La Côte d’Ivoire a été le premier pays d’Afrique subsaharienne à lever des fonds sur le marché international depuis le début de la pandémie. L’émission obligataire du 24 novembre s’est clôturée avec la mobilisation d’un milliard d’euros. Cette opération s’inscrit dans le cadre de la gestion de la dette publique du pays et de la stratégie gouvernementale de gestion de la dette à moyen terme, conformément aux recommandations du Fonds monétaire international (FMI) (réduction du risque de refinancement et des pics de maturité à courts et moyens termes, allongement de la maturité moyenne de la dette publique et réduction de la part de la dette publique exposée aux fluctuations de change).
Les intentions de souscription ont dépassé les 5 milliards d’euros, soit plus de cinq fois le montant escompté. Après adjudication, le montant de 1 milliard d’euros a été retenu, avec une maturité de 10 ans, au taux de remboursement de 5%.La « Côte d’Ivoire bénéficie de la confiance des investisseurs présents sur les marchés », s’est félicité Adama Coulibaly, le ministre de l’Economie et des Finances de Côte d’Ivoire. Selon Bernard Ayitee, un financier ivoirien à la tête d’Obara Capital, il s’agit même d’un « mini exploit dans le contexte actuel ».
Cette attractivité -conservée- s’explique en grande partie par des indicateurs macro-économiques particulièrement attractifs, par une croissance moyenne annuelle supérieure à 7% entre 2012 et 2019, selon la Banque mondiale (qui atteindra +1.8% cette année, en dépit de la pandémie de Covid-19 selon la Banque mondiale). Le déficit budgétaire est contenu à 3% et le maintien de la notation financière de la Côte d’Ivoire par les agences Moodys (Ba3, perspective stable) et Fitch (B+, perspective positive), restent parmi les plus élevées d’Afrique subsaharienne. Enfin, en dépit d’une élection présidentielle mouvementée, l’appel au dialogue lancé par le président Ouattara, semble donc avoir rassuré les investisseurs internationaux. Dans un tweet du 1er décembre 2020, le chef de l’Etat s’est dit « fier de cette levée d’un Eurobond de un milliard d’euros ».
Environ 150 milliards de francs CFA (228 millions d’euros) viendront alimenter le budget de l’Etat pour financer les investissements prioritaires prévus dans la loi de Finances 2020 et le reste, soit 850 milliards de francs CFA, sera consacré au rachat de trois séries d’Eurobonds existants. « La confiance des investisseurs permettra au gouvernement de maintenir les politiques publiques robustes qui ont contribué à alimenter la croissance économique exemplaire du pays » s’est réjoui Adama Coulibaly.
Taux de financement historiquement faible
L’Eurobond s’accompagne d’une opération de gestion de passifs visant à un refinancement anticipé des séries Eurobonds EUR 2025, USD 2028 et USD 2032 pour un montant nominal total de 825 millions de dollars. Elle a suscité le plus grand livre d’ordres jamais atteint par la Côte d’Ivoire en atteignant plus de 5.1 milliards d’euros. A l’instar de Global Evolution, certains des investisseurs ont participé pour la première fois à cette levée de fonds, ce qui témoigne d’une appréciation plutôt favorable du crédit de la Côte d’Ivoire sur les marchés internationaux.
Parallèlement, le pays du cacao a obtenu le plus faible coût de financement de son histoire sur les marchés obligataires internationaux avec un coupon de 4.875%, contre 5.25% obtenu en mars 2018 (Eurobond 2030) et 5.875% en octobre 2019 (Eurobond 2031) sur des maturités similaires. Comparativement, que ce soit sur les marchés primaires ou secondaires, les autres pays de la région (Ghana, Egypte, Cameroun, Gabon, Kenya) ne sont pas parvenus à obtenir un taux d’intérêt en deçà de 6%.
Le taux d’une nouvelle émission en euros de la Côte d’Ivoire était estimé à plus de 6.5% fin octobre, à 5.6% le 10 novembre puis à 5.4% le 20 novembre. « Dans un contexte post-électoral crispé, de récession mondiale, de frilosité des marchés financiers, réussir une telle levée de fonds, a fortiori sans road show, témoigne de la crédibilité de la signature de la Côte d’Ivoire et de la résilience de son économie » analyse Bernard Ayitee. En complément à la mise en ligne d’une présentation-investisseurs, des échanges bilatéraux ont été menés auprès d’une quarantaine d’investisseurs le 23 novembre dernier, lesquels ont soumis près de 2 milliards d’ordres lors de l’émission. Cette opération devrait permettre d’une part de réduire les risques de refinancement et de change de la dette publique, en contribuant à l’amélioration des marges vis-à-vis des ratios de surendettement du FMI et d’autre part, d’éviter des risques de dépassements des seuils du FMI, notamment en 2025 et 2026.
Source; La Tribune Afrique
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