes concernant la relation praticien-patient au profit d’un rapport plus équilibré. “L’expérience patient est davantage prise en considération, la relation est recentrée sur l’humain et non pas sur la technique”, juge le livre blanc. Car, au-delà d’une transformation technique, la transition vers “les soins digitaux” exige de repenser l’aspect scientifique voire philosophique de la médecine. Le livre blanc recommande donc de multiplier les efforts de recherche sur “la télémédecine et la santé digitale” en France. Les publications sur ces sujets demeurent rares, estiment les médecins.

Le livre blanc se penche également sur la place des objets connectés pour le recueil d’informations cliniques. Elle est “restreinte du fait de plusieurs limites, technologiques, financières ou logistiques”. En effet, en pratique, ces objets sont rarement disponibles auprès du patient et ne sont liés par aucune norme d’interopérabilité. Ce qui n’est finalement pas plus mal, indique le rapport car lorsqu’ils sont utilisés pour capter une information vitale ils peuvent “flouter les limites nécessaires entre soin présentiel et soin digital”.

Faire sauter les verrous réglementaires
La télémédecine nécessite également de redéfinir “les modalités de collaboration entre soins primaires, secondaires et tertiaires”. En effet, elle n’est plus une pratique d’exception mais de “première ligne”. Ainsi, les médecins interrogés reconnaissent “la pertinence” et le “bien-fondé” de la réalisation de téléconsultations pour des nouveaux patients, “sans aucun préjudice pour la qualité médicale ni pour l’humanité de la relation”.

De plus, la qualité de la prise en charge en télémédecine ne serait absolument pas liée à “la connaissance préalable du patient” ni à “la proximité entre le praticien et le patient”. Une position qui va à l’encontre des prescriptions réglementaires imposées pour recourir à une téléconsultation. Celles-ci exigent que pour qu’un acte soit remboursé, une consultation physique doit avoir eu lieu dans les 12 mois qui précédent. En d’autres termes, le médecin et le patient se connaissent déjà. Pour les personnels de santé interrogés, ces contraintes sont pénalisantes et apparaissent comme “un blocage sans justification”.

Certaines de ces exigences avaient d’ailleurs été assouplies pendant la première vague du Covid-19 pour faciliter l’accès des soins à distance et réduire les risques de contamination dans les salles d’attente. Plébiscitée par certains organismes tels que l’association des Entreprises de Télémédecine (LET), la pérennisation de ces assouplissement sont pas eu lieu. Le directeur général de la Caisse nationale de l’assurance maladie (Cnam), Nicolas Revel, est contre car “nous avons toujours cherché à éviter que la télémédecine soit captée par un petit nombre de médecins qui en feraient leur spécialité”.

Source: usine-digitale.fr

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