En Afrique, Facebook est Internet. Les entreprises et les particuliers en sont très dépendants, car l’accès à l’appli et au site est gratuit sur de nombreux réseaux africains de télécommunications : autrement dit, nul besoin d’avoir acheté des recharges pour s’en servir.
En 2015, Facebook a lancé Free Basics, un service qui donne accès à la plateforme même sans crédit de données. Conçu pour fonctionner sur des téléphones mobiles rudimentaires, qui composent la vaste majorité des appareils utilisés sur le continent, Free Basics donne accès à des contenus limités, sans son, image ou vidéo.
Depuis cinq ans, Free Basics a été déployé dans 32 pays d’Afrique. Et l’ambition de Facebook ne s’arrête pas là. Quand il n’existe aucun prestataire télécom pour créer un partenariat, ou quand les infrastructures sont insuffisantes, le géant met au point des satellites qui peuvent déployer un accès à Internet dans des régions reculées. Mais ce projet a essuyé un revers en 2016, quand une fusée de SpaceX, l’entreprise d’Elon Musk, a explosé et détruit le satellite Amos-6 à son bord, que Facebook voulait mettre en orbite pour louer des connexions à Internet en partenariat avec Eutelsat, fabricant français de satellites.
En Afrique, l’accès à Internet a presque toujours lieu sur un téléphone mobile ; environ 8 % des foyers africains ont un ordinateur, alors que 50 % ont un mobile. La moitié des mobiles ont une connexion à Internet, mais pas grâce à des forfaits sur abonnement. La majorité des utilisateurs de données mobiles achètent des recharges et alternent parfois entre plusieurs cartes SIM pour profiter des offres les plus avantageuses. Quand leur forfait de données mobiles est écoulé, ils conservent leur accès à Facebook.
En Occident, les internautes suppriment leur compte Facebook pour diverses raisons, notamment les problèmes relatifs au respect de la vie privée, l’instabilité politique accentuée en raison de ses algorithmes qui privilégient le désaccord et les tensions, et le côté ringard de la navigation sur la plateforme. Les plus jeunes préfèrent des contenus plus courts et éphémères, comme sur TikTok, Instagram et Snapchat.
Selon la lanceuse d’alerte Frances Haugen, qui a témoigné au Sénat des États-Unis, l’entreprise sait que sa croissance stagne dans certaines régions et auprès de certains publics. “Facebook comprend que pour continuer à se développer, il faut trouver de nouveaux utilisateurs”, a-t-elle déclaré aux sénateurs. Un document interne de Facebook fait référence à la baisse du nombre de jeunes utilisateurs dans les “économies les plus développées”.
Tout comme l’industrie du tabac a tourné ses efforts vers les marchés émergents quand sa croissance ailleurs a été sapée par de grands procès, des réglementations et des campagnes de sensibilisation, Facebook s’intéresse à de nouvelles régions.
En 2020, au début de la pandémie [de Covid-19], mes déplacements sur le continent africain ont été limités pendant des mois d’affilée – par exemple en Égypte, pendant une fermeture de l’aéroport et un strict couvre-feu. Mon compte Facebook – vestige de ma jeunesse et de vieilles habitudes en ligne – est devenu un outil essentiel pour contacter des entreprises, trouver des numéros de téléphone, commander à manger et même connaître les bons plans pour trouver un vaccin. Les liens que j’ai consultés m’ont systématiquement menée à une page “Inscrivez-vous à Facebook pour commenter ou écrire un message”.
Source : CourrierInternational
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