Télétravail : des risques de soumission à la « dictature informatique », selon le Sénat français

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Absence de webcam, problèmes de débit de connexion, nombre d’équipements insuffisants au sein des foyers… la liste des problèmes techniques rencontrés quand on travaille hors du bureau est longue. En télétravail, les salariés réalisent les mêmes tâches qu’au bureau, avec plus ou moins les mêmes conditions matérielles pour y parvenir. C’est une problématique sur laquelle la délégation à la prospective du Sénat s’est penchée, à l’occasion de la publication d’un rapport sur l’avenir du télétravail.

Si près de la moitié des actifs en France pourraient être amenés à télétravailler tôt ou tard, les Sénateurs ont posé la question des inégalités sous-jacentes, et des risques accrus de cybersécurité que ces déplacements massifs du bureau vers le domicile peuvent entraîner.

Dans leur rapport publié jeudi, les Sénateurs s’interrogent sur le risque de soumission à, ce qu’ils appellent, la « dictature informatique ». Si l’informatique d’entreprise est « techniquement mûre » pour le télétravail, et la couverture du territoire généralement mieux assurée en haut débit, deux risques sont à prendre en compte. D’un côté, le risque accru de sécurité informatique, et de l’autre, celui de dépendance à l’informatique d’entreprise.

La massification du télétravail déstabilise les organisations

Aux logiciels spécifiques, « on a substitué progressivement des applications plus légères accessibles depuis un simple navigateur internet », les  données sont dorénavant stockées dans le cloud, les systèmes informatiques sont devenus « plus agiles, plus fluides mais aussi plus mobiles », et les solutions de téléconférence se sont démocratisées, note le Sénat. Mais les rapporteurs soulignent que toutes les entreprises ne sont pas logées à la même enseigne, et que « les PME en particulier semblent bien moins armés techniquement pour offrir un environnement propice au télétravail ».

Sans parler du risque de fracture numérique qui peut exister entre les salariés. Un risque « limité », admettent les sénateurs, car « les outils du travail à distance nécessitent des compétences techniques assez basiques ». Le rapport montre en revanche que le risque de fracture numérique se situe plutôt entre les acteurs économiques, certains se donnant les moyens de mettre en oeuvre des systèmes informatiques performants et d’autres non.

La massification du télétravail déstabilise bien sûr aussi la sécurité informatique. Le rapport des sénateurs évoque une note de l’Institut Sapiens, qui liste un certain nombre de problèmes potentiels comme le vol de données par des applications tierces, le ralentissemet voire la paralysie des systèmes d’information et l’usurpation d’identité. Si ces risques ne sont pas forcément spécifiques au télétravail, les auteurs du rapport sont d’avis que « l’environnement plus ouvert rendu nécessaire par le télétravail constitue un terrain propice au piratage informatique ».

En outre, le Sénat met en garde contre la « dictature des procédures » qui peut intervenir avec la massification du télétravail. « Si le télétravail n’a pas inventé la mise sous procédure des activités au sein des entreprises et des administrations, il réduit les contacts directs entre collègues et contribue à accentuer la mécanisation des fonctionnements internes » constate le rapport.

En clair, le manque d’interactions avec des collègues, voire des clients, peut faire naître le risque de « se retrancher derrière les procédures préétablies pour la marche quotidienne de l’entreprise et de l’administration et de perte de sens de son action professionnelle » analyse le rapport.

Source: ZDNET

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