Depuis plus d’une décennie, le Maroc, l’Égypte et la Tunisie ont choisi de se positionner en tant que composantes majeures des corridors d’infrastructures numériques en Afrique afin d’introduire la transformation digitale dans l’évolution de leurs industries ainsi que d’autres secteurs. En ce sens, le Policy Center for the New South a mis la lumière sur l’importance de cette transformation numérique au niveau des politiques sectorielles des trois pays, tout en donnant la priorité au secteur manufacturier à travers une note qu’il a récemment publiée.
Au cours de ces dernières années, les différents programmes élaborés par l’Union Africaine et l’Union Européenne ont donné une importance particulière au numérique, à la digitalisation, à l’innovation et notamment à l’industrialisation. Selon une note “Policy paper”, tirée du 7ème chapitre “Digitalise to industrialise: Égypte, Maroc, Tunisie et le partenariat Afrique-Europe” rédigé par Karim El Aynaoui, Larabi Jaïdi, Akram Zaoui, extrait du livre “Africa-Europe Cooperation and Digital Transformation”, coédité par Chux Daniels, Benedikt Erfoth et Chloe Teevan, “l’Égypte, le Maroc et la Tunisie ont tenté, avec plus ou moins de succès, de refondre leurs écosystèmes numériques, leurs politiques d’innovation et leurs stratégies industrielles”.
Les rédacteurs du chapitre soulignent que “la révolution numérique apporte en effet de nouvelles transformations et de nouveaux défis au secteur industriel avec l’émergence de nouvelles technologies transformatrices telles que l’Internet des objets (IoT), l’intelligence artificielle (IA), la robotique et la fabrication additive (impression 3D)” et ajoutent que “les processus de fabrication et l’organisation de la production, notamment au sein des chaînes de valeur mondiales (CVM), connaissent déjà des changements”.
Pour le PCNS, la révolution numérique constitue à la fois une opportunité et une menace potentielle pour l’Égypte, le Maroc et la Tunisie. La numérisation peut aider les industries à accroître leur productivité et à mieux répondre aux tendances émergentes et aux besoins des clients grâce à l’amélioration de leurs propres processus. Si les industries nord-africaines atteignent des degrés plus élevés de numérisation, elles peuvent renforcer leur compétitivité et la position favorable dont elles bénéficient déjà pour l’exportation et la participation aux chaînes de valeur, compte tenu de leur proximité géographique du marché et du tissu manufacturier de l’UE, a-t-il affirmé.
Les auteurs précisent que « les questions digitales sont l’un des cinq domaines de partenariat clés proposés dans la stratégie globale de l’UE avec l’Afrique« . Toutefois, ils insistent sur le fait que la digitalisation du secteur manufacturier devrait être davantage privilégiée tant en Égypte, au Maroc et en Tunisie que dans les discussions entre l’UE et ses partenaires africains, qui devraient assurer un meilleur financement à ces secteurs manufacturiers nord-africains pour leur projets de transformation numérique, en distinguant entre les deux composantes, notamment le capital-risque et les politiques industrielles. « L’industrialisation, qui est la voie privilégiée par les trois pays d’Afrique du Nord pour assurer la transformation structurelle, devrait être soutenue par des politiques numériques et industrielles intelligentes« , recommandent-ils
D’après la note, les politiques industrielles dans le monde entier doivent maintenant être revues pour relever les défis posés par les nouvelles technologies. Les politiques devraient encourager la poursuite de la numérisation du secteur privé industriel. « Le soutien de l’UE au secteur manufacturier de ses voisins du Sud s’est déjà concrétisé par le passé, mais il doit être approfondi, élargi et affiné, notamment en ce qui concerne la numérisation« , lit-on dans le document. Au niveau africain et dans le cadre du partenariat UA-UE, « nous préconisons des synergies plus fortes entre les différents niveaux d’engagement pour soutenir l’établissement et le renforcement des chaînes de valeur régionales« , notent les auteurs.
Selon les rédacteurs du PCNS, le Maroc, l’Égypte et la Tunisie ont la possibilité de renforcer leur intégration dans le tissu industriel européen, ce qui pourrait passer par une meilleure inclusion dans les initiatives, programmes et stratégies européens relatifs aux infrastructures, à la fabrication et à la recherche et l’innovation (R&I). La numérisation des industries nord-africaines peut ainsi jouer un rôle très important dans la réalisation de cet objectif fixé par les trois pays africains.
Source: hespress
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