Je ne suis pas sûr d’être la personne la mieux placée pour répondre à cette question. C’est plutôt aux opérateurs économique à y répondre. Nous venons de faire réaliser un documentaire sur les premières années des APE pour lequel de nombreux opérateurs, publics et privés, ont été interrogés. Leurs opinions laissent transparaitre une grande satisfaction générale. A ce jour, ainsi que l’a souligné le Directeur Général des douanes, 707 opérateurs, importateurs ou exportateurs ont pu profiter des avantages de l’APE, et ce nombre augmente continuellement.
Au salon PROMOTE, en février dernier, nous avons cependant constaté qu’ils sont encore trop nombreux ceux qui ne connaissent pas, ou connaissent mal, les avantages de cet accord de partenariat économique. C’est pour ça que nous avons fait réaliser le documentaire que vous allez pouvoir regarder dans des chaines de TV locales dans les tous prochains. Nous avons aussi produit une brochure qui explique, dans un style très concret, la substance de l’Accord et les moyens d’y accéder.
Mais nous devons continuer à renforcer la communication, notamment à travers le patronat et les différentes structures faîtières, y compris envers les petites et moyennes entreprises.
Nous constatons par ailleurs que malgré la crise COVID-19 et hors secteur énergétique, trop volatile, le commerce bilatéral entre le Cameroun et l’Union européenne continue à se développer, en volume et en valeur, mais surtout aussi en valeur ajoutée, ce qui signifie que le Cameroun exporte de plus en plus des produits transformés localement vers l’UE, créant ainsi de plus en plus d’emplois décents et durables.
Hors produits pétroliers, l’UE reste de loin le premier partenaire commercial du Cameroun, avec un solde commercial positif en faveur du Cameroun.
L’APE est bien plus qu’un simple accord de libre-échange, mais se veut un partenariat axé sur le développement durable du Cameroun, qui se matérialise à travers divers programmes d’appui à l’intégration économique régionale et au renforcement de la compétitivité et de la résilience du secteur productif du Cameroun.
Certains économistes signalent des pertes énormes – recettes douanières – pour le Cameroun. Que répondez-vous à ceux-là ?
Il faut pouvoir mettre les choses en perspectives. D’abord en valeur absolue, le montant des pertes, qui augmente bien sûr d’année en année avec les avancées dans le démantèlement tarifaire graduel jusqu’en 2029, peut être estimé cette année à +/- 10 à 12 milliards de FCFA, soit moins que 0,25% des recettes de l’Etat.
Mais au-delà de cette donnée brute, il faut prendre en compte les effets indirects du démantèlement tarifaire : la maîtrise des prix à l’importation, et pour ce qui concerne les biens intermédiaires qui entrent dans la production locale, une baisse des coûts de production, une augmentation des marges bénéficiaires et de l’emploi ; et donc de la croissance et des recettes fiscales non-douanières. Une étude sur l’impact fiscal net, prenant en compte ces effets indirects, est en cours.
Par ailleurs, l’UE a déjà fait de multiples propositions pour accompagner l’Etat, d’une part dans la passation d’une fiscalité de porte vers une fiscalité domestique qui crée moins de distorsions de marché, et d’autre part dans l’élargissement de son assiette fiscale, notamment en formalisant une partie du secteur économique informel semi-industriel et à travers l’introduction d’une fiscalité plus incitative et plus verte.
Certains journaux de la place ont aussi allégué que les produits camerounais sont, de plus en plus, refoulés aux portes de l’Europe. Est-ce que c’est exact ? Si oui, pour quelles raisons ?
La rumeur continue en effet à circuler, comme quoi certains produits sont interdits d’importation sur le marché européen, y compris dans votre journal, ce qui est absolument faux.
Il est vrai que dans le cadre de la lutte contre le changement climatique et pour la protection du consommateur européen, les règles sanitaires et phytosanitaires et les règles de soutenabilité des produits présentés sur le marché européen se durcissent avec le temps, notamment en matière d’utilisation de pesticides, mais il s’agit ici de mesures universelles, qui s’appliquent à tous les producteurs, qu’ils soient européens ou du reste du monde. Ces mesures sont tout à fait indépendantes de l’APE.
Par contre, l’APE se voulant un instrument développemental, il est prévu des mesures d’accompagnement, notamment à travers le COLEACP, pour accompagner les producteurs qui auraient des problèmes à s’adapter aux nouvelles normes et règles. Il n’y a pas de fatalité, et tous les producteurs peuvent y parvenir.
Oui, il arrive en effet de temps à autre, que des petits lots de produits soient refoulés pour non-respect des normes sanitaires ou phytosanitaires, mais cela est plutôt rare et porte sur une infime proportion des produits exportés et ne touche, en aucun cas, des catégories entières de produits. Et lorsque ce type de problèmes sont signalés, des mesures correctives peuvent être rapidement prises.
Bien sûr que le Cameroun peut et sait exporter des mangues, papayes, goyaves, poivrons, aubergines, tomates ou tout autre fruit ou légume sur le marché européen, pour autant qu’il s’agit d’une production compétitive en qualité et prix, comme le Cameroun le fait déjà massivement pour la banane, le café ou le cacao ou ses produits dérivés. Rappelez-vous qu’il y a quelques mois l’UE a même octroyé une appellation géographique d’origine au Poivre de Pendja qui épice les meilleures tables d’Europe !
Source : Ecomatin
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