Même si leur application stricte n’aura finalement pas lieu avant quelques semaines, les nouvelles règles de WhatsApp sont officiellement entrées en vigueur le 15 mai. Ces nouvelles conditions instituent un partage de données plus important entre la messagerie privée et les autres entités de sa maison-mère Facebook.
Par cette mesure, le géant américain s’autorise désormais à utiliser les informations de profil, de connexion et de transaction de ses utilisateurs pour les partager avec l’ensemble de l’écosystème applicatif de Facebook, Instagram et Messenger en tête, afin d’offrir de nouvelles possibilités de communications aux marques. L’idée est de développer l’aspect business de WhatsApp en donnant aux entreprises un accès à son audience.
Ce changement doit permettre d’augmenter la rentabilité de la plateforme. Il ne remet pas en cause la confidentialité des échanges sur la messagerie, toujours protégés par le chiffrement de bout en bout, contrairement aux conversations sur Messenger, où cette protection est seulement optionnelle.
Les personnes qui ne souhaitent pas valider ces nouvelles pratiques doivent se résoudre à voir WhatsApp peu à peu vidée de sa substance. D’ici quelques semaines, elles ne pourront plus l’utiliser que pour passer des appels puis l’application cessera quasiment de fonctionner à défaut d’accepter la nouvelle politique.
Ce changement de stratégie opéré par Facebook peut être l’occasion de migrer vos conversations vers des messageries plus respectueuses de la vie privée mais au moins aussi sécurisées comme Signal, Telegram, Olvid ou Skred. Présentation.
Signal : recommandée par les experts
La plus célèbre d’entre elles est très certainement l’application Signal. Fondée en 2018, elle n’a pas attendu cet épisode pour jouir d’une excellente réputation en matière de confidentialité et son usage est régulièrement recommandé par les experts. Des centaines de milliers d’utilisateurs ont d’ailleurs déjà commencé à l’utiliser lors de l’annonce du changement de politique de WhatsApp en fin d’année 2020.
Signal repose sur le protocole de chiffrement éponyme imaginé il y a une dizaine d’années par un chercheur en cybersécurité pour chiffrer de bout en bout des messages et des appels afin de les rendre inviolables. Cette technologie est utilisée par WhatsApp depuis 2014 pour sécuriser les échanges de ses utilisateurs par défaut. On la retrouve aussi aujourd’hui dans des services de Skype, Google et Messenger en option.
Contrairement à WhatsApp, Signal est adossé à un organisme non-lucratif. Financée essentiellement par des dons et des subventions, elle n’a pas vocation à réaliser des profits. Cela se traduit par une collecte de données bien moindre : elle nécessite seulement un numéro de téléphone pour créer un compte. Et comme les échanges sont chiffrés, aucun tiers ne peut y accéder, même si les autorités l’exigent dans le cadre d’une enquête.
Le modèle de Signal a cependant connu une évolution récente avec l’intégration à titre expérimental d’une cryptomonnaie, le Mobilecoin, pour réaliser des transactions instantanées et sécurisées directement dans l’application. Une mise à jour vue par certains comme un coup de canif dans son contrat initial. Les partisans d’un chiffrement fort craignent en effet que ce mélange des genres ne nuise à la vocation première de l’application en incitant les autorités à la réguler.
Les “conversations secrètes” de Telegram
Lancée par les frères russes Nikolai et Pavel Durov en 2013, l’application Telegram est née de leur volonté d’échapper à la surveillance du pouvoir central de Moscou. Financée en fonds propres, elle propose aussi le chiffrement des conversations. Mais elle n’utilise pas le même protocole.
Contrairement à Signal, où les échanges sont chiffrés de bout en bout par défaut, il faut utiliser la fonction “conversations secrète” pour bénéficier de ce niveau de protection dans Telegram. Cette option doit être activée pour chaque discussion.
