Entretien : que répondre à la question-piège “Parlez-moi de vous” ?

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“Parlez-moi de vous est quasiment la seule question que je pose en entretien, avoue Nathalie Monin, DRH chez Eni Gas & Power France. Elle permet d’enclencher un vrai moment d’échange, d’adulte à adulte, et de découvrir tout ce qui n’est pas indiqué sur un CV”.

Cette DRH s’étonne d’ailleurs que les recruteurs continuent à mener des entretiens codifiés, posant toujours les mêmes questions à des candidats apportant des réponses stéréotypées. Pour elle, inciter l’autre à parler de soi “ouvre à plus de liberté, plus de sens. La question déclone les candidats et montre leur véritable valeur”.

Une opportunité unique aussi de prouver sa différence face aux autres prétendants. Encore faut-il savoir comment bien y répondre, car la question a le don d’en déstabiliser plus d’un.

Eviter de répéter son CV

Pour Emmanuel Stanislas, fondateur du cabinet de recrutement Clémentine, spécialiste de l’IT et du digital, l’erreur la plus fréquente des candidats consiste à décliner d’emblée leur identité, puis à répéter leur CV. “Cela n’a aucun intérêt et c’est une perte de temps. Le CV, on l’a déjà sous les yeux. Ce qui m’intéresse c’est de savoir pourquoi vous êtes motivé par le poste et en quoi vous pensez être la bonne personne pour l’occuper”.

Ce chasseur de têtes qui mène des entretiens depuis plus 20 ans préconise d’expliquer les choix, les orientations, “les jonctions” entre un emploi et un autre. “Parlez-moi de vous” invite le candidat à “se dévoiler”, à raconter ce qui lui tient vraiment à cœur. “Dites-moi ce qui fait sens dans votre parcours, voire dans votre vie en général”.

Cette question revient à “humaniser la relation entre le recruteur et le candidat”. Emmanuel Stanislas a plutôt l’habitude de la poser à la fin de l’entretien, après avoir passé en revue la fiche de poste, les objectifs de la mission, les compétences et réalisations du candidat.

Des pitchs à tester

Que la question soit formulée au début ou à la fin de la rencontre, la réponse ne souffre d’aucune improvisation. Le cabinet de recrutement Fitae propose sur son blog trois manières différentes de se présenter pour convaincre un recruteur.

La première consiste à parler de vos trois meilleures qualités et à expliquer comment elles vous ont permis de réussir vos expériences passées et vos projets personnels.

La seconde est axée sur les résultats très concrets que vous avez obtenus dans des postes précédents. Par exemple, vous avez réussi à augmenter de 20% le chiffre d’affaires de votre employeur précédent, ou à attirer plus de 1.000 fans par mois sur la page Facebook de l’entreprise.

Dernière technique : expliquez au recruteur d’où vous venez (par exemple, vous venez d’être diplômé ou de terminer un CDD chez X), ce qui vous pousse aujourd’hui à postuler dans cette entreprise en particulier, et quel est votre projet professionnel.

Le Lean Canvas en rescousse

Nathalie Monin qui a toujours travaillé dans des startups et des ETI en croissance, conseille pour sa part de s’inspirer de la matrice du Lean Canvas, généralement utilisée pour formaliser un business model ou un produit.

“Demandez-vous quels sont les trois problèmes que vous pouvez résoudre dans la boîte, quelles sont les trois solutions que vous pouvez lui apporter, en quoi vous êtes différent des autres candidats, quelle est votre valeur, votre coût et votre R.O.I, quelle est votre punchline”. Selon cette DRH, vous avez là suffisamment d’éléments pour muscler votre présentation.

Dernier conseil, attachez-vous à être clair, synthétique et concis, tout en faisant preuve de naturel. N’oubliez pas qu’avec cette question, le recruteur va aussi évaluer votre capacité à structurer votre pensée et votre manière à bien vous exprimer.

Source: Les echos

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