Numérique et santé: un avenir à construire, un retard à rattraper

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La santé aussi est à l’aube d’une révolution numérique. Et les débats concernant l’application SwissCovid nous ont montré que le goulet d’étranglement sera plus sociétal que technique. Chacun des grands axes de cette transformation offre d’énormes possibilités, mais aussi des risques qu’il nous faudra apprendre à anticiper et maîtriser.

Le projet du dossier médical électronique du patient est maintenant bien en route. En permettant une meilleure connaissance de l’historique du patient, il sera une aide aux diagnostics, et promet même des économies en évitant des actes redondants. Mais il suscite aussi des inquiétudes sur la protection de données personnelles sensibles. Voir ses photos de vacances ou même ses données de carte de crédit publiées peut certes amener quelques désagréments, mais il en est tout autrement pour ses données de santé. Des normes de cybersécurité de pointe liées à une grande transparence, mais aussi des normes pénales dissuasives en cas de tentative d’utilisation abusive de ces données devraient accompagner ces outils. D’ailleurs, des solutions se préparent (MedCo, etc.).

«L’intelligence artificielle comporte des risques maintenant bien connus des experts, tels que le manque de transparence.»

L’intelligence artificielle (IA) devrait pouvoir offrir bientôt une assistance aux médecins et personnel médical et les rendre plus performants, par exemple en permettant d’affiner un diagnostic en triant les dernières publications scientifiques ou en comparant les expériences similaires enregistrées dans les bases de données anonymisées. Mais l’IA comporte des risques maintenant bien connus des experts, tels que le manque de transparence, et doit être encadrée par des normes éthiques.

L’émergence de la médecine de précision et de la médecine personnalisée, en liant les informations du génome individuel avec les bases de données de traitements médicaux, pourrait permettre de mieux individualiser les traitements. Mais il faudra alors maîtriser les conséquences possibles, telles que le risque d’inégalité d’accès à des thérapeutiques très coûteuses, et, bien sûr, de la protection de données très sensibles.

Coûts et qualité contrôlés

L’automatisation des processus administratifs de gestion de la santé devrait permettre de mieux contenir la charge de coûts administratifs toujours croissante, mais aussi d’assurer un meilleur contrôle de qualité. Pourtant cette automatisation ne devrait pas s’accompagner d’une déresponsabilisation du personnel médical, ni devenir un prétexte à une surveillance poussée.

La télémédecine, assistée par l’IA, offre aussi de grandes perspectives, tant pour décharger le personnel médical de travaux de routine que pour combler certains déserts médicaux. Mais ceci ne doit pas être la porte ouverte vers une médecine à deux vitesses.

La médecine numérique est maintenant en marche. Elle vient avec de grandes opportunités mais aussi des risques qui devront être encadrés. Et c’est maintenant le travail du politique et des citoyens, en dialogue avec les professionnels de la santé et du numérique, d’y apporter la gouvernance nécessaire.

Source: 24heures.ch

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