En temps normal, Telegram chiffre les messages entre le client et le serveur, mais les conversations restent accessibles dans le cloud, ce qui permet d’en profiter sur tous ses appareils mais les expose techniquement à d’éventuelles requêtes judiciaires. Les appels téléphoniques et visio peuvent bénéficier depuis peu de la fonction “Secret chat” mais les conversations de groupes ne sont pas chiffrées.
Telegram a connu un premier pic de popularité en 2014 après le rachat de WhatsApp par Facebook qui a poussé des millions de personnes à se rabattre sur “les boucles” de ce service plus confidentiel. Très prisée des politiques, l’application compte aujourd’hui plus de 500 millions d’utilisateurs, mais elle a aussi été entachée par son utilisation par les terroristes et criminels de tous bords désireux de communiquer en dehors des radars des autorités.
Son modèle est lui aussi appelé à évoluer lors des prochains mois avec l’intégration de publicités dans les groupes publics et la vente de fonctionnalités en option.
Olvid, la messagerie française sans intermédiaire
La France a aussi son mot à dire en matière de messageries sécurisées avec l’application Olvid. Fondée par des experts en cryptographie, cette messagerie se prétend plus sécurisée que Signal ou Telegram. De fait, elle n’a pas besoin du numéro de téléphone ni du carnet d’adresses pour fonctionner. Elle requiert seulement un nom et un prénom, qu’elle ne vérifie pas et qu’elle stocke sur la mémoire du téléphone.
La spécificité d’Olvid est que son protocole de chiffrement ne repose pas sur un serveur global, une menace pour la sécurité des utilisateurs s’il est un jour compromis, estiment ses fondateurs. Elle établit un lien direct entre les interlocuteurs et protège leurs échanges et leurs métadonnées sans passer par aucun tiers de confiance, comme le font WhatsApp, Signal et les autres messageries sécurisées. À la place, les interlocuteurs doivent se transmettre un code à 4 chiffres par téléphone, en visio ou de visu. La seule condition est d’être certain qu’il soit donné par la bonne personne.
Ce haut niveau de confidentialité à un prix. Olvid est une messagerie beaucoup moins confortable à l’usage que WhatsApp, Telegram ou Signal. N’espérez pas importer votre carnet d’adresses, il faut valider chaque correspondant selon ce protocole bien précis pour établir son propre annuaire sécurisé. Autre frein à un usage par le grand public, comme l’application n’utilise pas de numéro de téléphone, il n’existe pas de notion de compte. Si vous changez d’appareil, il faudra valider à nouveau vos contacts.
C’est pourquoi Olvid vise précisément le marché des entreprises qui cherchent un moyen simple pour communiquer avec un besoin de confidentialité important, plus ouvert qu’une solution interne comme Microsoft Teams et plus sécurisé qu’une messagerie grand public comme WhatsApp.
Skred, l’autre alternative française de pair à pair
La messagerie Skred, fondée par l’entrepreneur Pierre Bellanger, derrière le groupe Skyrock, s’utilise aussi sans numéro de téléphone. À l’instar d’Olvid, les échanges sont chiffrés de mobile à mobile et ne sont conservés sur aucun serveur. Skred utilise pour cela un système de pair inspiré des travaux des activistes du Guardian Project et validé par l’Anssi.
Contrairement aux messageries traditionnelles, lorsqu’un utilisateur efface un message d’une discussion, il est aussi effacé chez son correspondant. L’application propose également une étonnante fonction Skredboard, une sorte de swipe vertical qui permet de créer des comptes parallèles, protégés par un code, avec la possibilité de former différents niveaux, pour séparer, par exemple, contacts intimes et professionnels. Skred revendiquait plus de 9 millions d’utilisateurs au dernier pointage.
Source:rtl.fr
Articles Connexes
Murielle James est une agricultrice basée sur les ...30th Nov 2020
Dans le but d’endiguer la vague montante de la cyb...22nd Mar 2022
Il possède une expérience de plus de 20 ans dans l...07th Mar 2023
Se lancer à l’international en tant que site e-com...20th Avr 2023