Jean-Luc KONAN, PDG du groupe Cofina :
Le secteur financier africain doit proposer des solutions qui tiennent compte de la prédominance des PME et du secteur informel sur nos marchés
Banquier, passé par Citibank, Barclay’s, Ecobank et UBA, Jean-Luc KONAN fait aujourd’hui partie des chantres de l’entrepreneuriat sur le continent africain. A la tête du groupe COFINA, spécialiste africain de la mesofinance, il a fait le choix de sortir des sentiers battus en promouvant une nouvelle approche du crédit, plus proche des entrepreneurs et des PME, et dont le succès ne se dément pas avec une présence dans 8 pays africains.
Dans cette interview, Jean-Luc KONAN aborde un sujet qui le passionne, le financement des PME, et partage son regard sur les enjeux auxquels doivent répondre les établissements financiers sur un marché africain où les attentes restent fortes.
Vous avez choisi l’approche de la mésofinance, offre intermédiaire entre la banque et la microfinance, en vue de mieux adresser la problématique de l’offre de crédit dans nos économies africaines. Direz-vous que le contexte africain dominé par le secteur informel se prête mieux à cette approche du financement ?
Comme nous le savons tous maintenant, le contexte africain est effectivement dominé par le secteur informel. 90% des entreprises en Afrique sont des PME qui fournissent 60% des emplois en prenant en compte les emplois informels. Il est donc clair qu’on ne peut parler de développement en Afrique ou d’amélioration des conditions de vie, sans parler des PME.
Toutefois, malgré l’importance de ce secteur pour l’économie africaine, l’accès au financement est encore trop limité pour les PME. Selon l’initiative Choose Africa, seules 20 % des PME en Afrique ont accès au prêt bancaire, et seulement 6,4% des financement octroyés par les institutions financières classiques sont à l’endroit des PME contre 72% en Europe et 83% aux USA. Le secteur des PME souffre donc d’un important déficit de financement qui freine considérablement son développement.
(…) seulement 6,4% des financement octroyés par les institutions financières classiques sont à l’endroit des PME contre 72% en Europe et 83% aux USA.
La mésofinance permet ainsi d’apporter une solution cohérente en venant justement adresser le problème de financement de ce ‘’missing middle”. En faisant le choix chez Cofina de nous positionner sur ce segment de la mésofinance, nous avons réussi à bâtir un modèle flexible qui répond au mieux aux attentes de nos entrepreneurs. Nous sommes persuadés que c’est la meilleure approche pour arriver à financer nos PME et notre secteur informel et les amener ainsi à se structurer pour devenir nos champions nationaux de demain.
La mésofinance permet ainsi d’apporter une solution cohérente en venant justement adresser le problème de financement de ce ‘’missing middle”.
90% de ces PME sont des ME [moyennes entreprises] et non des TPE [très petites entreprises], le gap de financement est donc abyssal.
A notre sens chez Cofina, la mésofinance vient apporter une solution en ce sens qu’elle vient combler le chaînon manquant que représente le financement des PME. En prenant le soin d’analyser les besoins et le fonctionnement de nos entrepreneurs, nous avons réussi à bâtir un modèle flexible qui répond mieux à leurs attentes. Nous sommes persuadés que c’est la meilleure approche pour arriver à financer nos PME et notre secteur informel et les amener ainsi à se structurer pour devenir nos champions nationaux de demain.
Si on devait parler des banques ou d’institutions financières à l’africaine, à quels enjeux spécifiques ces dernières devraient-elle répondre selon vous ?
L’enjeu principal de nos banques et institutions financières africaines ne saurait être différent de l’enjeu du continent africain dans son ensemble qui est le développement du continent. Le contexte africain est différent du contexte des pays développés en ce sens où il est dominé par les PME et le secteur informel.
Nos banques et institutions financières africaines, de par leurs activités et leur positionnement dans l’économie, se doivent donc naturellement d’être des acteurs clés dans la construction de cette économie.
Nos banques et institutions financières africaines, de par leurs activités et leur positionnement dans l’économie, se doivent donc naturellement d’être des acteurs clés dans la construction de cette économie. A ce jour, le crédit intérieur au secteur privé en pourcentage du PIB représente environ 20% en Afrique contre 255% aux Etats-Unis, 140% en Europe de l’Ouest et 40% en Amérique Latine.
(…) le crédit intérieur au secteur privé en pourcentage du PIB représente environ 20% en Afrique contre 255% aux Etats-Unis, 140% en Europe de l’Ouest et 40% en Amérique Latine.
Plus qu’ailleurs, nos banques et institutions financières africaines doivent répondre à l’enjeux de financement du secteur privé dominé par les PME qui sont malheureusement pour la plupart pas suffisamment structurés pour des financements bancaires classiques. Le défi majeur du secteur financier africain est de réussir à proposer des solutions de financement adaptées au marché africain qui prennent en compte les spécificités actuelles de ce marché en termes de prédominance des PME et du secteur informel …
Source: Sika Finance
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