Informatique- D’Elon Musk à Jeff Bezos, le jackpot de l’Internet spatial

Partager Sur

Objet de convoitise, le marché des constellations de satellites est en pleine ébullition.

Derrière ces projets, l’ambition de fournir un accès à Internet à haut débit à tous les habitants de la planète.

Un nouvel eldorado pour les entrepreneurs de la Silicon Valley, Elon Musk et Jeff Bezos en tête.

Un combat de coqs, en apesanteur, pour décrocher le jackpot, à défaut de la Lune. Dans la banlieue proche de la Terre, au-dessus de nos têtes, Elon Musk (avec Starlink), Jeff Bezos (Kuiper) et d’autres se livrent une bataille féroce mais silencieuse, à coups de millions de dollars, pour dominer ce marché en pleine ébullition. L’enjeu ? Fournir un accès très haut débit à tous les habitants des zones mal desservies par les réseaux fixes et mobiles des opérateurs télécom, via des milliers de petits satellites, de la taille d’une machine à laver, circulant en orbite basse (550 kilomètres) autour de la Terre. À ce jour, environ 40% de la surface du globe n’est pas couvert par Internet, laissant sur la touche plus de 3,2 milliards de personnes, selon l’ITU (International Telecommunication Union), un organisme qui dépend des Nations Unies.

Dans cette course, Elon Musk a pris un net avantage sur son rival. SpaceX, pour son réseau Starlink, a déjà envoyé avec son propre lanceur des centaines de satellites en orbite. Jeff Bezos, qui prévoit d’investir 10 milliards de dollars dans sa constellation Kuiper, n’a lui encore lancé aucun satellite après avoir pris du retard dans le développement de sa première fusée. Mais le fondateur d’Amazon n’a pas dit son dernier mot. Le géant de l’Internet a annoncé cette semaine avoir noué de gros partenariats avec trois sociétés de lancements spatiaux, dont l’européen Arianespace. Au total, 83 lancements sont prévus sur une période de cinq ans. À terme, Amazon prévoit ainsi de mettre en orbite basse pas moins de 3236 satellites. Un projet qui lui tient à cœur, c’est d’ailleurs l’une des trois priorités évoquées dans sa lettre aux employés d’Amazon en février 2021, dans laquelle il avait annoncé renoncer à son poste de directeur général.

Un marché de plusieurs milliers de milliards de dollars

De son côté, Elon Musk évoque lui carrément 12.000 satellites en orbite basse pour sa méga-constellation Starlink. “Nous voulons créer un système mondial de télécommunications qui sera plus grand que tout ce qui a été imaginé jusqu’à présent”, déclarait en 2015 le fondateur de SpaceX lors de la présentation du projet, rappelant que “la vitesse de la lumière est 40% plus rapide dans le vide spatial que dans la fibre”. Officiellement ouvert en mai 2021, ce service d’accès Internet à très haut débit par voie satellitaire compte pour l’instant 100.000 utilisateurs dans le monde, selon l’entreprise. L’offre nécessite de se procurer un équipement spécifique, vendu autour de 600 euros, en plus de l’abonnement qui avoisine 100 euros par mois.

Au-delà de la bataille d’ego, il y a évidemment la bataille financière. “Bezos et Musk savent que le vainqueur de la prochaine bataille spatiale sera couronné d’ici un à deux ans”, soulignait auprès de l’AFP Dan Ives, analyste au sein de la société américaine d’investissement. Selon ce spécialiste, la monétisation de ce marché commencera réellement dans 15 à 20 ans et pourrait représenter plusieurs milliers de milliards de dollars. En attendant, le développement de ces projets spatiaux se fait conjointement à de juteux contrats publics, proposés principalement par la Nasa et l’armée américaine, qui sous-traitent de manière croissante au privé, permettant à ces entreprises de disposer de budgets conséquents pour développer parallèlement des programmes à des fins commerciales, à l’instar des projets Starlink et Kuiper.

En ligne de mire, la colonisation du Système solaire ?

Une chose est sûre, les deux entrepreneurs de la Silicon Valley ont bien flairé le filon. Et avec l’idée derrière de mener à bien des projets bien plus ambitieux. Tous deux rêvent en effet d’établir des colonies dans l’espace. Mais pour y parvenir, ils ont besoin d’argent. De beaucoup d’argent. Or, si les activités de lancement de fusées pourraient à terme rapporter jusqu’à 3 milliards de dollars chaque année à SpaceX, les revenus générés par Starlink pourraient eux atteindre 30 milliards de dollars par an, selon les estimations d’Elon Musk.“Nous voyons cela comme un moyen pour SpaceX de générer des revenus pouvant être utilisés pour développer des lanceurs et des vaisseaux spatiaux. Nous pensons qu’il s’agit d’un tremplin essentiel sur la voie de l’établissement d’une ville autonome sur Mars et d’une base sur la Lune”, déclarait, en 2019, le milliardaire américain lors d’une conférence de presse.

De son côté, Jeff Bezos mise davantage sur un concept d’habitat spatial, sur le modèle du physicien Gerard O’Neill, dans son livre Les Villes de l’espace. Le scientifique avait imaginé dans les années 1979 un concept de cylindres habitables, comme dans l’illustration ci-dessus. “Je dis à mes amis qui veulent coloniser Mars, allez passer un an au sommet du mont Everest d’abord et dites-moi si vous vous y sentez bien, car c’est un paradis à côté”, avait lancé le patron d’Amazon, lors d’une conférence en 2019, sans citer toutefois son rival. Grâce à la machine à cash de l’Internet spatial, les deux entrepreneurs de la Silicon Valley se rêvent déjà en conquistadors de l’espace.

 

SOURCE : TFI 1 INFO

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *