POINT DE VUE-Déconfinement : comment identifier les personnes les plus à risque

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Que disent les données récentes de la littérature ?

Le diabète : Il nous a été donné ce chiffre impressionnant qu’un tiers des patients décédés sont diabétiques. Ce sont des données italiennes, nous n’avons pas de données similaires en France pour le moment.

Est-ce que ce sont tous les diabétiques ou certains types de diabétiques ? On devrait avoir des réponses très rapidement notamment avec CORONADO, une étude observationnelle qui évalue les facteurs prédictifs de formes sévères de COVID chez les patients diabétiques.

  • À première vue, il semble que ce n’est pas l’équilibre glycémique qui est le facteur prépondérant.
  • Une deuxième chose qui apparaît, c’est que les diabétiques de type 1 font très rarement des formes sévères de COVID-19. En effet, après avoir interrogé de nombreux collègues diabétologues qui voient des patients avec un diabète de type 1, il semble qu’ils ne décrivent pas de formes sévères chez ces patients. Il est probable que ce soit d’abord les diabétiques de type 2 et que c’est probablement l’excès de poids qui est le plus associé, chez ces patients, à des formes sévères. Si cela se vérifie, peut-être que l’on pourra être un peu plus « souple » avec les patients diabétiques sans surpoids, les patients diabétiques de type 1.

L’hypertension artérielle :  on a dit le plus souvent que cela concernait uniquement l’hypertension artérielle non contrôlée. Cette donnée semble ne pas être confirmée, et l’hypertension artérielle, toujours dans le registre italien, était présente chez les trois quarts des patients qui sont décédés en Italie du COVID-19. C’est un facteur de risque qui semble extrêmement fréquent. Attention toutefois — il est déjà fréquent dans la population et en particulier dans la population des personnes âgées, puisque plus de 40 % des patients de plus de 60 ans sont en général déjà hypertendus. Donc quand on dit que les trois quarts des patients COVID sévères sont hypertendus, en risque relatif, c’est à peu près comme ce qu’on voit pour l’obésité, en particulier en France.

L’obésité : une étude française effectuée à Lille montre que 50 % des patients COVID — non pas décédés, mais hospitalisés dans une USI — sont en situation d’obésité, ce qui représente, là encore, un risque multiplié par un peu plus de deux, puisque dans la tranche d’âge hospitalisée, à peu près 20 % de la population présentent déjà une obésité. Est-ce que toutes les personnes obèses sont à haut risque ? Nous n’avons pas du tout la réponse et nous pouvons tout à fait imaginer qu’il faille distinguer des patients obèses métaboliquement sains — ceux qui n’ont pas de diabète, pas de pré-diabète, pas d’hypertension artérielle, pas d’anomalies lipidiques — des patients obèses, ou même peut-être en surpoids, qui ont des anomalies métaboliques. En clair, peut-être que le syndrome métabolique est un facteur de risque plus important encore que le niveau de poids lui-même. C’est une hypothèse qui mérite d’être confirmée, mais c’est une question importante. Parce que si on se rend compte que ce sont plutôt ces patients métaboliques qui sont à haut risque, peut-être qu’on peut être plus souple, encore une fois, pour des patients en excès de poids, mais qui sont, finalement, métaboliquement sains.

Donc beaucoup de questions sont encore en suspens. On espère qu’on aura les réponses dans les prochains jours, parce que de ces réponses dépendra le déconfinement, et on pourra être plus ou moins souple avec certaines catégories de patients.

Ne pas oublier la télémédecine

Un dernier point qui est fondamental : dans tous les cas, si ces patients diabétiques, notamment qui ont besoin d’un suivi médical, ne peuvent pas ou ne veulent sortir de chez eux en raison des risques, il est extrêmement important — et cela a été reprécisé par les Autorités de santé — de mettre en place de la télémédecine. Nous avons la chance en diabétologie d’avoir non seulement la téléconsultation qui est remboursée et qui fonctionne bien, mais également, et je le rappelle, la télésurveillance qui permet aujourd’hui, toujours avec un remboursement par l’Assurance-maladie, de suivre et d’accompagner les patients diabétiques, en particulier quand ils sont à l’insuline et qu’ils ont une hémoglobine glyquée qui est trop élevée.

Je vous remercie de votre attention et je vous dis à très bientôt pour d’autres actualités, d’autres opinions, sur Medscape.

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