Entre novembre 2020 (réalisation effective des premières opérations de rachat des titres publics, initiées par la banque centrale) et mai 2021, l’encours des titres publics ayant permis aux six États de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale) de mobilier des financements sur le marché de la Beac, s’est accru de 925,3 milliards de FCFA, selon la dernière édition de « La lettre de la recherche », une publication de l’institut d’émission des États de la Cemac.
Selon les statistiques de la banque centrale, au 31 mai 2021, les quatre pays de la Cemac ayant adhéré au programme de rachat des titres ont bénéficié des concours financiers d’un montant total de 215,6 milliards de FCFA (un peu plus du tiers de l’enveloppe de 600 milliards de FCFA disponible, NDLR). Avec 77,7 milliards de FCFA, le Gabon est le pays qui a le plus bénéficié de cette opération mise en place par la Beac. Viennent ensuite le Tchad (62,9 milliards de FCFA), le Congo (61,8 milliards de FCFA), et le Cameroun (13,2 milliards de FCFA).
« Ainsi, la mise en œuvre du programme de rachat aurait contribué à hauteur de 23,3% à l’accroissement des ressources mobilisées par les États membres de la Cemac sur ce marché », conclut Ivan Bacale Ebe Molina, le directeur général des études, finances et relations internationales de la Beac, auteur d’un article intitulé « évaluation des mesures adoptées par la Banque centrale en riposte à la pandémie de Covid-19 ». En d’autres termes, à travers cette opération, la Beac n’a contribué qu’à 23,3% au financement des États.
Une opération peu courue
Enclenchée depuis le 1er septembre 2020, puis reconduite pour six mois à compter de mars 2021, le programme de rachat des titres initié par la Beac, en réponse aux conséquences économiques de la pandémie du coronavirus, vise à procurer jusqu’à 600 milliards de FCFA de financements aux États, à raison de 100 milliards de FCFA par pays. Pour bénéficier de cette manne, il faut remplir certains critères. Concrètement, l’État demandeur doit préalablement émettre des OTA (titres de long terme) d’une maturité inférieure ou égale à 10 ans, avoir enregistré un taux de couverture de la demande d’au moins 50% au terme de l’opération, n’avoir pas rejeté plus de 5% des offres reçues des spécialistes en valeurs du Trésor (SVT), puis justifier de la participation à l’opération d’au moins trois SVT.
Si le montant du financement recherché n’est pas atteint par tout État de la Cemac déclaré éligible à cette facilité et remplissant les conditions ci-dessus, celui-ci peut alors solliciter la banque centrale pour déclencher son mécanisme de rachat des titres, afin de compléter l’enveloppe. La Beac se tourne alors vers les SVT ayant participé à l’opération, pour leur proposer de racheter immédiatement leurs titres à un taux d’intérêt négocié, s’ils souscrivent à la même opération à hauteur du montant restant, mais cette fois-ci au taux d’intérêt moyen pondéré obtenu au terme de l’opération initiale.
Mais, au regard de ce mécanisme jugé complexe par les habitués du marché de la Beac, le programme de rachat des titres sur le marché secondaire, bien qu’ayant concouru à doper le financement de certains Trésors publics, n’aura pas fait courir grand monde. Pour preuve, seulement 5,7% de l’encours des titres émis sur le marché de la Beac à fin mai 2021 ont été rachetés par la banque centrale sur son marché secondaire.
« Au lieu de ce procédé assez compliqué, il aurait été plus simple de racheter les titres détenus par les SVT à des taux incitatifs, afin de leur permettre d’avoir de la liquidité et pouvoir ainsi souscrire aux différents appels de fonds des États. Mais, on comprend bien que pareil procédé n’aurait toujours pas permis à certains États réputés risqués d’obtenir tout le temps la cagnotte recherchée sur le marché. C’est la raison pour laquelle certains vont jusqu’à penser qu’il s’agit d’un mécanisme mis en place surtout pour certains États, qui ont souvent du mal à lever les fonds sollicités sur le marché monétaire (RCA, Tchad et dans une certaine mesure la Guinée équatoriale, NDLR) », tranche un habitué du marché.
Source: Investir au Cameroun
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