La nécessité de renforcer les infrastructures numériques
Les prédictions de l’ONU concernant l’augmentation de 81% des exportations intra-continentales par le biais de l’Accord ne se réaliseront que si l’utilisation du digital se généralise de manière encadrée. Alors que le nombre de raccordements au haut débit en Afrique a franchi la barre des 400 millions en 2018, le taux de pénétration de la 3G et de la 4G n’atteint que 25 % en moyenne, un frein à la mise en commun des ressources, qui offrirait aux entreprises de tout le continent l’accès à un marché plus large. Dans ce cadre, le secteur privé doit s’associer au Secrétariat permanent de l’Accord afin de construire les infrastructures nécessaires pour transcender les frontières physiques et l’exclusion géographique.
La simplification des procédures administratives
Dans l’objectif de bénéficier de l’utilisation fonctionnelle des technologies, une harmonisation des politiques et des règlementations est primordiale afin d’entamer des procédures, quel que soit le lieu, et d’avoir accès à tous les documents nécessaires. Au-delà de l’utilisation du numérique qui permettrait notamment une traduction instantanée des textes juridiques dans les principales langues des pays africains, le digital amplifierait la disponibilité des informations qui se perdent actuellement dans un système procédural surchargé. Ainsi, les dispositions spécifiques recherchées par les entreprises, les agences douanières et les décideurs politiques seraient plus rapidement identifiées. De plus, la transmission instantanée des règles commerciales au fur et à mesure de leur création à tous les acteurs assurerait la cohérence sur l’ensemble de et la constante légalité des transactions transfrontalières.
Un devoir de protection des données pour l’ensemble des utilisateurs
Sur un marché constitué de 1,2 milliard de personnes, des considérations sont également à prendre quant aux données soumises par l’ensemble des acteurs à des contreparties commerciales. Un rapport de 2016 de la CNUCED notait déjà l’importance de la protection des données comme étant directement liée au commerce des biens et des services dans l’économie numérique. Une protection insuffisante pourrait avoir des effets négatifs sur le marché en réduisant la confiance des consommateurs. Si l’on prend l’exemple du dépistage dans les Centres africains pour le contrôle et la prévention des maladies, la mise en ligne des données, partagées à l’échelle continentale, exige une extrême vigilance et des lois précises contre une utilisation frauduleuse des données personnelles des populations. Dans ce cadre, la numérisation des procédures administratives fait émerger un besoin de plateformes sécurisées, et une amélioration de la cybersécurité au sein de la zone. Aujourd’hui, 24 pays africains ont adopté des lois sur la protection des données selon l’organisation Privacy International. D’autres pays ont introduit des projets de loi sur la protection des données qui sont en cours de discussions ou qui attendent d’être inscrits à l’ordre du jour législatif, il semble donc judicieux que l’Accord de la Zelcaf intègre des dispositions applicables à tous les États membres qui le ratifient.
En définitive, un accord de libre-échange digitalisé accompagné d’un cadre juridique souple rendra l’interprétation et l’application des règles commerciales plus simple pour tous les acteurs de la zone. Ce qui permettra une dynamisation du commerce africain concomitant avec une hausse de l’économie numérique, transformant la Zlecaf en catalyseur tant attendu pour la relance économique du continent.
(*) Philippe Wang est vice-président exécutif de Huawei Northern Africa
Source: afrique.latribune.fr
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