En Afrique, les nouvelles technologies locales permettent un développement du secteur agricole sur le continent. Des applications de l’agrotech africaine ont été présentées au South By Southwest, le festival de l’innovation à Austin, au Texas, du 10 au 19 mars.
En Afrique, seuls 2% des prêts vont vers l’agriculture. Pour les banques, ce secteur est trop risqué et les investisseurs rechignent à financer quoi que ce soit. Mais avec une population continentale jeune, l’utilisation des nouveaux outils permet de passer outre les financements traditionnels.
Des nouvelles technologies permettent d’augmenter le rendement et d’obtenir des conseils de scientifiques plutôt que d’apprendre en tâtonnant. Il y a par exemple DigiCow. Cette application permet aux petits producteurs laitiers africains d’enregistrer les données de production de lait de leurs vaches (les horaires d’alimentation, les données de la traite, les données de vente, les données d’élevage, les informations sur la santé du bétail…).
Une fonction aide également les agriculteurs à améliorer la reproduction en suivant automatiquement les dates de gestation et permet d’accéder à des vétérinaires agréés ou à des prestataires d’insémination artificielle dans le pays. DigiCow donne enfin, gratuitement, des conseils en gestion du bétail aux éleveurs, des informations sur les tendances du marché et les actualités de l’industrie laitière.
Cette application, créée au Kenya en 2018, est aujourd’hui utilisée par 60 000 exploitations agricoles. Et pas besoin d’avoir un smartphone, car l’application est maintenant développée pour envoyer des données et des conseils en langues locales par SMS. DigiCow fait partie des vainqueurs du prix « Ayute Africa » des jeunes innovateurs dans l’agriculture, remis depuis 2021 par l’ONG Heifer International. Grâce au 1,5 million de dollars du prix partagé avec les deux autres gagnants, DigiCow espère atteindre 500 000 producteurs laitiers cette année.
Manque de matériel
L’agrotech au South By Southwest, c’était également l’application Hello Tractor. Son fondateur, Jehiel Olivier, est parti du constat que 70% de la nourriture est produite par des petites fermes familiales. Mais en Afrique, beaucoup perdent de l’argent parce qu’elles n’ont pas accès au matériel pour rentabiliser leurs cultures. Et s’il était possible de louer à plusieurs cet équipement ? C’est ce que propose l’application Hello Tractor. Elle met en relation les petits agriculteurs qui ont besoin d’un tracteur avec les propriétaires de matériel agricole, qui sont prêts à louer leur équipement à 50 ou 100 km pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois.
L’interface est gérée par des « agents communautaires », sélectionnés et formés pour organiser un calendrier de réservation du tracteur avec des plages pour chaque agriculteur de leur communauté. Cet agent reçoit une commission sur chaque tâche qu’il a créée dans l’application et qui a fait l’objet de l’utilisation du tracteur. Les agriculteurs, eux, ne paient que lorsque le service est terminé. Hello Tractor est présent dans 16 pays, avec des bureaux au Nigeria et au Kenya et des agents présents entre autres au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Ghana.
Du début à la fin de la chaîne de production
Pour savoir quelle terre est fertile et quand elle l’est, les agriculteurs du continent peuvent se tourner vers ThriveAgric. Forte de ses 500 000 utilisateurs au Nigeria, l’application espère en avoir 10 millions d’ici à 2027. Le système d’exploitation agricole (AOS) de l’application contient des données sur les agriculteurs et les clients potentiels qui écoulent leurs produits. Au total, 2 000 agents de la société sillonnent le terrain avec l’application mobile Thrive AOS et cartographient et enregistrent des données précises sur les terres des agriculteurs (comme la composition du sol et la proximité de l’eau). Puis, ils identifient l’utilisation et les besoins de semis, surveillent la performance des cultures, suivent les récoltes et aident au traitement post-récolte.
L’entreprise a également développé une plateforme de marché agricole appelée Tradr. Quelque 12 000 clients, dont 30% de femmes, utilisent Tradr pour acheter des semis, vendre leurs récoltes, louer des équipements agricoles et suivre les prix du marché de différentes matières premières.
Car l’un des problèmes rencontrés par les professionnels de l’agriculture, c’est qu’une fois récoltés, il faut vendre ses produits. C’est là qu’intervient ColdHubs, une application de petites chambres froides pour les marchés africains. Avec la chaleur et sans chaîne du froid, la plupart des produits tiennent au maximum une journée avant de s’abimer et de pourrir. Grâce à ColdHubs, les maraîchers et les éleveurs peuvent louer les chambres froides à la journée ou à la semaine et ainsi approvisionner leur stand au fur et à mesure.
Pour l’instant, une cinquantaine de chambres froides compactes, fonctionnant à l’énergie solaire et gérées par une application sur téléphone, existent sur les marchés du centre du Nigeria. D’ici à 2026, ColdHubs espère la mise en place de 5 000 chambres froides en Afrique de l’Ouest.
Et pour connaître les prix, il y a mAgri, développé par Brastorne au Botswana. Cette application permet aux agriculteurs d’accéder aux informations agricoles, aux marchés et au financement par SMS et par la technologie vocale interactive. Le service mobile Mpotsa (« Demandez-moi ») de Brastorne fournit aux utilisateurs ruraux sans internet des informations recherchées. Des applications qui permettent de couvrir toute la chaîne de la production agricole.
source: RFI
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