Électricité : le Belge Patrick Eeckelers prend la tête d’Eneo, dans un secteur sous haute tension

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Ancien d’Électricité de France (EDF) devenue Engie, Patrick Eeckelers revendique 30 ans d’expérience dans le secteur de l’énergie, dont 20 années d’affectations internationales, notamment à Dubaï, en Arabie Saoudite, en Hongrie, en Bolivie, au Pérou, en Turquie, en Thaïlande, en Belgique, etc. Cette longue expérience internationale lui permettra-t-elle seulement de redorer le blason d’Eneo ? Interface entre le secteur et le public, l’électricien est régulièrement sous la sellette, en raison des délestages devenus le lot quotidien des populations et des entreprises camerounaises.

En effet, Patrick Eeckelers prend les rênes d’une entreprise opérant dans un environnement marqué par un sous-investissement criard sur le réseau de transport, ce qui en fait le principal talon d’Achille du secteur de nos jours. Tout au long de l’année 2021, par exemple, ce réseau de transport, dont la gestion a été transférée depuis 2018 à l’entreprise publique Sonatrel, s’est effondré plusieurs fois, plongeant la quasi-totalité du pays dans le noir. Depuis 2012, les investissements dans le segment transport ont été quasiment arrêtés. Le projet de remise à niveau des réseaux de transport d’électricité et de réformes du secteur (2016-2022), qui devait rattraper ce retard, piétine (autour de 10% de taux de réalisation à fin septembre 2021), malgré la disponibilité des financements.

Tensions de trésorerie

Par ailleurs, cumulant plusieurs milliards de FCFA de factures impayées auprès des clients, dont principalement l’État et ses démembrements, Eneo se trouve souvent dans l’incapacité d’honorer ses engagements vis-à-vis de ses fournisseurs. Cette tension de trésorerie quasi permanente met généralement à mal l’approvisionnement des centrales thermiques en combustibles, avec pour corollaire le rationnement dans la distribution de l’énergie électrique.

En tout cas, durant son séjour à la tête d’Eneo, Patrick Eeckelers devrait s’employer à chasser les démons des délestages, que son prédécesseur n’aura pas réussi à dompter, en dépit d’un magistère bien rempli à bien des égards. Dans le détail, le règne d’Éric Masuy à Eneo aura été marqué par la conduite des négociations et le remboursement effectif d’une partie de la dette colossale de l’État et des entreprises publiques vis-à-vis de la compagnie d’électricité. À ce titre, Eneo a perçu 45 milliards de FCFA de l’État en 2020, et reçoit progressivement une autre enveloppe de 182 milliards de FCFA depuis fin 2021. En plus de ces remboursements de dettes qui ont concouru à l’assainissement partiel des finances du secteur de l’électricité, Eneo a accéléré ses investissements sous Éric Mansuy, atteignant la barre de 52 milliards de FCFA pour la seule année 2021.

Investissements

« 52 milliards de FCFA c’est près de deux fois plus que la moyenne annuelle du montant mis par l’entreprise les années précédentes. Cette progression dans le volume des investissements tient principalement au retour de la confiance des bailleurs de fonds, qui est consécutifs à l’assainissement des finances du secteur de l’électricité, et qui a permis de lever 100 milliards de FCFA sur le marché local en fin d’année 2020, auprès d’un syndicat de banques », explique un collaborateur du DG sortant.

Par ailleurs, au cours des trois dernières années, Eneo a accru de 5 points son rendement de distribution (67 à 72%) grâce à une lutte plus acharnée contre la fraude sur le réseau électrique ; le nombre de clients a progressé de 220 000, atteignant un parc de 1,7 million d’abonnés en 2021 grâce aux nouveaux branchements et à la conversion des anciens fraudeurs. Dans le même temps, à la faveur des investissements réalisés, l’entreprise a poursuivi la stabilisation de son réseau de distribution (remplacement des poteaux en bois, renforcement des lignes, etc.).

« Si entre janvier et octobre 2021, la fréquence et la durée des interruptions dues aux incidents sur le réseau de distribution ont connu une baisse de 18%, en fin janvier 2022, on note une baisse autour de 40%, en comparaison avec la situation en fin janvier 2021. C’est une tendance qui se confirme depuis le début du mois de février 2022 », fait observer une source autorisée.

 

SOURCE : INVESTIR AU CAMEROUN

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