Bitcoin : est-ce vraiment le moment d’investir ?

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Ce dimanche 3 janvier 2021, suite à un bond sans précédent de 20 % en 72 heures, le bitcoin a atteint une valeur record de 34.792 dollars, soit 28.3 euros. A peine le record atteint que le bitcoin a dégringolé avec la même ampleur, pour remonter à 32,474.68 dollars deux jours après.

La cours du bitcoin avait déjà flambé tout au long de l’année 2020 : en décembre, il avait atteint le nouveau record de 19.956 dollars, le cours le plus haut de cette monnaie virtuelle qui détrônait son précédent sommet de décembre 2017 à 19.783 dollars, selon l’indice de prix Coindesk.

Pour son premier cours connu, en 2010, un bitcoin valait moins d’un dollar. Et début 2017 il s’échangeait pour environ 1.000 dollars, avant de s’envoler en fin d’année et d’enregistrer une rentabilité annuelle de 1.303 % ! De quoi faire rêver les amateurs de placements financiers et attirer les personnes désireuses de voir leur patrimoine croître en quelques clics.

C’est le cas d’Erwin Figay, 28 ans, dont l’attention a d’abord été captée par les conseils de ses amis détenteurs de bitcoin. « J’ai commencé à me renseigner, à regarder l’évolution du cours du bitcoin, ça ressemblait à une bulle donc je me suis que j’allais essayer de prendre la vague tant que les cours montent ». En décembre 2017, ce diplômé d’un master Finance investit donc environ 2.500 euros dans quelques centimes de bitcoin. Son constat était en partie juste : il y avait bien une bulle autour du bitcoin à cette époque, mais il était trop tard pour « prendre la vague ». Quelques jours plus tard le cours s’effondre. Le prix d’un bitcoin passe de près de 20.000 dollars à 13.500 dollars en deux semaines. En novembre 2018, son prix passe même sous le seuil des 3.500 dollars.

Volatilité extrême

« C’est un actif particulièrement volatile, on voit des écarts-types entre le point le plus haut et le point le bas, qui sont démesurés ! », explique Charlotte Thameur, directrice conseil de Yomoni, une fintech de gestion d’épargne en ligne. Cette start-up ne propose aucun portefeuille d’investissement comportant des bitcoins, en raison des fortes fluctuations du cours et du cadre légal et fiscal autour des cryptomonnaies qui laisse encore des zones d’ombre.

Beaucoup de facteurs peuvent expliquer la volatilité du bitcoin : sa nouveauté sur les marchés (10 ans), sa rareté (le nombre de bitcoins en circulation est limité à 21 millions d’unités), il repose sur une technologie dite révolutionnaire (la blockchain) dans laquelle certains mettent beaucoup d’espoir. Mais il n’est contrôlé par aucun régulateur institutionnel ni échangé sur un marché officiel (contrairement aux devises comme l’euro ou le dollar). Autant d’ingrédients qui rendent cet actif hautement spéculatif !

La valeur d’un bitcoin ne dépend que du prix auquel les investisseurs sont prêts à l’acheter, contrairement à d’autres produits financiers, comme les actions d’entreprise par exemple dont les cours varient en fonction de ses résultats, de ses choix stratégiques, des perspectives du secteur, du contexte macroéconomique…

Dans son métier d’analyste crédit, Erwin Figay est chargé d’étudier la situation financière de clients qui souhaitent s’engager financièrement sur le long terme. « J’ai reçu un jour un avis d’imposition dans lequel le client avait déclaré une plus-value énorme d’un million d’euros, et on m’a dit qu’elle avait été réalisée quasi intégralement sur du bitcoin », raconte-t-il encore stupéfait.

Un moindre élément peut donner confiance aux investisseurs dans le bitcoin et faire grimper son cours. Par exemple le 12 octobre dernier, la Banque centrale européenne a annoncé le lancement d’une consultation publique sur la création d’un « euro numérique » , une monnaie virtuelle commune à la zone euro. Le prix de la cryptomonnaie a bondi de 77 % depuis cette date. Cette annonce de la BCE n’est, néanmoins, pas des moindres. Elle pourrait ouvrir la voie à la généralisation des monnaies virtuelles, ce qui pourrait constituer une reconnaissance officielle des cryptomonnaies, et ainsi les rendre plus stables, selon Charlotte Thameur de Yomoni.

1 bitcoin = 500.000 dollars ?

« Le potentiel de performance attendu pour 2021 est très élevé », rapporte Charlotte Thameur. Certains analystes anticipent un cours atteignant 65.000 dollars. D’autres, se basant sur les cycles du bitcoin le voient dépasser les 100.000 dollars d’ici deux ans. Tom Fitzpatrick, stratège chez Citigroup, anticipe un niveau de 100.000 à 318.000 dollars en décembre 2021. Et pour Dan Morehead, PDG de Panthera Capital, le bitcoin dépassera les 500.000 dollars en 2021.

Charlotte Thameur met néanmoins en garde les potentiels intéressés sur les réalités de l’investissement dans le bitcoin : « C’est extrêmement risqué, l’investisseur peut tout perdre, il faut en être conscient, et ne pas mettre plus de 5 % de son patrimoine financier ». Elle ajoute que sur du « très long terme », le bitcoin peut être rentable, comme il l’a été par le passé. « Il faut avoir le coeur bien accroché pour supporter la volatilité et ne pas craquer lorsque la valeur dévisse de 30 % ou 40 % », prévient-elle.

Cela ne correspond pas à tous les profils d’investisseurs, même le directeur général du fonds d’investissement Softbank a préféré vendre ses bitcoins personnels à cause de sa volatilité, et après avoir enregistré une lourde perte.

Erwin Figay avait de son côté presque perdu espoir de revoir ses 2.500 euros investis. « Je ne regardais même plus le cours ! Finalement le prix est remonté, il a dépassé celui auquel j’avais acheté et dès que j’ai vu un signe de faiblesse, une légère variation à la baisse, j’ai vendu ! ». Il a réussi à en tirer une légère plus-value, mais déconseille néanmoins d’investir dans un tel actif. « C’est le casino, on ne sait pas ce qu’on va gagner (ou perdre) et je suis très sceptique par rapport aux prévisions de rentabilité », affirme-t-il.

Prudence également quant aux « offres frauduleuses qui s’engouffrent dans la brèche », prévient Claire Castanet, la directrice des relations avec les épargnants et de leur protection au sein de l’Autorité des marchés financiers. Elle raconte : « Après la flambée des cours fin 2017, nous avons reçu énormément d’appels de personnes qui ont été victimes d’arnaques ». Parmi les plaintes reçues par l’AMF en 2019, les escroqueries liées au bitcoin étaient même la principale source de déclaration de perte des épargnants.

Progressivement, la réglementation de ces nouveaux actifs se met en place. En France, la loi PACTE de mai 2019 sur la croissance et la transformation des entreprises est un premier élément d’encadrement. « A partir du le 18 décembre, toutes les plateformes proposant aux clients résidant en France de l’achat et de la vente de bitcoins ou la conservation de crypto-actifs devront être enregistrées auprès de l’AMF », détaille Claire Castanet à l’AMF.

L’AMF recommande donc une extrême vigilance dans l’achat de bitcoin : bien choisir sa plateforme en regardant ses listes d’acteur à éviter ou à privilégier, se situer dans une logique de diversification de son épargne et avoir bien conscience des risques.

En résumé, avant d’investir dans le bitcoin il faut bien se souvenir de la principale règle en investissement : plus le rendement potentiel est élevé, plus le risque l’est aussi.

Juliette Vilrobe

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