Elle cultive ses plantes avec une créativité inspirée des terres d’Inde

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Murielle James est une agricultrice basée sur les hauteurs de Bouniols, près des Costes-Gozons. Une femme pleine d’énergie, à l’esprit vif, qui regorge de débrouillardise et d’initiatives. Peut-être de par son vécu et son handicap avec lequel elle a toujours vécu depuis sa naissance : elle est malentendante.

Sur la colline, où elle vit entourée d’une famille nombreuse, bienveillante et accueillante, une serre surplombe la vallée avec des cultures peu répandues sur le secteur : du gingembre et du curcuma. “J’en ai planté l’année dernière. Les pieds se multiplient aussi vite que des pommes de terre. Il suffit de bien arroser et d’avoir beaucoup de soleil, que la terre soit bien drainée”, explique-t-elle avec ses mots que l’on comprend aisément.

Murielle a, depuis toujours, une passion pour l’Inde et sa culture. Un voyage qu’elle avait effectué plus jeune et l’a profondément marquée. “Mon ancien compagnon parlait anglais là-bas et avait du mal à se faire comprendre, moi je lisais sur les visages, je négociais tout. Les Indiens m’aimaient bien”, sourit-elle.

Aucune structure pour malentendants à proximité

Depuis cette riche expérience, elle cuisine des plats à base d’épices, ou encore de très bons thés au gingembre, à la cardamome et aux baies de genévrier avec un peu de lait. Mais elle est aussi présente, sur le marché du samedi matin de Saint-Affrique, avec ses pots de confiture de gingembre mélangés à la rhubarbe ou aux potimarrons. Ce marché où, pendant longtemps, elle avait du mal à se faire comprendre. Dans sa serre, on retrouve des plantes d’aloé verra, mais aussi du basilic sacré de l’Inde, la lippia dulcis, qu’elle cuisine dans de délicieux gâteaux apéritifs. “Je cherche des gens qui pourraient me donner d’autres recettes de cette plante (*).”

La productrice de 45 ans lit sur les lèvres et a toujours eu a à cœur de se faire comprendre, n’ayant jamais appris la langue des signes. C’était aussi une volonté de ses parents. Marie-Claude, sa mère, avait fait ce choix à l’époque avec son mari car aucune structure pour personne malentendante ne se trouvait à proximité. Elle ajoute : “La plus proche était sur Rodez à plus d’une heure et demie de route. Il aurait fallu qu’elle soit interne, toute petite. Ça n’a pas été facile, mais on a tout fait pour qu’elle puisse parler et comprendre le monde qui l’entoure.” Au collège, elle rejoindra la classe de sa sœur Jessica. Elle lui expliquera les cours des professeurs parlant parfois trop vite. Une aide précieuse pour la jeune fille, en échange de laquelle, de temps en temps, elle lui filait quelques réponses aux interros de mathématiques. “Elle lisait sur mes lèvres, les professeurs ne connaissaient pas notre langage”, plaisante-t-elle.

Avec ses cinq enfants qui l’entourent et qui lui parlent parfois sans un bruit, mais avec une grande écoute, et déjà une petite-fille, Cassiopée, elle ne peut que se réjouir du chemin qu’elle a parcouru.

Murielle James est agricultrice sur Bouniols où elle cultive du gingembre et du curcuma. / Photo, A. Cros

Source: Midi Libre

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