En Afrique, la radio continue d’être la source d’information prioritaire, mais les médias numériques commencent à prendre plus de place. C’est essentiellement ce que conclut la dépêche n°509 du rapport Afrobarometer publié en février 2022. « Entre 2014/2015 et 2019/2021, la proportion d’Africains qui s’informent au moins quelques fois par semaine par le biais des médias sociaux ou de l’Internet a presque doublé, passant de 24% à 43% dans les 31 pays concernés par les deux enquêtes », informe un des sondages. A partir de là, l’étude, basée sur les sondages d’Africains résidant dans 34 pays du continent, essaie d’analyser les changements liés à l’augmentation de l’usage des médias numériques.
Moyens d’accès à l’information (source Afrobarometer)
La principale source d’information reste la radio
L’un des principaux enseignements du rapport concerne la prépondérance de la radio comme source d’information. « En moyenne, dans les 34 pays enquêtés, les deux tiers (68%) des personnes sondées écoutent la radio au moins quelques fois par semaine », renseigne l’étude. Cela s’explique entre autres par la facilité d’accès à la radio sur le continent. « La radio est le média le plus « démocratique », dans la mesure où les disparités de l’accès en fonction du lieu de résidence, du sexe, de l’éducation, et de l’âge sont relativement faibles. Des écarts plus importants s’observent pour ce qui est des autres sources médiatiques, dont l’accès pourrait nécessiter un niveau d’éducation plus élevé, un revenu disponible plus important, ou la résidence dans des zones plus peuplées », peut-on lire dans le rapport. En plus, il y a toujours une forte demande pour la radio. C’est l’une des raisons pour lesquelles, lors d’une session tenue du 28 juin au 02 juillet 2021, l’Union Internationale des télécommunications (UIT) et l’Union Africaine des télécommunications (UAT) ont travaillé à l’augmentation de l’accessibilité aux fréquences FM. « L’accès à l’information est essentiel à la réalisation du Programme des Nations Unies pour le développement durable, et l’UIT est ravie de s’associer à l’Union africaine des télécommunications dans ce projet visant à renforcer la portée de la radio en Afrique. La radio FM est devenue l’un des médias les plus dynamiques, les plus réactifs et les plus attrayants, touchant un large public et permettant une diversité accrue, où toutes les voix peuvent être entendues », a expliqué Houlin Zhao, secrétaire général de l’UIT.
Les médias sociaux et internet en forte progression
Malgré la pérennité de la radio, la principale information reste la croissance de l’utilisation d’internet et des médias sociaux pour s’informer en Afrique. « La consommation de médias numériques à des fins d’information croît rapidement. Entre 2014/2015 et 2019/2021, la proportion d’Africains qui s’informent au moins quelques fois par semaine par le biais des médias sociaux ou de l’Internet a presque doublé, passant de 24% à 43% dans les 31 pays concernés par les deux enquêtes », informe l’étude. Ce constat s’explique par la croissance de la pénétration d’internet sur le continent. En 2019, par exemple, le continent africain affiche le plus fort taux de croissance d’internet au monde avec une progression annuelle de 20%. Mais la pénétration d’internet en Afrique est encore loin d’atteindre au niveau moyen mondial. En 2020, selon la plateforme Internet World Stats, l’Afrique affichait un taux de pénétration d’internet de 39,3%, pendant que la moyenne mondiale était de 58,8%. Cela explique peut-être le fait que les médias numériques soient moins utilisés en Afrique que dans le reste du monde. En effet, internet et les médias sociaux restent derrière la télévision et la radio. Mais, comme le montre le graphique ci-dessus, les courbes d’utilisation de la radio et de la télévision sont descendantes tandis que celle des médias numériques est en pleine croissance.
Médias sociaux, information, désinformation et influence en Afrique
Les chiffres d’utilisation des médias sociaux comme moyens d’information montrent à quel point les Africains commencent à se baser sur ce moyen pour s’informer. A titre d’exemple, lors du coup d’Etat guinéen de septembre 2021, les réseaux sociaux ont été les principales sources d’informations sur la situation pendant plusieurs heures. Le caractère instantané des médias sociaux les met en concurrence avec les médias au niveau de la rapidité de l’accès à l’information. Mais dans le même temps, le manque de régulation des médias sociaux expose la population à des campagnes de désinformation ou d’influence qui ne seraient pas évidentes avec du contenu publié par des médias astreints à certaines obligations. Face à cette situation, de nombreux gouvernements africains veulent mieux contrôler les médias sociaux. « La majorité, 57%, des Africains considèrent que les médias numériques ont des effets essentiellement positifs sur la société, tandis qu’un quart seulement ,24%, considèrent que leur impact est surtout négatif. Toutefois, même si les Africains apprécient la capacité des médias sociaux à informer et à autonomiser les citoyens, ils perçoivent également des menaces évidentes dans leur capacité à diffuser de fausses informations et des discours de haine », déclare le rapport à ce sujet.
Fréquence d’utilisation des différentes sources d’information.
Sur cette question, aussi bien au niveau de l’étude qu’au niveau des sondés on observe une sorte de confusion entre presse numérique et réseaux sociaux. Les sondés surtout ne semblent pas réellement faire une grande différence entre la presse digitale et les réseaux sociaux, comme source d’information en Afrique. Cette situation pose un problème d’éducation aux médias assez rarement évoqué en Afrique.
SOURCE : AGENCE ECOFIN
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